Quand t'es blasé parce que ta vie de bohème te mène à des déceptions d'amour, des déceptions d'ennui, des trop-plein-de-bière, des trop-plein-de-blase, eh bien tu écoutes Is This It.

Non pas que cet album soit FONDAMENTALEMENT exceptionnel. Les solo sont normaux, les riffs simples, les structures basiques... Is This It ne suinte pas le chef d'oeuvre, et j'en ai rien à carrer du contexte historique dans lequel il est apparu. J'ai passé un sacré paquet de temps à chier sur The Strokes.
Un sacré paquet de temps ouais.
Mais Is This It, c'est l'anti-spleen ultime. Justement parce qu'il est simple et évident, parce que la batterie est linéaire et monotone, parce que le groove est rudimentaire, parce que le chant est beaucoup trop en avant, parce que rien ne brille particulièrement. Du coup, cet album ne te file aucun complexe d'infériorité. C'est toi, fan de rock, adolescent, naïf. Tout ça, mais en un tout petit peu mieux. Un tout petit peu.

Et même avec ta vie de petite frappe un peu trop romantique, qui boit un peu trop souvent, qui se lamente un peu trop facilement, ben tu pourra jamais être aussi cool qu'un Julian Casablancas perdu dans New-York.

"I'm just tryin to get to your appartement"
"I can't think cause I'm just way too tired"
"You drink too much, it makes me drink just the same"
"No girlfriend, they can't understand"
"I don't see it that way.."
"I swear today I'm gonna leave this town"

Et même si tu te sens le mec le plus abandonné du monde dans ta ville, le plus tragiquement lassé par les habituelles frasques urbaines alcoolisées, ben tu pourra jamais être aussi blasé qu'un Julian Casablancas titubant dans New-York.

Et ça te réconforte.