J’ai découvert OFFSPRING à l’époque d’Americana et Conspiracy, deux disques tout à fait déterminants dans ma construction musicale. Je les badais grave et pourtant, lorsque je parlais à d’autres un peu plus âgés que moi, pas beaucoup, deux-trois ans tout au plus, je me faisais renvoyer à mes études sur le mode "OFFSPRING c’est Smash, éventuellement Ixnay, après ça craint du cul". Ensuite, il y a eu Splinter et je peux te dire que ça a été à mon tour de dire "mais c’est quoi ce bordel, ça craint ! OFFSPRING c’est mort, fuck !".

Quelques temps après, pas longtemps, deux-trois ans tout au plus, des jeunots ont eu le culot de venir me dire que Splinter, c’était de la balle ! Alors, je leur ai dit "nawak, c’était mieux avant ! Les mêmes jeunots qui, soit dit en passant, ont été les premiers à chier sur Rise and fall alors que d’encore plus jeunes n’attendaient que "You’re gonna far, kid" quand j’ai vu le groupe en concert – je te jure ! Bref, après ces quelques années de recul, j’ai compris un truc tout à fait singulier chez la bande à Dexter : ils arrivent à modifier légèrement leur recette pour coller à la génération qui remplace la précédente disque après disque. En un sens, ils restent jeunes dans leur musique, je crois que c’est très rare.

Alors, maintenant que j’ai compris ça et que de l’eau a coulé sous les ponts, que penser de Splinter ? Ben qu’en effet c’est pas si mal. C’est un disque assez ramassé, qui sait faire du rentre-dedans tout en allant aussi vers des choses beaucoup plus conciliantes et même vers quelques délires qui valent ce qu’ils valent mais qui se défendent (même l’ovni qui clôture l’album, j’ai fini par y trouver quelque intérêt). J’aime bien l’entrée dans le disque, mais aussi le côté clutch qu’il peut avoir à plusieurs reprises ensuite. "(Can’t get my) Head around you" c’est du très bon OFFSPRING, enlevé comme on l’a toujours aimé. "Spare me the details" est un super morceau dans leur veine relax tandis que d’autres titres donnent envie de sortir la planche (et ça suffit bien). J’avoue un petit faible pour le bas du front "Da Hui".

Bien sûr, je lui préfèrerai toujours les quatre albums qui le précèdent, parce qu’ils m’ont parlé au moment où c’était nécessaire. Et puis je reste convaincu qu’objectivement ils sont meilleurs. Mais Splinter s’écoute bien, malgré quelques passages avec lesquels je ne me réconcilierai jamais vraiment. Il passe avec l’allure d’un ride sur un putain de rouleau, c’est peut-être même formellement le disque le plus punk de la bande (si on enlève les considérations sur le commerce s’entend). Bref les jeunes ont souvent raison et je me range à cette considération, qu’il m’est évidemment plus simple de verbaliser maintenant qu’à l’époque : si tu trouves qu’OFFSPRING devient naze, c’est probablement un signe que tu deviens vieux.