Qu’il est difficile pour moi de m’exprimer sur Eye To The Telescope ! Cet album est le tout premier album que j’ai acheté avec l’argent de poche longuement accumulé, le premier que j’ai écouté en boucle et en boucle, à me laisser hypnotiser par la belle voix de Katie TUNSTALL et par les incroyables mélodies entre pop et folk de la belle écossaise. Comment voulez-vous que j’essaye d’être objectif quand chaque note, chaque accord et chaque mot sonne familier et résonnera à jamais dans mon esprit comme une initiation au monde merveilleux de la musique ?

Enfin, essayons tout de même. Quand Eye To The Telescope sort fin 2004, KT a déjà presque 30 ans : l’écossaise a de l’expérience scénique et cela se ressent dans tous les morceaux dont émanent une fraîcheur couplée à un professionnalisme impressionnant pour un premier album. On reste tout de même ici dans une instrumentation classique de la mode des chanteuses-auteurs-compositrices qui fleurirent dans les années 2000s à l’image de Norah JONES, Sandi THOM ou de Katie MELUA.

Mais contrairement à la plupart de ses consoeurs artistiques, KT a dès le départ une spécificité qui la faisait se détacher de la masse : là où certaines, comme DIDO, s’arrêtaient à une pop/folk dans la veine de Sheryl CROW, voire même de Bob DYLAN, TUNSTALL a su insuffler dans une grande partie de ses compositions une énergie rock, une dynamique qui offre à la guitare une place bien plus importante sur l’album.

Impossible de ne pas évoquer à cet égard « Black Horse And The Cherry Tree », LE tube qui aura permis à TUNSTALL d’être placée sous les feux des projecteurs et de percer comme l’artiste révélation de 2005 : riffs nerveux, chœurs omniprésents, et une voix on ne peut plus rock qui se mêlent dans un maelstrom d’énergie, le morceau avait tout pour être un succès et n’a pas pris une seule ride depuis presque une décennie.

Alors certes, ce premier album n’est pas parfait et il pêche par sa structure qui enchaîne en son centre trois morceaux lents, « Silent Sea », « Universe & U » et « False Alarm ». Chacun d’entre eux est individuellement de bonne facture, particulièrement le second, mais la combinaison des trois à la suite donne un coup de mou à l’album, au risque de perdre les écouteurs lassés par un rythme trop lourd.

Mais cela n’empêche Eye To The Telescope de mériter une place parmi les meilleurs albums de 2004/2005 : « Suddenly I See », rendu célèbre par son ouverture de l’adaptation au cinéma de « The Devil Wears Prada », est également un morceau qui floue les limites entre pop, rock et folk au sein d’un véritable hymne dont le refrain entraînant et le superbe pont ont de quoi se graver à jamais au fond de soi... Et je n’ai pas encore parlé de l’émotion prodiguée par « Other Side of The World », du crescendo toute en retenue d’« Under The Weather », des paroles réconfortantes de « Heal Over » ni même du splendide piano-voix mélancolique de « Through The Dark »,...

Tiens ? J’ai déjà largement dépassé les limites que j’aurais voulu m’imposer... Tant pis, on ne parle pas de son premier album tous les jours. Et si vous aimez la pop, la folk, ou les chanteuses au charisme scénique et à l’authenticité exemplaires, n’hésitez-pas à donner une chance à cette artiste unique !