Le passage du deuxième album studio est encore et toujours une épreuve redoutée par tous les artistes qui ont connu le succès avec leur première oeuvre. Et c’est exactement la situation dans laquelle KT se retrouve pour Drastic Fantastic, attendue au tournant pour savoir si elle n’était qu’une « one-hit wonder » ou si elle avait la capacité de devenir une artiste importante sur le long terme.

La couverture scintillante donne le ton de cet album qui sera plus rock mais toujours aussi pop, mettant au second plan l’aspect folk qui prédominait sur Eye To The Telescope mais reste présent en filigrane tout au long de l’album (notamment sur « White Bird », hommage probable au « Blackbird » des BEATLES). Et en effet, KT a décidé de mettre l’emphase sur les guitares, acoustiques comme électriques qui dialoguent sur quelques merveilles pop/rock comme « Saving My Face » ou « Funnyman » qui se permettent le luxe d’avoir des paroles travaillées et touchantes. Et comment ne pas évoquer « Hold On », single de l’album, sur lequel riffs énergiques se mêlent à la voix rock de KT pour créer un hymne frénétique et puissant, même s’il ne parvient pas à reproduire l’immédiateté de « Black Horse And The Cherry Tree ».

Les ballades ne sont pas non plus mises de côté et c’est la lente et envoûtante « Beauty Of Uncertainty » qui incarne le mieux les capacités de la compositrice écossaise à créer des gemmes vibrantes d’émotion dans lesquelles chaque instrument se fond pour procurer un sentiment de plénitude musicale rare. Les deux morceaux suivants « Someday Soon » et «Paper Aeroplane » ne parviennent pas à recréer cet instant de grâce mais restent des compositions poétiques plus qu’agréables qui concluent tout en douceur l’album.

Mais là où le bat blesse, c’est dans la structure et le rythme de l’album qui sont malheureusement déséquilibrés : placer côte à côte « Little Favours » et « If Only » , dans une veine pop/rock énergique très proche, passait encore. Mais, quand on enchaîne le passage de « Funnyman » à « Saving My Face », soit cinq morceaux mid et up-tempo très énergiques, aux trois lentes ballades finales (« Beauty of Uncertainty », « Someday Soon » et « Paper Aeroplane »), on se retrouve dans une situation presque bancale. La sauce montait et les morceaux s’enchainaient à un rythme effréné quand l’énergie redescend trop soudainement et laisse l’auditeur circonspect sur le choix de l’ordre des morceaux.

Drastic Fantastic est donc un album de qualité, empli de compositions intelligentes et rythmées, desservi par un malheureux choix de structure qui nuit grandement à la cohérence de l’album. KT confirme ici le potentiel qu’elle avait laissé entrevoir sur son premier album, bien qu’elle ne parvienne pas encore à aller au bout de celui-ci.

Note finale : 3.5/5, qui aurait facilement pu devenir un 4/5 si la tracklist avait été plus équilibrée