Etonnant. Je me rends compte en regardant la biographie de la Louise que seulement 5 années ont séparé cet album du précédent. J’aurais juré qu’il y avait eu bien plus, tant je me rappelle que le groupe était revenu de nulle part. On pensait qu’ils étaient passés à autre chose, TARMAC et ALI DRAGON. Mais ce disque arrive ; est-il encore du LOUISE ATTAQUE ? Premières écoutes déconcertantes. Un autre son, d’autres atmosphères. Pas grand-chose à voir avec les deux premiers disques, qui étaient fait du même bois. Ce qui était sans doute l’explication rétrospective à la séparation des quatre musiciens.

Et puis, un jour, j’ai compris cet album. Je m’en souviens parfaitement, car c’est une expérience que l’on ne fait pas tous les mois. C’était lors de mon premier road-trip en solo. J’étais parti de chez moi en début de soirée pour plusieurs heures de route. Seul au volant de ma caisse, je traversais en milieu de nuit le Lot en écoutant quelques disques, parmi lesquels il y avait ce Crocodile qui m’avait à moitié convaincu jusqu’ici mais qui m’a sauté aux oreilles ce soir-là.

Donc voilà le conseil si tu veux pleinement profiter de cet album : attends d’être seul avec lui aux heures obscures puis trouve-toi de bonnes conditions d’écoute. Tu verras que même les titres que tu trouvais chiants prennent vie devant toi et te transportent ailleurs. Un songe amène à un voyage qui ouvre sur une méditation et ainsi de suite. Trois, disons quatre, ambiances principales alternent de cette manière. Ce qui, lorsqu’on se rappelle les premiers albums qui n’en proposaient qu’une, est clairement une avancée pour le groupe. De même que le travail sonore qui est d’un tout autre niveau.

Comme quoi faire une pause, s’aérer ailleurs, peut faire le plus grand bien. Evidemment il faut que le public se fasse à cette idée du changement et trouve sa porte d’entrée. Mais lorsqu’on finit par pénétrer dans cette maison, je te garantis qu’on y est aussi bien que dans celle où Louise habitait avant. On peut y être au calme comme y faire la fête. Partager avec les habitants ou s’isoler, danser et dormir. Y vivre un petit moment hors du temps. Comme dans cette maison en Aveyron où j’ai fini par arriver, à laquelle je pense toujours en écoutant ce disque, des années après cette nuit initiatique.