Comme un goût d'inachevé. L'impression que LOUISE ATTAQUE s'est éclipsée sans nous dire au revoir, nous laissant en guise de testament un album indigne de son talent et de sa carrure. Et voici que le groupe nous revient. Pas un vrai retour non, juste un petit coucou comme ça, en passant. Ce goût amer traîne toujours dans la bouche, alors que l'on se remémore les méfaits de Robin Feix avec Poney Express, ou l'indigence de l'album solo d'un Gaétan Roussel qui, tout de même, vaut bien mieux que son tube faiblard « Help myself ».

Voilà donc que cette chère Louise sort de sa léthargie, à l'occasion d'un best-of prévu pour novembre. Pour l'accompagner, les compères décident de ressortir des tiroirs poussiéreux un inédit, Snark, composé alors que le groupe venait tout juste de se former. Mais surtout, et c'est là l'objet de cette chronique, le quatuor a décidé d'y ajouter un morceau tout beau tout neuf, « Du monde tout autour ». Un morceau sans prétention, mais qui nous confirme que décidément, LOUISE ATTAQUE nous manque !

Car ce rock tantôt électrique, tantôt acoustique, au violon dansant et à la batterie sur-vitaminée, reste (et restera probablement encore longtemps) une curiosité dans le paysage musical français. Un discret passage à Taratata et quelques concerts ne suffiront pas à rassasier les nombreux amateurs d'une formule qui, 14 ans après la sortie du premier album du groupe, reste d'une efficacité sans faille. « Du monde tout autour » ne retourne pas tout à fait au début de l'histoire de LOUISE ATTAQUE, mais pourrait s'intercaler quelque part entre Comme on a Dit et A Plus Tard Crocodile. Celui-ci se voit évoqué uniquement (fort heureusement) par la présence d'une guitare électrique ronde et gouleyante, assénant en boucle son riff lancinant. Du mésestimé deuxième album du groupe, on retrouve ces ambiances plus sages et « sérieuses », quelque part entre « L'intranquilité » et « Justement ». Il fait bon passer quelques minutes à retrouver cette voix assagie mais toujours si unique de Gaétan Roussel, ou le violon aux mélodies finement ciselées d'un Arnaud Samuel qui ne fait malheureusement que peu parler de lui.

« Du monde tout autour », s'est un peu le genre de titre que l'on aurait été en droit d'attendre au menu du troisième album du groupe, en lieu et place de l'abominable A Plus Tard Crocodile. Car sans vraiment rentrer dans le rang ou s'auto-maîtriser, ce morceau montre un groupe mûr et parfaitement en place, mû par une soif de rock chiadé et percutant. Le sens profond des paroles, toujours opaques, reste un mystère, mais entre un refrain efficace et un break au violon étincelant de talent, il y a la matière à savourer.

Et tout cela pour un retour temporaire donc... LOUISE aime les adieux déchirants. « Du monde tout autour » constitue en tous cas un morceau de grande classe, qui séduira les nostalgiques d'un temps ou le rock français avait connu sa plus grande révolution. Alors écoutez-le en boucle, ressortez les précédents albums du groupe, puis faites-vous une cure de Manau et Matmatah. Vous verrez, cela fait un bien fou !

3,5/5

Le clip sur Youtube : http://www.youtube.com/watch?v=OPeEsXupl9s