Et voilà, la new-wave chez ULTRAVOX c'est fini. Le groupe de Midge Ure, après avoir viré de manière peu élégante Warren Cann, prend le large, direction les terres alors « in » de l'arena rock, flirtant même avec le rock FM par moments. Tout cela est synthétisé dans U-Vox, le huitième et dernier album d'ULTRAVOX – enfin, avant un bon moment.

Au vu du caractère de pionnier d'ULTRAVOX, et surtout des perles qu'il a offertes par le passé, le changement prend des allures de chute. Comment un groupe peut-il sortir des chansons aussi basiques et peu romantiques, avec une prédominance de la guitare ? La réponse est tout simplement qu'ULTRAVOX n'a pas voulu stagner ni se reposer sur ses lauriers, et a voulu changer. Alors oui, le résultat ne pourra jamais tutoyer Lament, Rage in Eden ou bien sûr Vienna, mais tout de même, U-Vox aurait fait une bonne transition.

Parmi les grands moments du disque, le premier qui vient à l'esprit, curieusement, est l'intrus de service, à savoir "All Fall Down". Cette collaboration avec les légendaires Chieftains est formidable, presque digne du répertoire classique celtique. L'apport du batteur Mark Brzezicki, également membre de Big Country, et les origines écossaises de Ure y sont pour quelque chose. D'autres perles, bien arena rock, circulent sur U-Vox, comme l'entrainant "Time to Kill", et surtout le superbe "Moon Madness", aux allures de tube. Dans une moindre mesure, "Sweet Surrender", aux allures de U2 de supermarché (pléonasme) s'écoute et emporte malgré un refrain passablement lourd. Et impossible de parler de U-Vox sans évoquer "Dream On", soit le pont liant l'album à ses prédécesseurs, doublé d'un mid-tempo majestueux.
En revanche, d'autres morceaux sont clairement mauvais. Dans le collimateur sont placés en premier lieu "All in One Day", sorte de pensum symphonique inutile, et "The Prize", banal et ennuyeux, et déjà fait mille fois par des groupes mille fois moins doués.

U-Vox a eu mauvaise presse, mais ne le mérite pas tant que ça. Pour aimer cet album (du moins les meilleurs morceaux), il faut savoir apprécier le changement et les tournures plus rock. Cela ne suffira pas toutefois, pour en faire un album génial. Quoiqu'il en soit, ce sera le dernier album avant les années 90, qui verront apparaître un ULTRAVOX radicalement différent, celui-ci.