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The CRAMPS - A Date With Elvis (1985)
Par NOSFERATU le 21 Avril 2017          Consultée 2306 fois

La première fois que j’ai entendu les CRAMPS, ce sont d’abord les vocaux lycanthropiques de leur leader, le très déjanté Lux Interior qui me marquèrent. On aurait dit un "teenage caveman" en rut se métamorphosant en lubrique loup garou. Ensuite, cette fameuse gratte de la très sexy Poivon Ivy, moulinant des riffs rockabilly revisités par le psychédélisme des années 60. Mais c’est surtout sur scène que le duo manifestait sa folie. Il y avait en effet du spectacle avec Lux dont le jeu scénique tournait autour des exactions de l’iguane des "early seventies" se rapprochant même, par moments, des outrages gores de GGALLIN.

Car le but avoué des CRAMPS, c’était de synthétiser Carl PERKINS et SHADOW OF KNIGHT, donc la fusion rockab fifties et garage sixties ultime, rejetant radicalement leur époque, ces seventies qu’ils trouvaient trop mornes (à part peut-être leur pote IGGY, çà devrait plaire à l’ami Long John Silver, tiens ce détail !) Loin d’un revival retro qui commençait à poindre en cette fin tapageuse des années 70, les CRAMPS créaient alors un univers sonore bien à eux avec l’esthètique allant de pair (comics underground, pin ups poitrinaires faisant passer Jayne Mansfield pour Jane Birkin, "horror movie" bis genre "the flying saucer men"…). A partir d’anciens matériaux, ils en créaient ainsi un nouveau qui influencera autant les suiveurs du psychobilly (METEORS en tête) que le hardcore des MISFITS, le métal des WHITE ZOMBIE, le swamp rock de BIRTHDAY PARTY, le rock high energy des SCIENTISTS, le goth d’ALIEN SEX FRIEND ou le noise rock d’un PUSSY GALORE, voire le shoegazze de JESUS AND MARY CHAIN.

Le premier, le chef d’œuvre "Songs from the lord taught us" dévoila le projet des CRAMPS : Revenir ainsi à l’esprit rock des années 50 en le trempant dans la fournaise des STOOGES, surtout avec l’inquiétant guitariste luciférien Bryan Gregory. Leur second, "Psychedelic jungle" comme son nom peut l’indiquer, était une véritable plongée dans un rock vaudou marécageux bien moite dont l’écoute ferait ramper l’aigle blanc à une prochaine party. La pochette de l’objet de cette chronique montre Poison Ivy avec une perruque blonde posant langoureusement (de quoi faire exploser l’érectionnomètre de l’ami Erwin) et le titre éponyme est une référence affichée au roi du rock'n'roll, du moins d'un de ses disques de 1959. C’est la Poison qui s’attelle de même à la production de cette oeuvre plutôt bigarrée. Car ce troisième album déroge légèrement à la rêgle.

On retrouve certes la recette des précédents méfaits soniques (SONICS ?)mais l’extrèmisme est cependant un peu en veilleuse. Il y a toujours les fameux aboiements hyperboliques de l’ami Lux, ses envolées vocales répétitives à la fois grotesques et sublimes, (les très lettristes "ooh la la", "uh uh", "whoa" et autres "wooee"), ces fameux hoquets lascifs qui feraient émoustiller n’importe quelle chroniqueuse de Forces Parallèles (si, si, il y en a !), convoquant toute une saine ménagerie (le désopilant "Can your pussy do the dog ?").

Certains titres montrent toujours cette influence du rockab traditionnel avec toutefois une pointe d’ironie salvatrice marquée par une tension dévastatrice (Esprit d’HASIL ASKINS, es-tu là ?). On n’est pas chez les STRAY CATS quand mème ! C’est flagrant quand on écoute "How far can too far go" avec son intro fuzz déviante, "what’s inside the girl" (au fait, il y a quoi à l’intérieur d’une femme ?) et sa fin fracassante. "Aloha from hell" est le plus classique du lot, du moins dans sa construction. Et puis, il y a les morceaux où le rock'n'roll originel est violemment malmené. Sur "The hot pearl snatch" la batterie est tribale, la gratte grésille farouchement. Derrière ce rock fifties sautillant, on voit que Ivy a écouté un million de fois la reprise de "Come on everybody" de COCHRAN par le trio stoner BLUE CHEER.

Il y a aussi l’hilarant "People ain’t no good" avec ses chœurs enfantins, son refrain entêtant, ses sonorités surf space. En l’écoutant, on imagine Lux professeur des écoles au milieu des bambins … "Can your pussy do the dog ?" est bien catchy, la guitare semble désaccordée et se transforme progressivement en tuerie à la Ron Ashton. "Cornfed dames" sort du marais de la créature du lac noir nommé "Psychedelic jungle" mais le swamp rock se métamorphose rapidement en psycho allumé au territoire bien délimité. Le speedé "Hot pool of womanneed" sent l’influence des petits frères du GUN CLUB au niveau rythmique.

Au milieu de ce capharnaum, deux chansons se démarquent. "Kizmiaz" très sixties et très mélodique, finalement le must de l’album. Les vocaux sont quasi éthérés, avec Ivy dans les chœurs (wooh aallaa). N’oublions pas que le fameux couple était hippie en 69, enfin hippie tendance Charles Manson quand même, plutôt fans des messes noires de COVEN et du Shock rock d’ALICE COOPER. Ce titre ne dépareillerait pas en tout cas dans un disque du JEFFERSON AIRPLANE avec cette pointe très "années cinquantes". Et aussi "It’s just that song" qui sent bon la ballade fifties. Il ne faut pas omettre, en effet, que le disque est dédié à Ricky NELSON, grand crooner devant l’éternel du rock'n'roll de l’âge héroïque.

On est loin donc d’un revivalisme garage qui foisonne déjà dans ces eighties (avec les FUZZSTONES et autres THE MIRACLE WORKERS). A la réécoute, on mesure moins l’intensité païenne du premier disque mais un sacré moment orgiaque se dégage, avec toujours des moments de pure dinguerie.

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- Lux Interior (vocaux)
- Poison Ivy (guitare)
- Nick Knox (batterie)


- how Far Can Too Far Go?
- the Hot Pearl Snatch
- people Ain't No Good
- what's Inside A Girl?
- can Your Pussy Do The Dog?
- kizmiaz
- cornfed Dames
- chicken
- (hot Pool Of) Womanneed
- aloha From Hell
- it's Just That Song
- blue Moon Baby
- georgia Lee Brown
- give Me A Woman
- get Off The Road



             



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