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HARDCORE VINDICATIF  |  COMPILATION

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1984 First Two Seven Inches
 

1983 Out Of Step

MINOR THREAT - First Two Seven Inches (1984)
Par NOSFERATU le 4 Janvier 2023          Consultée 807 fois

A une époque, je pensais que ce disque était l’unique album de MINOR THREAT. C’est en fait une compilation, rassemblant l’intégralité des premiers E.P, le premier au nom éponyme, le second intitulé In My Eyes sorti en 1981, l’année de l’ouragan hardcore balayant la sordide Amérique reaganienne.
Le hardcore était la musique de tous les 'white kids' de banlieues pauvres ou moyennes des Etats-Unis, cherchant un exutoire électrique au contexte mortifère de la période, prolongeant le punk-rock mais s’attaquant aux gloires de ce dernier courant, trop embourgeoisées à leurs yeux. Le punk hardcore était ainsi éclectique, même si la doxa idéologique tournait, à l’origine, autour de discours vaguement anarchisants.
De même, le genre hardcore, musicalement parlant, était lui-même hétérogène. Des différences existaient ainsi entre POISON IDEA, défenseur d’un 'punk' n' roll' sauvage venu des caniveaux, de BAD BRAINS adepte d’une proto-fusion 'reggae-hard-punk', de BIG BLACK produisant un post-punk noisy ou de BAD RELIGION remettant au goût du jour l’axe mélodique 'buzzcokien/ramonesque'. Comme dirait un fan de la première heure, Lou Barlow (futur DINOSAUR JR et SEBADOH, jouant à l'époque alors dans les obscurs DEEP WOUND), il y a une formule pure de hardcore et ça n’est ni THE RAMONES ni du heavy métal.
MINOR THREAT représenta alors le symbole du hardcore de la côte est des States, plus précisément celui illustré par la scène activiste de Washington DC.

A l’origine, deux gamins perturbateurs et perturbés, Ian Mackaye et Jeff Nelson, fanatiques de skate et traînant dans divers gangs ultra-violents. Tous deux sont des fans de heavy metal, du genre de celui pratiqué par TED NUGENT, mais un concert dingue des CRAMPS se produisant dans une fac locale leur fait découvrir le 'graal de la musique', c’est-à-dire le punk rock. Adieu, les mélodies pompeuses de QUEEN, place à deux, trois accords mais pas plus, et retour à l’énergie originelle du rock' n' roll.
Les deux compères se jettent dans le bain et de spectateurs, ils passent rapidement aux armes en fondant TEEN IDLES, après avoir suivi aussi de très près les BAD BRAINS qui jouent encore plus rapidement que les RAMONES.
TEEN IDLES est réellement dans l’idéologie un groupe 'hardcore' primitif reprochant aux activistes de 77 de s’être corrompus avec le système. Musicalement, ce sont surtout des crachats électriques d’une intensité qui, à la longue, peuvent être fastidieux. A rapprocher d’ailleurs des STATE OF ALERT de l’autre frère d’armes du coin, un certain HENRY ROLLINS qui connaît Ian depuis l’enfance.
Mais les deux lurons du hardcore veulent continuer l’aventure destroy. S’entourant d’un bassiste, Brian Baker, et du gratteux Lyle Preslar, ils créent ce qui sera certainement le groupe phare de cette musique radicale et violente, MINOR THREAT. Ian abandonne ainsi la basse, se concentrant sur le chant, un chant certes braillard mais non dépourvu d’intensité émotionnelle.
L’image de la pochette souvent copiée (vous avez dit RANCID ?), montre le frère cadet de Ian, Alec, assis, la tête dans les mains. On remarque le look des fans de hardcore de la côte est, le cheveu ras, l’attirail para-militaire. L’auditeur s’attend donc à une bourrasque électrique qui l’épuisera mais de façon positive, une véritable catharsis sonore et c’est réellement le cas.

Quand "Filler" ouvre les hostilités, du hardcore sans concession, au son lourd et garage, explose avec un chant vindicatif. Le refrain est mémorable. Tout le long du disque, ce sont donc des missiles sonores qui tournent autour de deux minutes maximum chrono. "I don’t Wanna Hear" donne des leçons de mélodie à DISCHARGE. Sur "Seein Red" ,le rythme s’arrête pour bien repartir ensuite et la colère est, on peut le dire, justement rouge brûlante.
Puis arrive le controversé "Straight Edge", l’hymne pour tous les 'bands' du sous-courant au nom éponyme en devenir, caractérisé par un léger 'spoken word'. La fameuse chanson qui entraînera pas mal de polémiques à l’intérieur du mouvement punk. Jusqu’à présent, ce dernier, depuis le VELVET UNDERGROUND, surtout aux Etats-Unis, vantait les drogues dures et la défonce urbaine (voir les paroles et les modes de vie des IGGY, RICHARD HELL, JOHNNY THUNDERS, SID VICIOUS et compagnie). Or, "Straight Edge" est juste un récit montrant que Ian s’abstient de tout ce qui est drogue et alcool, un discours à l’antithèse du slogan 'sex, drugs and rock' n' roll' immortalisé par IAN DURY. Mister MacKaye remarquait les ravages que produisaient des merdes comme les Quaaludesou, la 'poussière d’ange' dans son entourage. Ce qui fera de lui, par la suite, un peu le 'moine soldat' de cette idéologie que l’on retrouvera dans un certain 'crust' plutôt bas du front. Le personnage aura toujours ce côté un peu instituteur 'donneur de leçons' en critiquant même les slams et les 'mosh parts' durant les concerts de ses différents combos. J’ai toujours le souvenir d’un show de FUGAZI à Marseille, le groupe phare de Ian durant les années 90, où il nous engueulait car on était, mes potes et moi-même un peu trop 'agités'. Ce à quoi un de mes amis lui répliqua : Reprends DISCHARGE et rentre chez ta mère !.
"Out of Step" prolonge les idées de "Straight Edge", entraînant des divergences homériques dans le groupe entre Ian et le batteur, Jeff Nelson.
"In My Eyes", envahie de colère et de mépris, critique durement, dans la lignée de “Straight Edge” et “Out of Step”, l’utilisation des drogues. Pas étonnant que cette chanson ait été reprise par les très engagés RAGE AGAINST THE MACHINE.
"Guilty of Being White" (littéralement 'coupable d’être blanc') a été mal interprété. Ian raconte seulement ses déboires à l’école où il était minoritaire dans une classe d’afro-américains. Mais, contrairement à ce qu’il peut se dire, la chanson n’est nullement raciste. On n’est pas ici dans les jémémiades 'boneheads' des vomitifs anglais SKREWDRIVER de la même période. Ce titre a été repris plus tard par SLAYER qui en retiendra surtout le 'préjugé racial'.
"Steppin Stone" est un vieux standard sixties interprété par PAUL REVERE AND THE RAIDERS, grand groupe garage. J’ai connu ce classique dans sa version abrasive par les SEX PISTOLS, celle de MINOR THREAT le transcende avec même un passage légérement psychédélique qui fait son petit effet.
Sinon, en dehors de ces morceaux emblématiques, le matériel est typique du punk hardcore. On remarque ainsi la rythmique saccadée de "Small Man, Big Mouth". La construction de "Screaming a Wall" est proche de la loi à l’anglaise au départ mais au milieu de ce titre une césure démontre l’influence première des BAD BRAINS au niveau de l’intensité. Et puisqu’on parle des influences, on ne peut bien sûr oublier la reprise dingue du morceau le plus speed de WIRE, le redoutable "12XU", démontrant que ce fameux combo post-punk anglais était à l’avant-garde d’une certaine sauvagerie sonore.

Cette compilation rassemblant l'oeuvre de MINOR THREAT montre bien les codes du hardcore de la côte est des Etats-Unis, a priori joué sans fioritures, mais qui dégage, à la réécoute, une énergie étonnament référencée.

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- Ian Mackaye (chant principal)
- Lyle Preslar (guitare , chœurs)
- Brian Baker (basse , chœurs)
- Jeff Nelson (batterie)


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