Dernier live 'problématique' de Jean-Jacques GOLDMAN d'un point de vue personnel, Sur Scène reprend l'idée de Traces en plus poussée encore, mais dans le rayon du trio avec FREDERICKS et JONES cette fois. Rarement un de ses disques en concert n'a paru aussi frustrant, et puis il y a le premier contact avec les boîtiers de ses CDs en métal forgé.

À Montrouge, où vit l'artiste, celui-ci vient en aide à une usine de métallurgie en pleine faillite. Il la rachète et les ventes du disque sont reversées aux salariés. L'idée est plus que louable, le résultat en revanche est moins convaincant que celui qu'en fera l'album-studio à venir.

Après l'excellent F.G.J (1990) qui utilisait beaucoup les moyens de studio modernes, la tournée 91 propose pas mal de bonnes idées, la première étant l'emploi d'une section de cuivres pour la seule et unique fois dans la carrière de GOLDMAN. Christian Martinez, Denis Leloup et surtout Christophe Nègre (qui remplace définitivement Prof Pinpin au saxophone, signe d'une époque différente) reproduisent à trois ce que les mythiques Kick Horns ont fait à cinq sur les nouvelles chansons.

On retrouve donc le shuffle swing imparable de "Un, Deux, Trois" avec l'énergie du live sans trop de différence par rapport au studio, jusqu'au duo de guitares du moins. De même "Nuit", toujours merveilleuse malgré la flûte-synthé ajoutée en fond pendant le premier solo. Et "Je l'Aime Aussi", même si le déluge de guitares nous manque un peu au début, elle reste vraiment, avec "C'est Pas d'l'Amour", l'une des meilleures chansons du trio, largement préférable à "Un, Deux, Trois" niveau style, instrumentation et progression.

Plus étonnante est la nouvelle version, entière cette fois, de "Il Suffira d'un Signe", avec les cuivres qui rentrent sur le 'refrain', le saxophone qui souligne le couplet des filles aux yeux qui brillent, et la rythmique funk de JONES à la guitare sur le final. De même "Peurs", qui puise pourtant beaucoup de sa force dans l'approche électronique en studio, est réussie dans cette version 'andalouse', avec le sketch délirant de Jacky Mascarel qui imite les chanteurs flamencos (Madre de Dios, quelle voix !).

En revanche, "À Quoi Tu Sers ?", totalement refondu, nous laisse pas mal circonspect. De bonnes idées, mais qui déstabilisent toujours autant à la réécoute : l'intro se retrouve à la fin, le 'crescendo Carole' est moins spectaculaire, l'interruption pour faire rentrer le trombone puis la trompette après le saxo est une bonne surprise pour qui n'a pas vu le groupe en concert, mais elle est trop longue.

"Je Commence Demain" permet de faire chanter (et délirer) tous les musiciens ensemble, mais à mon sens, cela reste anecdotique sur disque. L'hommage à Sirima sur "Là-Bas", en choeur avec le public, a quelque chose de touchant autant que de sinistre dans la partie claviers au milieu. Instant recueillement, l'ajout du saxo y est pour le moins incongru. Il y a encore le problème principal de ce live, le côté "traces" plus que marqué, les extraits choisis sur différentes dates françaises avec des fondus qui séparent les morceaux, qui les introduisent même comme "Là-Bas". C'est vraiment dommage, mais les disques suivants gommeront cela, en plus d'être des live complets !

Parmi les points positifs, citons une bonne sélection, quelques excellentes versions surprenantes ou non, la section cuivres, l'arrivée durable de Christophe Deschamps à la batterie, ici doublé par l'Italien Marcello Surace pour un "À Nos Actes Manqués" bavard (10 minutes !) mais rafraîchissant en fin de concert.