SAN CISCO est l'exemple typique du groupe qui a conquis un certain succès sur la base fragile d'une seule chanson : les KILLERS ont « Mr. Brightside », SAN CISCO a « Fred Astaire ». C'est bien la seule fois où les Australiens ont réussi à toucher du doigt cet équilibre parfait entre émotion et légèreté. Sans être révolutionnaire, la chanson était diablement efficace et suffisait à masquer la fadeur du reste de leur album inaugural. Malheureusement, ce ne fut pas le cas de leur second album, Graceland, qui se révéla décevant – en tout cas autant que pouvait l'être un groupe avec si peu de promesses à tenir. Mais même ces piètres présages furent désavoués par SAN CISCO et ce n'est pas ce troisième LP qui va redorer leur blason.

Comme à son habitude, le groupe s'inspire beaucoup des années 80, mais plus par manque d'imagination et de créativité que par véritable volonté artistique. Une section rythmique surproduite, quelques lignes de basse ronflantes, une guitare élastique et deux ou trois synthés vintages : voilà la recette indigeste que San CISCO décline à foison sur The Water, croyant peut-être ainsi émuler les meilleurs représentants de la new-wave. Et ne parlons même pas des paroles qui planent tranquillement au niveau zéro de la soupe pour hypermarchés. Comme on l'a vu, l'originalité n'est pas vraiment le point fort du groupe.

Le mélange entre une approche vaguement old-school et une électro-pop moderne fait souvent penser à du MGMT ; mais qu'on aime ou pas le duo américain, force est de reconnaître que les musiciens de SAN CISCO n'ont pas le quart du tiers de la moitié de leur sens du tube. C'est tout juste si des chansons comme « That Boy », « Sunrise » ou « SloMo » pourraient servir de fillers à un des moins bons albums de MGMT.

Les anglophones ont un adjectif parfait pour désigner un groupe comme SAN CISCO : « gimmicky ». Le mot signifie « à la mode », avec une connotation péjorative qui sied bien au quatuor australien. En effet, ce dernier tente désespérément d'être la nouvelle sensation, le groupe de l'été ; efforts qui se traduisent de manière assez pathétique par toute une séries de « gimmicks » insupportables qui viennent polluer ce qui aurait pu être, avec un peu plus d'inventivité, des chansons correctes.