Avec désormais une régularité quasi métronomique, nos post-rockeux cinéphiles de FEROCES nous proposent déjà leur troisième EP en l’espace d’une année. Si Juliette faisait la part belle au cinéma de la Nouvelle Vague (Godard, Truffaut, etc.), que Donna rendait un hommage vibrant à la série Twin Peaks créée par David Lynch, Victor quant à lui passe plus largement en revue le cinéma français des années 70-80, avec encore une fois des extraits de dialogues où l’on peut entendre, et non des moindres, Jean-Hugues Anglade, Jean-Pierre Darroussin, Bernard Giraudeau, Nathalie Baye ou encore Béatrice Dalle et Vanessa Paradis.

Plus sombre. C’est ainsi que je qualifierai la teneur musicale générale de ces six nouvelles compos. À l’image de la pochette représentant l’excellent et regretté Patrick Dewaere, qui était un véritable écorché vif de la vie, FEROCES a voulu nous montrer une facette plus obscure et tourmentée de sa musique. Nous retrouvons avec plaisir ces notes de basse appuyées et virevoltantes, cette batterie précise quoique parfois un tantinet linéaire, et surtout cette guitare qui sait diriger et orchestrer tout cela en déversant toute la partie émotionnelle qui constitue véritablement la marque de fabrique du trio bisontin. Plus que de la simple musique, ce sont de véritables tranches de vie qui nous sont ainsi proposées. Souvent dans ce qu’elles ont de plus dur, mais porteuses à la fois de tant de sentiment d’existence et d’appartenance à cette réalité décevante que l’on ne peut en ressortir totalement indemne. Ces atmosphères, ces dialogues, il y aura forcément quelque chose dans le son de ce groupe qui vous touchera, fera vibrer votre corde sensible, pour venir vous rappeler vos propres expériences ou celles vécues par vos proches.

Avec Victor, FEROCES confirme tout son talent et le potentiel que nous placions en lui suite à la parution de son premier EP au printemps 2016. À soutenir et à écouter sans modération si vous êtes fan de formations comme From Monuments To Masses, TYCHO, MASERATI, MY BLOODY VALENTINE ou dans une moindre mesure, MOGWAI. Le post-rock a cette capacité de parvenir à véritablement transcender une musique pas spécialement technique à la base, pour entraîner l’auditeur dans une absolue expérience sonore. C’est ce qui se produit lorsque l’on écoute FEROCES. Un disque magnifique.