Joan OSBORNE appartient à cette catégorie d’artistes inclassables qui abordent avec une certaine réussite différents styles de musique. On l’a connue avec Phil Lesh, Dixie Chicks, elle a chanté de la country, puis du blues.
Elle s’est également intégrée au projet Trigger Hippy, groupe composé du batteur des Black Crowes Steve Gorman, du guitariste Guthrie Trapp, du bassiste Nick Govrik et de Jackie Greene. Le groupe a sorti un seul album éponyme assez réussi en 2014.

Cette fois, Joan s’attaque à un autre répertoire, prestigieux, celui du Prix Nobel Bob DYLAN.
Elle puise dans toutes les périodes de la carrière du Zim, mélangeant des chansons connues et d’autres moins évidentes.
Keith Cotton à la co-production nous délivre de superbes parties de piano qui enluminent les textes.

Les écueils sont nombreux dans ce genre d’exercice. Déjà, fatalement, la comparaison est immédiate avec les versions originales mais aussi avec les nombreuses reprises déjà réalisées. L’avantage toutefois tient en DYLAN lui-même qui n’a jamais hésité à réarranger, certains diront massacrer, ses propres chansons.

"Highway 61 Revisited" est ainsi complètement revisité, vidé peut-être de sa puissance évocatrice originelle, mais lourdement habité par une ambiance sudiste que ne renierait pas l’Allman Brohers Band de « Whipping Post ».

Par contre, “Tangled Up in Blue”, à mon sens une des plus grandes chansons de Bob, est jouée dans le même esprit que l’original en respectant presque à la lettre le phrasé sur le fabuleux Blood of the Tracks, d’autant que la partie vocale est assez longue et compliquée.
Cet album, peut-être le meilleur du Bob ou pas loin, est encore à l’honneur avec "You're Gonna 'Make Me Lonesome When You Go" et "Buckets of Rain" qui sont interprétés, là encore, dans un esprit très proche des prises de DYLAN, Joan ne pouvant pas apporter grand-chose de plus à la qualité intrinsèque des chansons.

Je ne comprends pas que "Quinn the Eskimo "est souvent reprise. Cette chanson n’est quand même pas ce que le Zim a fait de mieux. Par contre, on évite, pour une fois, le « Knockin' on Heaven's Door ».
Joan plonge aussi avec bonheur dans les entrailles de l’œuvre avec des textes moins connus comme " Tryin' to Get to Heaven "( Time Out of Mind)," Ring Them Bells "( Oh Mercy ) et "High Water (pour Charlie Patton)"(Love & Theft), cette dernière particulièrement réussie.

A noter que Pledge Music propose un bonus-disc pour l’achat de l’album. Live Dylan EP propose quatre titres “Tangled Up in Blue”, “Just Like a Woman” “Highway 61 Revisited” et “Spanish Harlem Incident” captés au Turbineu de Randers. L’interprétation de “Just Like a Woman” est particulièrement émouvante et on peut regretter que le titre n’ait pas été retenu pour l’album studio. « Spanish Harlem Incident” est magnifié par la scène avec des nappes d’orgue frémissantes et le groove impeccable de la chanteuse.

Joan OSBORNE réussit ce challenge toujours compliqué de reprendre les chansons de DYLAN, exercice particulièrement ardu tant elles sont connues, disséquées. En live, elle offre une relecture excitante du répertoire dylanien.