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ORELSAN - La Fête Est Finie (2017)
Par JEREM le 14 Novembre 2017          Consultée 3028 fois

Il aura fallu six ans à Orelsan pour nous offrir une suite au « Chant des sirènes » paru en 2011. On ne peut pourtant pas dire que le rappeur a été totalement inactif durant toutes ces années. Au contraire, Aurélien a rarement été aussi productif : un opus en commun avec son acolyte de toujours Gringe, un film, une B.O et même une mini-série sur Canal +. L’artiste détesté par toutes les associations féministes du pays est donc de retour avec son 3ème opus solo et c’est peu dire qu’il était attendu. Comme il le dit lui-même dans l’introduction de l’album, c’est la partie 3, le dernier volet de sa trilogie. Et à travers les 14 pistes, cette volonté prend un vrai sens. On sent désormais, et plus que jamais, une vraie mélancolie dans ses textes, une nostalgie de sa jeunesse à Caen. A plus de trente ans, Orelsan est à un tournant de sa vie et de sa carrière. Et ça, il l’exprime superbement à travers un disque habile et souvent émouvant.

Le ton est donné dès l’introspectif « San » où Orelsan dresse un bilan de sa vie. Malgré le succès, rien ne va mieux pour lui et il n’a jamais été aussi paumé. Un titre purement rap, qui envoie bien comme il faut et qui prend aux tripes directement à travers un texte incisif et fort. Si l’on pensait retrouver un Orelsan plus apaisé, c’est perdu, le ton est clairement maussade. Le titre éponyme est nettement plus musical, mais garde une nostalgie très présente. Et il y a le premier single, « Basique ». C’est loin d’être le meilleur texte de sa carrière, malgré des punchlines assez drôles, mais l’instru rentre-dedans est très efficace et ne ressort pas très facilement une fois en tête.

Pour cet album, Orelsan a une nouvelle fois collaboré avec Stromae, une idée séduisante tant l’artiste belge se fait rare ces derniers temps. On ressent tout son univers dans la prod et le texte de « Tout va bien », un titre très sombre mais sublime. Il est ici question de parler à un enfant des horreurs du monde en omettant bien évidemment certaines vérités. Puissant. Plus loin, on retrouve un duo entre les deux artistes sur le très réussi « La pluie ». Les deux amis parlent de leurs villes natales, avec émotion et une certaine nostalgie. Le refrain jazzy et électro fonctionne particulièrement bien. Le thème de Caen est aussi présent avec « Dans ma ville, on traine », une bien jolie piste où Orelsan nous parle de sa jeunesse, des rêves du gamin paumé qu’il était. Encore une fois, c’est hyper réussi et ça sonne incroyablement juste.

Si le chanteur se fait plus sérieux sur ce disque, il n’en oublie pas les pistes plus trash qui ont fait sa renommée. On peut difficilement passer à côté de « Défaite de famille », hallucinante chanson aux punchlines saignantes. Ici, Orelsan fait un petit pitch en plein repas de famille et le moins qu’on puisse dire, c’est que chacun en prend largement pour son grade. Absolument jubilatoire et, sans aucun doute, futur classique de son répertoire. Quant à sa célébrité, Orelsan en parle sur « Quand est-ce que ça s’arrête », et on ne peut pas dire que le monde du showbiz lui plaise des masses. Il y a malgré tout deux morceaux dont on aurait pu largement se passer au milieu du disque. Premièrement, « La lumière » bénéficiant d’un surplus d’autotune et dont le texte n’est pas fou non plus. Quant à « Bonne meuf », c’est pas un mauvais titre, mais ça sonne un peu redite dans son répertoire, malgré un thème pas idiot du tout.

Et il y a les autres featuring. C’est un peu une première pour Orelsan qui a jusqu’ici été toujours seul sur ses deux autres disques, outre la participation de Gringe, absent de cet opus comme pour marquer une pause avec leur groupe. On aurait pu craindre le gros truc marketing, mais ces collaborations apportent vraiment un truc en plus et subliment les titres. Sur « Christophe » avec Maitre Grims - là il y avait vraiment de quoi avoir peur faut l’avouer -, on a un titre super fun, très rythmé avec un refrain complètement décalé et franchement à mourir de rire. Et il y a le featuring avec Nekfeu et Dizzie Rascal. « Zone » était hyper attendu, et les trois rappeurs ne déçoivent pas. Un grand titre de rap, hyper rapide et technique (avec notamment un couplet génial de Ken où il envoie tout).

L’album se termine avec deux titres bien plus positifs mais où Orelsan a rarement été aussi émouvant. Sur « Paradis », le rappeur nous parle de sa copine comme jamais auparavant. Il retrace à travers un texte incroyablement simple sa rencontre avec elle, leur présent et leur futur. Splendide. Et comme une réponse au premier titre, « Notes pour trop tard » s’adresse au potentiel enfant d’Orelsan - ou en tout cas à la jeune génération - où il donne ses conseils de vie et encourage chacun à réaliser ses rêves et à ne pas attendre pour vivre sa vie à fond. Un texte fort, poignant pour un final d’une justesse incroyable. Le refrain chanté par les jumelles Ibeyi rajoute d'ailleurs encore plus d'émotion.

Bref, Orelsan réussit son retour haut la main en signant l’un des meilleurs disques de l’année. « La fête est finie » est un disque malin, très bien écrit et musicalement très abouti. Pas grand chose à jeter, c'est souvent hyper réussi et le rappeur se raconte comme jamais. Un vrai journal intime en musique.

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   JEREM

 
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- Aurélien Cotentin (chant, choeurs, auteur)
- Skread (production, composition)
- Ken Samaras (chant, auteur)
- Stromae (chant, choeurs, production, auteur)
- Phazz (production)


1. San
2. La Fête Est Finie
3. Basique
4. Tout Va Bien
5. Défaite De Famille
6. La Lumière
7. Bonne Meuf
8. Quand Est-ce Que ça S'arrête
9. Christophe (feat. Maître Gims)
10. Zone (feat. Nekfeu & Dizzee Rascal)
11. Dans Ma Ville, On Traîne
12. La Pluie (feat. Stromae)
13. Paradis
14. Notes Pour Trop Tard (feat. Ibeyi)



             



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