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Kyle EASTWOOD - In Transit (2017)
Par TEEMO le 8 Janvier 2018          Consultée 1524 fois

« In Transit » est le 8ème opus du fils du célèbre cinéaste Clint Eastwood. Depuis une vingtaine d'années le bassiste s'est forgé une certaine réputation dans le monde florissant du jazz moderne. Auteur de quelques B.O. de films notamment réalisés par son père, Kyle a toujours évolué dans un style à la fois moderne, léger et grand public. Mais si certains albums tel que « Songs from the Chateau » s'inscrivent dans cette esthétique easy-listening, comme à pu le faire l'Esbjorn Svensson Trio, « In Transit » renoue avec un jazz beaucoup plus traditionnel. Kyle EASTWOOD n'a jamais vraiment perdu de vue ses mentors, puisque même sur son dernier album, « Time Pieces » (2015), il reprend Herbie HANCOCK et Horace SILVER. Mais « In Transit » semble s'attarder plus que jamais sur le jazz que que son père affectionne tant et dans lequel il l'a plongé dès son plus jeune âge.

Depuis « Time Pieces » les membres du quintet n'ont pas changé, pourtant les puristes de jazz traditionnel suivant la carrière d'EASTWOOD d'une oreille distraite, voire blasée, auront tôt fait de porter une attention particulière à ce nouveau chapitre. Dès « Rush Hour », seconde composition du l'album, la walkin' bass vrombit tandis que les improvisations fusent dans tous les sens. Quel bonheur de trouver enfin ce bon vieux jazz de club des années 60 dans la palette musicale de Kyle. Le thème de « We See », signé Thelonious MONK, rend un hommage touchant à ce cador du hard bop. Le pianiste Andrew McCormack conserve, en ayant son propre angle d'attaque, une fidélité impressionnante au fameux style de MONK parfois décousu, parfois capricieux, le tout dans une exécution précise et juste. Un pur moment de swing sublimé par un solo de contrebasse mené avec brio par EASTWOOD !

« In Transit » présente réellement plusieurs facettes, comme en témoigne « Rockin' Ronnie's » qui évoque l'orchestre majestueux du grand Duke ELLINGTON ou « Blues in Hoss' Flat », écrit par Count BASIE, autre fleuron des Big Bands. Ces deux morceaux illustrent encore une fois la puissance qu'est capable de déployer le quintet d'EASTWOOD, tant dans la manière de construire les thèmes que de développer des soli intenses et détonnant. L'atmosphère sait aussi se faire plus solennelle et plus sombre sur la belle composition qu'est « Night Flight », qui n'est pas sans rappeler le lyrisme orageux de Kenny GARRETT. D'ailleurs, le saxophone est placé sur le devant de la scène et la prestation est assez jouissive.

Ce qui donne vie à ces morceaux c'est bien entendu la mise en scène, le groove, les introductions, la production, mais surtout les improvisations qui n'ont jamais été aussi entraînantes, ciselantes et gorgées de blues, de gospel, bref de tout ce qui a construit le jazz (d'ailleurs, l'invité de marque qu'est le saxophoniste Stefano Di Battista n'y est pas étranger !). « Boogie Stop Shuffle », écrit par Charles MINGUS fait office de cas d'école avec son tempo nerveux et ses chorus denses et ardents. Du jamais vu chez EASTWOOD, et c'est pour notre plus grand plaisir !

Le bassiste sait aussi rester fidèle à lui-même et conserve cette touche de légèreté et d'immédiateté qui lui est propre. De cette façon, « Soulful Times » ouvre l'album dans une humeur des plus joviales avec des mélodies simples mais allant droit au but. Dans cette veine on pourra aussi citer « Movin' » et « Jarreau » hommage à Al JARREAU, décédé récemment... Néanmoins, ce ne sont clairement pas ces titres s'inscrivant dans la veine de ses précédents opus qui resteront dans les mémoires, bien qu'ils séduiront certainement les férus du genre.

« In Transit » semble relater de manière non-chronologique quelques épisodes de l'histoire du jazz. Ainsi, par une sélection pêle-mêle de compositions et de reprises, l'auditeur est invité à effectuer des sauts temporels, se confrontant tantôt à l'énergie grandiose des grands orchestres américains du début du siècle, puis s'accoquinant avec l'ambiance intimiste des clubs et des cabarets de jazz new-yorkais des années 60, sans oublier de se laisser séduire par le charme débonnaire d'un jazz plus contemporain. Le quintet d'Eastwood parvient parfaitement à retranscrire l'esprit de chaque époque et à y insuffler une vie. Nul doute que Kyle EASTWOOD signe ici un album haut en couleurs !

* Il est vivement recommandé de se procurer la version comprenant les titres bonus !

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- Kyle Eastwood (basse)
- Andrew Mccormack (piano)
- Quentin Collins (trompette et bugle)
- Brandon Allen (saxophone ténor et soprano)
- Ernesto Simpson (batterie)
- Invité :
- Stefano Di Battista (saxophone)


1. Soulful Times
2. Rush Hour
3. Movin'
4. Cinema Paradiso
5. Night Flight
6. We See
7. Rockin' Ronnie's
8. Jarreau
9. Blues In Hoss' Flat
10. Boogie Stop Shuffle
11. Sunrise (bonus Track)
12. Swamp To An Oasis (bonus Track)



             



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