On l’a vu, l’impact de la récente pandémie mondiale a eu ses effets sur de nombreux artistes, et le rappeur de Seattle MACKLEMORE n’est pas en reste. Sur Ben, son troisième album sorti en mars 2023, il retrace le combat contre ses addictions, sa rechute en 2020 et son overdose qui l’a amené à être hospitalisé. Cela donne un album qui se dit hip-hop mais qui penche clairement vers la pop où la réflexion prendra toute la place.

Le projet débute par le single "Chant" en duo avec la chanteuse australienne Tones AND I, passable voire sympa, porté par un piano mélancolique, puis continue sur une série de chansons vacillant entre pop 80s sur le titre "1984", où MACKLEMORE chantonne, ballade énergique basique et ennuyeuse sur "Maniac", un son commercial quasi insupportable dans "No Bad Days" et la pop-rock remplie de synthés de "Day You Die" où le rappeur revient sur les hauts et les bas qui sillonnent sa vie. Franchement, la vibe n’est pas bonne sur ce début d’album malgré les bons sentiments.

Bonne nouvelle, notre cher MC reprend du poil de la bête, accompagné des scratch de DJ PREMIER, sur une vraie track hip-hop, "Heroes", où MACKLEMORE tente de faire l’éloge de la culture en mode gangsta. Oui, il est loin le temps où sa perspective de rappeur blanc était saluée par la prise de conscience de ses privilèges puisqu’ici on est clairement sur une vibe où le crime semble plus fun que l’art (See my heroes died of overdoses/Riding for the culture/Mind tied to psychosis/All the lies in show biz/My heroes shot dope and inhaled blow in their noses/Got locked up, got out and did some more shit). "Grime" au beat groovy porté par un saxophone funky met l’accent sur la dextérité de son flow qu’il sait toujours aussi bien teinter d’humour. Il critique aussi la société de consommation avec la dérision qu’on lui connait sur "I Need" (I got everything I need/So why am I fallin’ to my knees ?/I got racks on me, money ain’t a thing/All I really want is to be free).

Le reste de l’album revient au ton plus pop du début sur des pistes comme "Lost/Sun Comes Up", "I Know" au rap mélodieux et commercial ou encore "Sorry" au beat positif où MACKLEMORE reconnait ses erreur aux côtés de guitares sentimentales et du chanteur américain LIVINGSTON. Le mix est balancé sur "Tears", "God’s Will", pas trop mal produit et le single "Faithful" en featuring avec le rappeur NLE CHOPPA, un titre triste au beat plat mais aux paroles qui frappent fort. On termine par une ouverture sur la lumière dans "Tail Lights" en duo avec la voix soul de l’américain MORRAY, une fusion qui fonctionne bien.

Malheureusement, cet album est au niveau auquel le rappeur nous avait habitué avec ses précédents albums puisqu’ici, même si son flow reste très bon et constant et qu’il a clairement voulu tenter un truc en associant beaucoup plus de sonorités pop à ses titres, ça reste pour moi une déception : les idées manquent un peu de fraîcheur et le tout sonne creux. L’opus reste cependant plutôt bien reçu par la critique, mais c’est dommage que seule une moitié de l’album soit réellement réussie, alors que le reste provoque l’agacement. C’est donc une note moyenne de 2,5 qui mérite d’être relevée à 3 puisque, dans la musique comme dans la vie, l’humour sauve tout, et ça, MACKLEMORE l’a bien compris.