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2005 The Language Of My World
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- Style + Membre : Macklemore & Ryan Lewis

MACKLEMORE - The Language Of My World (2005)
Par ARCHANGEL le 22 Juin 2023          Consultée 586 fois

Benjamin Haggerty, plus connu sous le pseudonyme MACKLEMORE, était-il woke avant l’heure ? C’est la question à laquelle on va essayer de répondre aujourd’hui, et dans tous les cas le rappeur savait déjà faire de la bonne musique comme il le démontre sur son premier album The Language Of My World en débarquant sur la scène hip-hop en janvier 2005, cinq ans après la sortie de sa mixtape Open Your Eyes. Il a tout juste 22 ans lorsqu’il sort ce premier LP en indépendant où son vocabulaire taquin et ses rimes promettent déjà de briller.

Bon alors, il faut quoi à un rappeur pour être éveillé ? Comme pour à peu près tout, il faut commencer par une prise de conscience, surtout de ses propres avantages, comme il le fait sur "White Privilege" en début d’album. Par cette chanson, MACKLEMORE n’a pas peur de faire le constat de son privilège blanc dans un univers qui n’est pas le sien (And most whites don’t want to acknowledge this is occurring/‘Cause we got the best deal, the music without the burden), chemin pavé en grande partie par EMINEM, tout en rappelant les racines et les valeurs du hip-hop. A cet effet, il partage aussi son savoir - sa force - sur des titres comme "I Said Hey" où il parle des origines de sa passion pour le rap et fait honneur à ses héros, ainsi que sur "B-Boy", qui donne envie de bouger et rend hommage à la culture hip-hop, du rap au breakdance. Le débit de ses rimes, une batterie énergique et les scratch 'électrifiants' donnent à la chanson une teinte vibrante qui représente bien l’esprit du hip-hop.

Cette prise de conscience qui habite l’artiste lui permet également de tenter le rap politique sur des tracks où il fait preuve d’activisme et s’allie contre l’oppression qu’il observe en revendiquant de meilleures conditions aux minorités comme les sans-abris sur "City Don’t Sleep" par exemple et "Soldiers" où il critique la politique de Georges Bush junior, président des Etats-Unis à l’époque ; ou de la population noire et des violences policières qu’elle subit avec "Claiming The City" et son refrain entraînant.

Malgré les drames dont il est témoin, MACKLEMORE sait qu’il faut continuer à grandir avec empathie tout en transmettant un message optimiste, et c’est ce qu’il fera en partageant sa sagesse grâce à des chansons plus lentes comme "Inhale Deep" qui est quasiment une méditation pour trouver la paix dans le moment présent, "The Magic" ou encore "Hold Your Head Up" qui suggère de se souvenir de toujours garder espoir (Life can be a burden or a blessing/The choice is yours to be connected/It’s there if you want it, you got it, now let it/Hold your head up, there’s a light in the sky). Le rappeur, sur le beat chill de "As Soon As I Wake Up", parlera aussi de flow et comment la musique et l’écriture ont un pouvoir salvateur.

On le retrouvera sur des pistes un peu plus personnelles comme "Love Song" et "Remember High School" où il parle d’amour et de ses relations avec les filles, accompagné de trompettes puissantes et groovy à la manière d’une fanfare de high school. Moins mémorable, l’ultra planante "Good For You" parle de tromperie alors que "Ego" permet à MACKLEMORE de faire son introspection et de comprendre que son pire ennemi est justement son ego, lorsqu’il se compare aux autres rappeurs, leur manque de respect et brouille sa conscience.

Pour le moment, le gars semble woke, et il le reste d’ailleurs même sur des titres faussement moins sérieux mais pour lesquels il décide de taper dans l’autodérision et dans un humour fin : "Penis Song" sous ses airs loufoques le montre complexé, un sentiment que la majorité connait bien. "Fake ID" et son énergie yo mama sur un beat funky donne un aperçu de ses folles soirées d’adolescence. C’est léger et offre une soupape de décompression en contraste avec le sérieux des thèmes abordés sur le reste de l’album. Sous couvert de sarcasme, il fera la satire de Georges Bush fils sur la diss track "Bush Song" où il critiquera l’Amérique républicaine discriminante.

On le découvre donc comme un artiste qui utilise déjà sa plateforme pour partager ses textes engagés qui prônent l’égalité pour les communautés marginalisées en se faisant allié de mouvements visant la justice sociale. Bref, on est sur du woke lourd, pourtant tout en douceur, pour dénoncer les injustices systémiques et leur intersectionnalité. MACKLEMORE parlera aussi bien de la gentrification des villes que de l’appropriation culturelle (I give everything I have when I write a rhyme/But that doesn’t change the fact that this culture’s not mine sur "White Privilege"), une problématique qui a toujours existé bien qu’elle soit beaucoup mise en avant depuis quelque temps. Son éveil est loin d’être performatif puisqu’il arrivera même à se reconnaître contradictoire et hypocrite sur "Contradiction" et évite de justesse de tomber dans la caricature du guerrier de la justice sociale.

Non seulement le rappeur de Seattle introduit à travers sa perspective unique ses expériences personnelle et les problèmes sociaux qu’il remarque, son approche est créative et ses chansons sont en grande majorité captivantes, mais il réussit à le faire en restant à la fois drôle et profond en provocant un début de dialogue qu’on a bien vu devenir important, ou plutôt essentiel ces dernières années. Alors oui, on peut sérieusement dire que MACKLEMORE était woke avant que ce soit à la mode et qu’il est capable de montrer par cet opus l’incroyable étendue de ses talents d’artiste indépendant.

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   ARCHANGEL

 
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1. Intro
2. White Privilege
3. B-boy
4. Claiming The City
5. Fake Id
6. Hold Your Head Up
7. Ego
8. Inhale Deep
9. Bush Song
10. Good For You
11. I Said Hey
12. Penis Song
13. The Magic
14. City Don’t Sleep
15. Love Song
16. Remember High School
17. Contradiction
18. Soldiers
19. As Soon As I Wake Up
20. My Language



             



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