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Chris ABBOTT - Back In Time (1997)
Par BAKER le 4 Juin 2018          Consultée 933 fois

Mille excuses à ceux qui me reprochent habituellement une logorrhée inépuisable ; mais un album tel que ce Back In Time a besoin d'une longue remise en situation. Nous sommes en 1997, en Europe. La musique de jeu vidéo, populaire au Japon depuis plus de dix ans, est toujours persona non grata dès qu'il s'agit de sortir en format physique, ou même simplement d'admettre qu'on en écoute. Mais c'est aussi l'époque où commence la mode du retrogaming, et toute une génération de trentenaires redécouvrent des bijoux vidéoludiques qu'ils avaient plus ou moins oubliés alors qu'ils avaient bercé leur enfance ; eux et leurs musiques, rythmées, mélodiques, entêtantes, cultes.

Enter Chris Abbott, jeune anglais qui, comme votre serviteur, est fan de ces musiques dites chiptune, et particulièrement celles du Commodore 64. Cet ordinateur personnel avait deux caractéristiques uniques : des couleurs abominables qui donnent une impression de vomi permanent, et un processeur sonore très en avance sur son temps ; si performant en fait qu'il est encore utilisé de nos jours par certains producteurs à la mode. Back In Time est donc une compilation de musiques de jeux du C64 refaites sur synthétiseur par Abbott, avec parfois l'aide du compositeur original, en particulier l'excellent Rob Hubbard.

On va immédiatement faire le point sur ce qui ne va pas, parce que, dans les faits, l'album n'a pas la perfection qu'on aurait souhaitée : déjà, c'est anglais. Donc, vous n'aurez aucune musique française. Brexit, les Stéphane PICQ, les Philippe MARCHISET, les Gilles SOULET, Michel WINOGRADOFF, et bien sûr le meilleur d'entre nous, feu Charles CALLET. Mais à la place, vous avez donc Hubbard, Benn DAGLISH, Martin GALWAY et l'autre invité Chris Huelsbeck. Beau cheptel. Ensuite, il faut admettre derechef que le rendu est pas mal kitsch. Malgré le boulot abattu, non, vous n'aurez pas un son pop/rock ou new wave, mais bel et bien de synthés semi-pro, et rien de plus à part quelques fulgurances. Ecouter ce disque est moins socialement honteux qu'écouter du SID natif, mais vous aurez tendance à remonter les vitres de la Simca 1000 à volume élevé.
Maintenant, pour un produit fait par un passionné afin de rendre hommage à un pan de la musique complètement oublié, c'est franchement sympa. Déjà le casting de tubes est assez effarant : "Sanxion", les deux "Monty", "Thing On A Spring", "Delta", c'est de l'incontournable. Ils ne sont pas tous repris parfaitement mais au moins on les reconnait bien. Epiques et furieusement mélodiques, "Delta" et "Sanxion" sont à siffloter sous la douche le poing levé (attention aux jets) et mériteraient un traitement purement heavy metal. "Thing" est frais et enjoué, aussi splendidement stupide que l'original, c'est dansant en diable. Les deux "Monty" sont gâtés : "Auf Wiedersehen" bien rock (synthétique malheureusement), et "On The Run" avec la frénésie incessante que l'on attendait, des changements de son lead sans arrêt et une virtuosité de tous les diables. Ce final ! Je donnerais cher pour qu'elle soit reprise par DREAM THEATER.

D'autres titres se démarquent : "Rambo Loader" très cool et enveloppant, au final qui tire sur Clive NOLAN ; "Mutants" au rendu un peu trop MIDI mais doté d'une seconde partie harmoniquement captivante ; "Wizball" dont la poésie synthétique rappelle les pages les plus planantes de l'album Equinoxe ; et enfin les "Great Giana Sisters", au rendu très sophistiqué et au thème principal impeccablement rendu. Egalement, surprise assez colossale, "Parallax", epic spatial minimaliste dont le début super-kitschounet ne fera pas oublier un traitement electro de plus en plus hypnotique, une pause courageuse et audacieuse au milieu du disque.
Les vrais ratés sont peu nombreux - "Arkanoid", par exemple - mais il est clair que tout le monde ne pourra pas supporter ce côté semi-pro, pas tout à fait "adulte" dans le rendu. Cependant l'écoute de l'album se fait sans sourciller, étant donné le nombre important de titres cultes, et il se termine par un "Delta Victory" assez proche de VANGELIS. Il se termine. Vraiment. Avec un titre de fin, sans ambiguïté. C'est dommage hein, mais je connais des albums professionnels et non-honteux, validés par le comité de censure, qui n'ont pas cette chance.

Le disque a eu un joli succès d'estime mais est devenu rapidement indisponible. Cependant, le lancement du site remix.kwed.org, présentant des centaines de remixes - parfois stupéfiants - de musiques C64, gratuitement qui plus est, a brusquement relancé l'intérêt pour le produit. Il est donc ressorti deux fois, une fois avec un CD "PLUS" proposant des remixes plus récents, et une seconde fois en digital avec un disque complet de démos. Pour le CD "plus", un constat doux-amer se fait vite jour : en améliorant le son et la prod, les musiciens ont aussi perdu un peu de charme. Les progrès sont parfois vraiment spectaculaires ; ainsi "Mutants" ressemble à du PROPAGANDA, "Thing.. " est encore plus foldingue, et le meilleur : "Sanxion", sublimé, avec le solo de keytar fidèle au bend près (tout comme pour l'excellente "Ace II", hélas absente ici, c'était indispensable). Mais pour les autres titres, on se rend compte que le son plus bourrin, à grands coups de réverb professionnelle, n'améliore que le son mais pas le feeling. Au contraire, trop d'arrangements touffus tuent les arrangements : n'oubliez pas qu'au départ, tous ces titres sont écrits avec une limitation non négociable de 3 notes simultanées maximum ! (plus un bruit blanc pour la batterie).

La version digitale offre aussi tout un tas de démos finies mais en mode "work in progress". Elles seront réservées aux fans absolus, plus raide dingues que moi (NDLR : La barre est haute pourtant). Mais vous avez aussi, petit cadeau Bonux, quelques titres qui n'étaient pas présents sur le disque original. Ca va du nul à chier ("Cobra" qui semble n'être que sa version chiptune à peine trafiquée, "Turbo OutRun" sale rengaine dance sans saveur) à l'inexplicablement absent : "Cybernoid II", énorme tube, que dis-je, INDISPENSABLE du C64 ! (à noter que ce n'est pas la musique des autres versions comme le Spectrum, par ailleurs excellente aussi). Un disque bonus à l'image de l'album principal : la réalisation pêche un peu par manque de moyens mais aussi de savoir-faire, mais pour être sincère, le plus important dans cette sortie était tout autant le résultat que le simple fait d'exister.

Note finale : 3,5, monté à 4 pour intentions louables.

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   BAKER

 
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- Chris Abbott (claviers, prog)
- Rob Hubbard (claviers, prog)
- Chris Huelsbeck (claviers, prog)


1. Delta '97
2. Rambo - First Blood Part Ii
3. Sanxion
4. Thing On A Spring
5. Parallax
6. Auf Wiedersehen Monty
7. Mutants
8. The Great Giana Sisters
9. Monty '97
10. Arkanoid
11. Ocean Loading Theme
12. Wizball
13. To Be On Top
14. Crazy Comets '97
15. Delta Victory
- bonus (version Digitale)
16. Delta '97 Plus
17. Delta Victory Plus
18. Arkanoid Plus
19. Auf Wiedersehen Monty Plus
20. Mutants Plus
21. Ocean Loader 3 Plus
22. Rambo Loader Plus
23. Thing On A Spring Plus
24. Monty '97 Plus
25. Sanxion Plus
26. Parallax Plus
27. + Mp3 Des Remixes Et Work In Progress



             



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