3h du matin. Je suis fin prêt à supporter l’incroyable joueur de football américain qu’est Tom Brady dans la finale du SuperBowl entre les Eagles et les Patriots. Pizza et bière, logique. A la mi-temps, mon oreille est forcément attirée par le show qu’on nous a annoncé, avec Justin TIMBERLAKE sous les projecteurs, je me lance donc dans une bataille avec mes potes qui veulent esquiver ça pour allumer la console. Je gagne et découvre « Filthy », premier morceau teasé de son nouvel album Man of The Woods. Après quelques renseignements effectués dans ma base de données secrète cachée derrière le pack de bière, j’apprends que TIMBERLAKE a co-produit la totalité de l’album, avec entre autres TIMBALAND ou THE NEPTUNES pour ne citer que les gros noms.

Très loin de ce à quoi nous avait habitués Justin, ce premier morceau est un instrumental rock et pop qui nous fait directement penser à un robot dansant la macarena, comme si on avait avancé d’un siècle ou qu’on s’était étrangement retrouvé dans une scène du film Le Cinquième Element. Que dire, si ce n’est que c’est un morceau plutôt osé pour la pop-star qui ne cesse définitivement pas de me surprendre, après les deux excellents albums concepts qu’étaient The 20/20 Experience.
Quand l’album arrive, on retrouve forcément le Justin TIMBERLAKE que l’on connaît avec « Midnight Summer Jam » sur lequel le chanteur se souvient d’une des soirées d’été vécues dans sa jeunesse. Si cette chanson a toutes les allures d’un titre pop réussi, elle souffre quelque peu de sa répétitivité, difficilement évitable quand un morceau pop atteint les cinq minutes. Les teintes rock seront reprises avec « Sauce », morceau accompagné de riffs de guitares sanglants qui tranchent dans le vif du sujet, pour nous amener sur un plateau la fraîche voix de notre chanteur. Voix que l’on retrouve tout aussi maitrisée sur « Man Of The Woods », musique beaucoup plus épurée sur laquelle sont mis en avant les talents de vocaliste de Justin TIMBERLAKE, qui nous parle de sa femme, de sa vie et des inspirations qui font sa fierté.
Avec « Higher Higher », le chanteur livre une des plus belles prestations de l’album sur le thème du succès qui engendre le stress. La participation à la production de Pharell WILLIAMS, si elle ne s’était pas encore fait sentir, se remarque directement sur « Wave » qui détient une mélodie qui nous fait renifler la touche unique du producteur à des kilomètres. La dimension trap prise sur « Supplies » réussit plutôt bien au chanteur qui s’en sort avec brio. Les deux collaborations, avec Alicia KEYS et Chris STAPLETON, sont pour l’une réussie sur un « Morning Light » rafraichissant, pour l’autre beaucoup trop prévisible et commerciale avec « Say Something ».
Après un interlude plein d’amour contée par sa femme Jessica Biel, « Flannel » nous offre un pur morceau de romance, registre duquel Justin TIMBERLAKE n’est plus à son premier essai et se débrouille sans forcer. Il réitère d’ailleurs avec « Breeze off the pond », un peu plus énergique mais moins étonnant. Le morceau jazzy et funky qu’est « Montana » ajoute une touche dansante à un album qui n’en manquait pas vraiment. « Livin off the land » propose l’un des plus beaux refrains de cet album, dosé à la perfection pour la voix de Justin TIMBERLAKE, tandis que « The Hard Stuff » va faire office de balade mielleuse inévitable à tout bon projet pop américain. « Young Man » clôture l’album avec des paroles dédiées à son fils, qui ont un air de déjà-vu dans les productions américaines. Quoi qu’il en soit, c’est un morceau correct sans étonner.

A l’inverse des critiques générales trouvées sur le net, je dois dire que cet album m’a plutôt réconforté dans mon avis que Justin TIMBERLAKE est un grand artiste. Il est l’un des seuls à tenter de nouvelles choses, que ce soit en termes de production ou de chant, sur chaque album. Et même si dans la continuité de la grande réussite qu’était The 20/20 Experience, je suis obligé de classer ce projet un peu au-dessous, il n’en reste pas moins bien plus solide que les deux premiers L.Ps du chanteur. La note réelle se révèle donc un bon 3,5/5.