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NEUROSIS - Through Silver In Blood (1996)
Par NOSFERATU le 17 Octobre 2018          Consultée 2031 fois

Il est des disques qui vous entraînent dans l’exploration de la noirceur humaine la plus abyssale. Through Silver in Blood procure certainement cet effet. On rentre ici en effet dans un puits sans fin avec peut-être une lumière à la fin quasi extatique. La première fois que je l’ai écouté, la question était la suivante : Comment un groupe peut-il générer autant de sensations délicieusement malsaines ? En effet, à la réécoute, le disque qui a désormais au moins vingt-deux ans nous fait explorer des territoires sonores inconscients d’une rugosité hallucinante à peine découverts. Et en concert, on peut en témoigner, l’effet était encore plus dévastateur.

Depuis plus de dix ans, le groupe californien en 1996 propose ainsi un hardcore novateur. Si les débuts semblaient un peu quelconques, le groupe acquit d’album en album une incroyable façon de se renouveler, créant quasiment à lui seul un sous-genre que les maniaques du classement appelleront post métal. Pour le néophyte, NEUROSIS emprunte au doom grand-guignol de BLACK SABBATH, au désespoir cold wave d’un JOY DIVISION, au tribalisme post punk d’un KILLING JOKE, à l’inventivité noise d’un SONIC YOUTH, au hardcore violentissime d’un BLACK FLAG, au « cosmic rock » interstellaire de HAWKWIND, au métal fracassé d’un VOIVOD, au post rock expérimental d’un TORTOISE, à la dark folk païenne de SOL INVICTUS. Pour arriver à un résultat totalement unique.

Through Silver in Blood s’écoute ainsi comme un expérience. Ecoutez-le juste au casque vers minuit et vous serez sûrement assaillis de visions cauchemardesques, des vraies, pas des imageries souvent « grotesques » typées black metal. Le début de cette œuvre nous projette dans un univers inquiétant. Des cliquetis industriels directement inspirés par la forge d’un NEUBATEN, des notes de synthé lointaines créant une ambiance à la fois planante et terriblement menaçante, avec des passages faussement apaisants. Et quand le déluge sonore explose vers deux minutes quarante-neuf, on peut réellement parler d’un orgasme auditif rarement atteint. Et cette décharge de guitares sabbatiennes qui ne fait pas de quartier, revenant sans cesse, façonne une sorte de mantra morbide qui n’a rien d’adoucissant. Du CAN qui aurait bouffé du SAINT VITUS, en gros. Ce long morceau à 6 minutes 49 fait même vraiment très peur et se termine par une oppression sonore digne des premiers SWANS. On en ressort lessivé et ce n’est que le début des péripéties.

On pourrait s’attendre à une accalmie, il n’en est rien. Ce voyage au bout de la nuit est réellement sombre, car avec nos NEUROSIS, on se dit : « non, là, ce n’est pas possible, ils ne peuvent pas faire plus violent, plus oppressant ! ». Chaque riff renvoie ainsi à une terreur innommable. On se dit naïvement qu’il y aura un apaisement juste après. Non, le riff qui suit est généralement encore plus hallucinant. Après un interlude « Spoken Words » marqué par des collages de fin du monde, arrive le morceau le plus dantesque jamais composé sur cette terre intitulé « Eye ». Growls complètement dingues, rythmique noise metal frappadingue, vraiment décalée, « Eye » est une sorte de jerk pour brontosaures affamés guidés par un démiurge venu d’une planète que même Lovecraft ne saurait imaginer. Le jeu de batterie est démentiel, la fin est hyperbolique. On plonge dans une véritable « torture sonique » et on en redemande. Les guitares qui détruiront la terre prophétisées par ce cher Lester Bangs il y a plus de quarante ans à propos, il me semble, d’un vieux disque de BLUE OYSTER CULT (dont le parallèle avec le discours occultiste d’un NEUROSIS serait à réaliser) sont bien présentes. A la fin hystérique à souhait, on arrive à un sommet dans une angoisse bien achevée, illustrée par une batterie ultra lourde et une atmosphère doomesque cataclysmique qui balaie tout sur son passage.

« Purify » est plus psychédélique dans sa construction mais un psychédélisme noir qui n’annonce rien de bon, avec l‘utilisation d’un violoncelle et des bruits samplés non identifiés. Et les guitares, de nouveau, surgissent sans prévenir. On appellera ce genre d’intervention du « jump scare » auditif. Ce morceau malade est une sorte de blues surpuissant avec des riffs de panzer se métamorphosant avec des vocaux démoniaques et une batterie tribale en atmosphère anxiogène totale, se terminant presque par une osmose mystique rare.
Et l'odyssée au-delà de l'enfer continue avec cet impressionnant « Locust Star » qui nous fait transpirer (au moment où j’écris, je sue sous les aisselles !!). Une batterie toujours aussi primitive, un hurlement et une mélodie triste vous envahissent. Les vocaux désespérés sont d’une haine unique à deux minutes dix-huit, et toujours ces guitares « sludge » qui vous laminent le conduit auditif, démontrant un incroyable crescendo tout en tensions diaboliques. Et vous vous prenez dans la tronche un impérial riff hardcore de la mort qui vous fait dire à ce moment précis que vous écoutez certainement le meilleur groupe du monde.

« Strenght of Fates » démarre encore par des collages qui nous plongeraient presque dans un univers « tarkowkiesque » corrigé par Dario Argento. Le travail sur les textures est ahurissant et on entend une ballade avec des échos cosmiques. Une ballade (avec des notes de piano) qui a fait pleurer une amie à une époque. Ce trip cafardeux ferait passer l’intégrale de JOY DIVISION (une des inspirations de nos névrotiques punks) pour la fanfare locale de votre village. Puis la batterie martiale apparaît, les vocaux cosmiques se transforment progressivement en psaumes incantatoires. On dirait une procession inhumaine qui se mue en transe mortifère. On atteint ici le désespoir absolu. Non seulement les membres de NEUROSIS évoquent l’apocalypse mais prédisent un après armaggeddon encore plus effroyable. Et à sept minutes dix exactement, la pièce devient folle, les grattes qui étaient bien évidemment une nouvelle fois de plus aux aguets retentissent et vous avez intérêt à vous repentir. A l’instant, j’en ai la chair de poules car ça crache sa race. Comme on dit à Marseille, « c’est la guerre » car à neuf minutes quarante-trois, le titre prend une dimension wagnérienne incroyable avec un grunt inquisiteur qui anéantit toute trace de vie.

« Become the Ocean » est inscrit encore par des collages avec des « spoken words » agressifs. « Aeon » commence par une musique accablée, une basse d’une lourdeur phénoménale accompagnée d’une batterie, puis cette rythmique noise hardcore qui nous surprend encore. Survient un passage relativement calme, puis des riffs en béton armé apparaissent, avant que les guitares ne se désintègrent pour laisser place au violoncelle qui clôt l’aspect tragique de cette insensée entreprise. Reste le dernier morceau dénommé « Enclosure in Flame » toujours aussi sinistre qui clôt ce carnage hallucinatoire mais qui se révèle un poil trop longuet.

Ultra violente, cette œuvre fondue littéralement au noir est de ce fait une expérience intense qui explore l’inconscient noir de votre psyché. On peut évoquer sans problèmes à son sujet une fantastique catharsis qui pourrait vous guérir quasiment de toutes vos névroses.

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- Scott Kelly (guitare, chant)
- Dave Edwardson (basse, synthétiseurs, chant)
- Jason Roeder (batterie)
- Steve Von Till (guitare, chant)
- Noah Landis (orgue, piano, samples)


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