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MUSIQUE CONTEMPORAINE  |  B.O FILM/SERIE

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B.O FILMS/SERIES

1989 The Abyss
2003 Predator
2007 Beowulf
 

- Membre : Bande Originale De Film

Alan SILVESTRI - The Abyss (1989)
Par BAKER le 17 Octobre 2018          Consultée 880 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Film testament des années 80, "The Abyss" de James Cameron est probablement la meilleure définition du mot dichotomie (certains détestant le film lui ajouteront le terme manichéisme) ; le noir et la lumière s'y affrontent de façon frontale et permanente. Il est cependant troublant de se rendre compte, à l'écoute de ce disque, que sa musique l'est tout autant.

Il est impossible de parler de la musique d'Abyss sans évoquer son tournage. Film techniquement exigeant, pour ne pas dire projet fou, Abyss porte bien son titre : ce sont des abîmes de désespoir dans lesquels ont été noyées l'équipe technique et la distribution. Un tournage catastrophique où Cameron a poussé tout le monde à bout, en particulier ses acteurs qui en ont été traumatisés à vie. La genèse de ce long-métrage a été disséquée en long et en large dans un making-of, un des premiers à avoir été vendus au grand public et sans conteste un des plus passionnants et impressionnants qui soient. A chaque anecdote, chaque défi technique, chaque idée, on est bluffés par le culot de Cameron, sa passion, sa folie destructrice.

Rambo III avait déjà une sérieuse réputation de tournage merdique, Abyss l'année suivante a selon ses participants largement explosé les compteurs. Ed Harris en particulier a bien failli ne pas en réchapper (entre autres anecdotes : un auto-empoisonnement par ses propres pets à base de chou qui le firent vomir dans son casque (véridique), ainsi qu'un "nervous breakdown" qui le fit stopper sa voiture net au milieu de la route, incapable de faire autre chose que pleurer). Un film compliqué, dont la production fut pénible jusqu'au bout : le studio décida d'amputer l'histoire de 20 minutes, laissant de côté entre autres la scène quasi-finale d'un raz-de-marée géant. Double coup dur : la novélisation du film signée Orson Scott Card reprenant l'intégralité du scénario, de nombreux fans frustrés ne tardèrent pas à demander où était passé ce fichu tsunami. (Au moins, le montage coupé fut fait de fort belle manière, n'est-ce pas la pieuvre géante des Goonies ?)

Un tournage effroyable donc, mais qui faisait miroir au propos du film : le dépassement de soi à travers l'amour de l'autre, même dans les plus extrêmes circonstances. Le film ne cesse de mettre en parallèle (de façon un peu naïve j'admets) les méchants vilains pan-pan tout noirs et une vie supérieure à la nôtre colorée de partout. Prenant la place d'un James HORNER trop occupé, Alan SILVESTRI, déjà consacré star avec des musiques pour deux autres mastodontes des années 80 que furent Robert Zemeckis et John McTiernan, se devait d'illustrer ce clair-obscur à travers deux facettes de son talent, et c'est très exactement ce que va vous restituer ce disque : une première partie difficile et plongée dans les ténèbres, avant l'éclat de lumière salvateur.

Les parties mélodiques des deux premiers tiers sont effectivement très sporadiques, comme des flashs fugaces. Le "Main title" majestueux est coupé net et il faudra attendre 30 minutes pour retrouver une écriture orchestrale purement thématique ; le reste du temps, SILVESTRI plonge son orchestre dans des gouffres de noirceur (l'étouffant "Search the Montana"), claustrophobe son auditeur (le synthétique et Eric SERRA-esque "Bud's Big Dive", "The Pseudopod" où des bribes de thèmes s'esquissent avec parcimonie), plagie quelque peu son Back To The Future lors des scènes d'action purement illustratives. "Lindsey Drowns", macabre, glaçant (c'est le cas de le dire), ne laisse poindre aucune note, aucune harmonie un tant soit peu positive.

Deux tiers de disque sombres, difficiles d'écoute parfois, d'autant que le son n'est pas particulièrement bon (beaucoup de bruits de fond, de soucis techniques). Mais SILVESTRI cachait bien son jeu. Il développe sur "Resurrection" quelques fondements, caresse délicatement ses thèmes, avant de terminer le disque sur douze minutes qui comptent parmi les plus belles, les plus époustouflantes des années 80. La grandiloquence de l'orchestre, les choeurs cristallins, la magnificence des différentes mélodies, deux thèmes s'entrechoquant, l'un représentant la puissance tellurique, l'autre celle du simple lien entre deux êtres : SILVESTRI tape très fort, va droit au coeur. Difficile de retenir ses larmes devant tant de générosité. C'est un peu pompier oui, mais c'est si universel qu'on pardonne très vite les excès. Surtout lorsque seul le choeur, pur, immaculé, est mis à l'honneur avec un minimalisme brillant.

Vous souvenez-vous de ces plats de choux de Bruxelles cramés que votre môman vous infligeait sous peine de ne pas avoir de mousse au chocolat ? Abyss, c'est ça. La face A (et une bonne partie de la B !) n'est franchement pas aisée, il y a même un ou deux titres totalement oubliables, mais la récompense finale est si gourmande qu'on est prêt à toutes les concessions. Au cinéma, Cameron aura finalement sa revanche : le succès insolent de son Terminator 2 lui donnera les fonds nécessaires pour qu'Abyss ressorte en salles en version complète ; et pour la musique, l'album de SILVESTRI est récemment ressorti en version étendue. Si icelle est à conseiller pour les archi-fans, c'est bel et bien l'originale, avec sa qualité sonore dégueulasse et son parti-pris clair de garder le meilleur pour la fin, qu'on conseillera le plus. Un grand film un peu malade, un disque itou : laissez parler votre coeur.

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- Alan Silvestri (composition)
- Patti Fidelibus (contraction de l'orchestre)
- Sally Stevens (contraction de la chorale)
- James Campbell (orchestrations)


1. Main Title
2. Search The Montana
3. The Crane
4. The Manta Ship
5. The Pseudopod
6. The Fight
7. Sub Battle
8. Lindsey Drowns
9. Resurrection
10. Bud's Big Dive
11. Bud On The Ledge
12. Back On The Air
13. Finale



             



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