C’est un homme de passions Al STEWART. La musique, l’histoire, le pinard. Ce n’est pas parce qu’on n'a pas une image de star rock’n’roll complètement destroy qu’on ne peut pas apprécier l’alcool après tout. De toute façon, comme tout ce qu’il fait, Al le fait avec plus de classe que les autres parce que lui c’est le bon vin qui le passionne, pas la binouze ou la vodka. Et comme c’est un type plein d’idées, il s’est dit qu’il allait dédier un album à cette passion. Laurence Juber, le producteur qui l’avait déjà suivi sur le concept historique dans l’album précédent, lui dit une nouvelle fois banco, et nous nous retrouvons ainsi avec Down in the Cellar, ce qui signifie « En bas dans la cave » et qui me rappelle qu’il faut que je descende nourrir mon ex.

Je le dis tout de suite, cet album est pour moi le plus représentatif de la force tranquille qui fait que j’aime tant cet artiste. On n'est pas face à un chef-d’œuvre comme Modern Times ou Year Of The Cat, mais face à une collection de chansons toutes sympathiques et appréciables, avec un STEWART qui se fait plaisir, ce qui se sent dans son interprétation impeccable, des musiciens inspirés (particulièrement Juber, le producteur, qui tient les guitares lead et qui s’y illustre tant à l’acoustique qu’à l’électrique), et des paroles amusantes où l’amour d’Al pour le vin et occasionnellement pour l’histoire se fait sentir (« Franklin’s Table » qui raconte un dîner chez Benjamin Franklin, « Tasting History »…).

On retrouve un son folk-rock très smooth, sans grande ambition, mais qui fond avec plaisir sous la langue, et même si l’ambiance est détendue, le tempo peut s’élever et on ne s’ennuie pas. C’est un plaisir simple et tranquille. La voix de STEWART est accueillie comme un vieil ami qui n’a plus rien à prouver et dont la présence est rassurante, légère et spirituelle. Je retiens particulièrement « Turning It Into Water » qui évoque avec un ton amusant la détresse d’un passionné de vin dont la cave trop humide a gâché sa précieuse collection (« All my wine tastes like the rain »). Le tempo est enlevé et les solos de Juber sont superbes, on se régale.

« The Night That The Band Got The Wine » est une histoire amusante elle aussi où un milliardaire fête son anniversaire sans qu’un seul invité ne se pointe à cause d’une tempête, et qui finit par se pinter aux grands vins avec le groupe qu’il avait engagé pour animer sa soirée. Le titre peut paraître long avec ses six minutes si on ne fait pas attention aux paroles, mais quelques idées musicales sympa maintiennent l’intérêt, et l’histoire que nous conte Al STEWART avec son talent habituel est très plaisante.

Tous les titres coulent cependant avec plaisir, mélodies simples mais belles, interventions diverses des musiciens, ni trop présents ni trop absents. On sent encore l’influence de l’album précédent puisque l’ambiance est globalement acoustique, sans claviers à part le piano, la guitare électrique n’apparaissant que pour de beaux solos. On a en revanche un peu de violons, d’accordéon, beaucoup de guitare acoustique et de la batterie pour un équilibre parfait en ce qui me concerne, moi qui ai du mal avec le tout acoustique (le titre « Soho », simple et sublime, est fait pour me faire changer d’avis).

Il n’y a aucun titre pouvant faire crier au génie dans cet album, mais la maîtrise et l’équilibre qui y règnent sont pour moi un petit miracle. Je lui attri-bue (on reste sur la thématique de l’alcool, la bonne blague hein ?) donc un bon petit 4. Cette galette est un petit plaisir de tous les instants. Et pourtant, je n’ai jamais pu blairer le pinard.