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- Membre : Arena

FROST* - Experiments In Mass Appeal (2008)
Par BAKER le 21 Septembre 2018          Consultée 1230 fois

FROST* ne devait être qu'un projet éphémère et ponctuel. Il finira d'ailleurs, par la force des choses, par le devenir. Mais en attendant, nous voici en l'an de grâce 2008 qui se trouve être, stupeur, un peu après 2006. Oui je sais, mes connaissances vous éblouissent. Et attendez, dans mon immense mansuétude, je vais vous faire un aveu : entre 2006 et 2008, il y a eu 2007. Une année entière, 365 jours (prenez des notes, je vais pas répéter), pendant lesquels Milliontown, le premier et sublime album de FROST*, a continué de bien, de très bien se vendre. Et Jem Godfrey a continué de bien, de très bien déprimer.

L'homme est un petit génie, un sorcier des claviers et un mélodiste hors-pair, mais il est aussi, de son propre aveu, dépressif et bipolaire. Les aléas de la vie l'ont conduit à ne pas apprécier le succès comme il se devait - et rappelons qu'il gagne "officiellement" sa vie en écrivant des tubes pop pour des artistes pas forcément proches de ses amours premières. C'est donc le moral un peu miné qu'il entame l'écriture de ce second album, et la couverture en donne le ton : sombre, noir ébène. Mis à part quelques éclaircies, dont le premier titre qui donne bien le change, l'ambiance de ces expériences reste crépusculaire, à la limite du suicidaire.

Les musiciens sont peu ou prou les mêmes que dans Milliontown. Les synthés n'ont pas fondamentalement changé, mais l'inspiration donne une tonalité totalement différente. Avant tout, si la production est toujours fourmillante de détails, le brickwall déjà ennuyeux devient ici carrément casse-burnes. Ecouter cet album en entier, au-delà de ses défauts purement musicaux, est une torture auditive. Ce qui dessert fortement les bons passages ; en effet, autant le dire d'emblée : même au 36ème dessous, Jem arrive encore à pondre de bons refrains. "Experiments" donc, qui avec sa longue durée et son côté épique ferait presque un album à elle seule, "Pocket Sun" presque guillerette, et la complexe "Dear Dead Days" aussi remplie à craquer : quelques minutes mais assez d'idées pour remplir un album de progressif (19 de Kendji GIRAC).

Malgré une beauté de façade, le disque fait ressortir les problèmes de son créateur au lieu de servir de filtre passe-bas des émotions. D'abord, si pour vous Milliontown flirtait avec le metal progressif, attention danger, Experiments va bien plus loin dans le caractère couillu et sauvage des riffs de guitare. Ensuite, comme c'est du prog, on s'attend à ce que les parties violentes soient équilibrées avec de la pop et des ballades, or ici on assiste plutôt à une guerilla, les transitions chaud / froid étant presque toutes trop abruptes, plus gênantes que malignes, trop robotiques, sans réel apport dynamique ou émotionnel. Prenez "Saline" : chanson formellement jolie avec un refrain intéressant, mais au couplet qui tente désespérément d'être GENESIS à la place de Steve HACKETT.

Les chansons trop personnelles se suivent et se ressemblent (le segue "You/I" n'a pas vraiment sa place), les agressions riffesques s'accumulent un tantinet trop, et surtout contrairement à Milliontown, peu de mélodies sont mémorisables (à l'exception donc de ce premier titre salvateur). Le dernier clou du cercueil concerne l'ultime piste : 15 minutes au compteur, mais ne rêvez pas d'un nouvel epic glorieux et brillant. Il s'agit de trois pistes séparées, une chanson bourrine au final raté, une piste d'ambiant dont l'inintérêt approche celui, insondable, qui qualifie les 4 milliards de minutes clôturant Open Your Eyes de YES, et au milieu, un titre assez puissant, très sombre, très personnel et cathartique, franchement réussi, mais... qui n'a rien à voir avec FROST* tel qu'on le connaît ou croyait le connaître.

Et cette chanson noir corbeau de nous faire nous demander si ce second opus de FROST* avait une réelle raison d'exister en tant que tel, plutôt qu'un album solo où Godfrey aurait pu exorciser ses démons en lorgnant vers NINE INCH NAILS, sans risquer d'abîmer son nouveau jouet tout neuf (et dont tous les enfants du village sont jaloux). La suite du parcours sera encore plus jonchée d'obstacles, la santé mentale et physique de Jem associée à une utilisation spectaculairement nocive des réseaux sociaux condamnant FROST* à la semi-hibernation qui lui était prévue dès le début. Mais si l'appel à la masse n'a pas été entendu, restait au groupe une ultime expérience avant the big dodo : l'exercice révélateur du live.

Note finale : 2,5

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- Jem Godfrey (chant, claviers, prog)
- John Mitchell (chant, choeurs, guitare, violon)
- John Jowitt (basse)
- Andy Edwards (batterie)
- Declan Burke (chant, guitare)


1. Experiments In Mass Appeal
2. Welcome To Nowhere
3. Pocket Sun
4. Saline
5. Dear Dead Days
6. Falling Down
7. You / I
8. Toys
9. Wonderland



             



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