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1998 Liquid Tension Experi...
1999 2
2021 3
 

- Membre : King Crimson, Transatlantic, Peter Gabriel , The Winery Dogs
- Style + Membre : Dream Theater, Jordan Rudess

LIQUID TENSION EXPERIMENT - Liquid Tension Experiment (1998)
Par BAKER le 19 Décembre 2018          Consultée 2494 fois

Et si les dieux existaient vraiment, nous feraient-ils ce qu'on appelle communément des "cadeaux des dieux" ? En 1998 en tous cas, les membres de DREAM THEATER, et notamment Mike Portnoy à la batterie et John PETRUCCI à la guitare, étaient considérés comme des demi-dieux dans leurs domaines respectifs. Curieusement, le semi-flop tant critique que commercial de Falling Into Infinity aurait pu entamer leur aura auprès des fans de virtuosité ; ce ne sera pas le cas. Et c'est probablement l'objet nous intéressant aujourd'hui qui a changé la donne.

LIQUID TENSION EXPERIMENT, c'est d'abord une sacrée association de malfaiteurs. Aux deux monstres pré-cités vient s'ajouter Jordan RUDESS. Le alors encore chevelu pianiste n'est pas un inconnu : il avait été pressenti pour remplacer Kevin MOORE, refusant le poste pour des raisons personnelles. Ce disque enregistré en une semaine est pour lui l'occasion de se venger, montrer ce dont il aurait été capable s'il avait intégré DREAM THEATER. Et à la basse ? Evidemment, ils auraient pu prendre John Myung, qui est un bassiste hors-normes et très sous-estimé. Mais leur choix se portera sur Tony Levin, et c'est sûrement la meilleure idée de ce disque. Original, drôle, impulsif et classe, l'immense bassiste apportera en effet, outre une virtuosité irréprochable, une identité un peu fusion et humoristique dont lui seul est capable.

Le résultat est donc un disque de huit titres, dont 4 "epics", plus une jam en guise de bonus. Huit titres et pratiquement rien à jeter, notamment grâce à un tracklist absolument parfait ; mais avant d'aller plus loin dans les superlatifs, il faut bien définir le style : c'est de l'instrumental, progressif, un peu axé metal, un peu jazz fusion mais harmoniquement sobre, et surtout c'est volubile, TRES volubile. Si vous ne supportez pas le shred et les envolées de notes par millions, surtout restez très loin de ce disque dont le but avoué est de donner dans la démonstrativité la plus pure et éhontée. A une exception près, tous les morceaux de cette "expérience" comportent des passages techniques incompatibles avec le goût de certains, et c'est non négociable.

Cette précision effectuée, les courageux qui sont restés pourront savourer la suprême excellence de ces instrumentaux barges, furieux, qui partent parfois dans tous les sens mais sont d'une mélodicité im-pa-ra-ble. C'est ce qui saute aux oreilles, après le déluge de notes : le nombre très impressionnant de thèmes et de riffs (voire de grooves signés Tony) qui restent gravés dans la tête, et pour longtemps. "Paradigm Shift" est une parfaite introduction : après une minute furibarde en mode "apocalypse zombie" où les trillions de notes pleuvent comme vache-qui-pîsse, un thème se construit, simple, simplet même, avant d'aboutir en l'espace de quelques secondes, et des retournements harmoniques bien pensés, à un véritable déluge émotionnel ccomme seul le PETRUCCI des années 90/2000 savait en livrer. La construction est parfaite, la cohésion impeccable, et le groupe de retomber sur ses pattes avec une facilité déconcertante. On a envie de tendre les poings en avant et de s'envoler avec ces Supermen !

Les autres epics ne seront pas en reste : le riff drivant genre "allez Marcel, remets-nous ça" de "Kindred Spirits", un "Universal Mind" au pont pianistique mémorable avant une fin en forme de clin d'oeil à se tordre de rire, un "Freedom of Speech" hallucinant avec sa résolution harmonique qui dure pas trois secondes, pas trente, mais trois solides minutes pendant lesquelles Jordan et Mike font monter la sève jusqu'à la jouissance la plus extatique. C'est deux accords. Juste deux accords. Ca suffit pour en mettre jusqu'au plafond. Entre ces morceaux d'anthologie, qui mélangent la virtuosité du jazz rock et les constructions prog tout en restant d'une accessibilité folle, le quatuor place des interludes totalement frappadingues entre du Peter GABRIEL sous acides et du ZAPPA, montrant la bonne humeur règnant en studio.

Et un peu avant la fin, comme pour calmer le jeu, vous avez "State of Grace" (hommage au magnifique film de Phil Joanou, après le "Hell's Kitchen" de DREAM THEATER ?). Une ballade piano / guitare, rien de plus. Et c'est extraordinaire de beauté. Ici, aucune virtuosité, une mélodie simple, un tempo lent, on est limite plus proche de Richard CLAYDERMAN que de RETURN TO FOREVER, et pourtant c'est impressionnant de... grâce, justement. Un bijou pur, et qui est la preuve ultime que la "technique" est une approche impondérable, puisqu'en live, ce morceau délicat et à priori simple sera le SEUL que le groupe se montrera incapable de rejouer correctement !

Vous pourrez écouter la jam finale... ou pas ; clairement une bonus track visant à montrer l'ambiance studio, elle est musicalement très frustre, pour ne pas dire inintéressante, à part quelques toutes petites bribes. Curieusement - enfin, non, pas du tout si on y réfléchit bien - ce sont les riffs les plus simplistes qui fonctionnent le mieux. On peut supprimer cette piste pour finir sur "Universal Mind" exsangue, vidé par tant de générosité et de bonne humeur. Alors oui c'est gratuit, oui Patator Portnoy en fout partout, oui les sons de clavier de Jordan sont au Checkpoint Charlie du bon goût, mais rarement un disque instrumental aura autant transpiré le bonheur de faire de la musique. De mythes vivants, les deux membres de DT en deviendront intouchables ; et si ce n'en est pas stricto sensu, ce disque me semble idéal pour appréhender le genre jazz-rock, puisqu'il ne lui manque que quelques harmonies méchantes pour "en être". Un disque aussi exceptionnel que sa pochette est hideuse, et un achat indispensable pour les amateurs de prog instrumental.

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- John Petrucci (guitare)
- Jordan Rudess (claviers)
- Mike Portnoy (batterie, percussions)
- Tony Levin (basse, chapman stick)


1. Paradigm Shift
2. Osmosis
3. Kindred Spirits
4. The Stretch
5. Freedom Of Speech
6. Chris And Kevin's Excellent Adventure
7. State Of Grace
8. Universal Mind
9. Three Minute Warning



             



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