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George HARRISON - Living In The Material World (1973)
Par LONG JOHN SILVER le 3 Octobre 2015          Consultée 4951 fois

George HARRISON avait été le premier Beatle à publier un disque en solo avant la séparation des fab four, puis en 1970 il obtient – seul - la consécration grâce au chef d’œuvre intemporel qu’est devenu All Things Must Pass. L’année suivante c’est au tour de Concert For Bangladesh – autre succès, autre fait marquant de sa carrière - de voir le jour. Cependant, il faut attendre 1973 pour connaître la suite de son œuvre, or s’il s’agit de nos jours d’un délai plutôt habituel entre deux parutions, cela constituait presqu’une éternité pour l’époque.
Il convient toutefois de noter qu’il y avait de quoi être intimidé par pareil triomphe public et critique, or on a beau être un ex-Beatle, avoir tout connu, tout vu, on n'en demeure pas moins homme. Surtout qu’une fois atteintes les cimes Himalayennes du succès tout azimut, on ne peut qu’en redescendre. George n’est pas un idiot, il se sait attendu au tournant, d’autant que du côté de ses ex-camarades le bilan est mitigé depuis l’an de grâce 1971 (1) : Macca a publié deux disques qui ont fait se déchaîner la critique, John n’a rien trouvé de mieux que de faire signer et chanter à Yoko la moitié des chansons de Sometimes In New York City (2) et Ringo n’a pas donné suite à ses efforts solo parus tous deux en 1970.
Pourtant, le quiet one n’aura pas à rougir de ce nouvel opus, seul album d’un ex-Fab enregistré dans le studio Apple (3) construit spécialement pour eux à la fin des sixties puis détruit en 1975. Onze titres sont proposés au public, George ne nous refait pas le coup du disque à rallonge malgré la durée de son absence, pas plus qu’il ne tente de reproduire le Wall of Sound cher à Phil Spector, d’autant qu’il produit seul son nouvel effort. De même il s’entoure d’une équipe restreinte de fidèles puisqu’outre Ringo et Jim Keltner à la batterie, on retrouve Klaus Voormann, l’ami Hambourgeois à la basse, Gary Wright (SPOOKY TOOTH) et Nicky Hopkins aux claviers, Harrison assumant – et avec quel brio - quasiment toutes les parties de guitare.

Passer après All Things Must Pass, fut-ce trois ans après, était une gageure, aussi Living In The Material World ne rencontrera pas la reconnaissance à laquelle il pouvait prétendre, car il sera inévitablement apprécié à l’aune de son prédécesseur, chose qui ne pouvait que lui nuire. Reconnaissons que cet album n’est toutefois pas parfait puisqu’en dépit d’arrangements classieux, quelques titres lancinants, plutôt regroupés en deuxième partie d’album, où la voix plaintive du chanteur est mise en avant, contribuent à laisser un sentiment d’uniformité trompeur. D’autre part, les critiques de l’époque pointeront ses textes à connotation mystico-politique, reprocheront leur aspect donneur de leçons, doutant de la sincérité des propos quand LENNON passait entre les gouttes grâce à une écriture caustique où l’humour faisait mouche.

Pourtant, à y regarder de plus près et pour peu qu’on ne brandisse pas All Things Must Pass en mètre-étalon, ces reproches paraissent bien sévères. Déjà, « Give me Love... », seul single extrait de cet album, est une petite merveille pop absolue dont le feu sacré étincelle de mysticisme, car force est de constater que l’ami George y déclame ouvertement sa croyance en un au-delà bordé de pureté spirituelle. On retrouve ce thème du salut de l’âme au travers le titre éponyme, une excellente composition où sont évoqués – non sans humour – les autres BEATLES, la gloire qui accompagna le groupe ainsi que son caractère futile, puisque la mort se chargera bientôt de tout balayer. De la course pour la gloire il est surtout question dans « The Lord Loves The One (That Loves The Lord) » - encore une réussite -, où le quiet one en profite pour épingler les politiciens au service d’un modèle de société destructeur. C’est bien en raison de pareilles chansons que l’ex-Beatle devenu riche s’est fait brocarder, car l’homme est connu pour être âpre en affaires ; devenu un habitué des prétoires il peinera à convaincre les auditeurs de sa sincérité. D’ailleurs « Sue Me, Sue You Blues », superbe blues où brille à nouveau la guitare slide, évoque clairement les démêlés judiciaires provoqués par la séparation de son ex-groupe.
« The Light That Have Lighted The World », originellement destinée à Cilla Black, mentionne quant à elle les critiques qui accompagnent chaque changement dans la vie d’une personnalité en vue, manière de répondre à ceux qui sont restés attachés au « bon vieux temps ». Sans quoi « Don’t Let Me Wait Too Long » aurait pu être un autre tube potentiel, néanmoins sa sortie en single fut annulée par le label sans explication. Notons que « Who Can See It » rappelle furieusement Roy ORBISON, et pour cause, Harrison reconnaîtra avoir été inspiré par le géant à la voix en or pendant la composition de ce titre éthéré.
« Be Here Now » (4) et « The Day The World Gets Round », bien que belles, font partie de ces chansons contemplatives qui ont laissé les auditeurs sur leur faim. Tout comme « That Is All », quelque peu redondante comparée aux réussites qui parsèment l’opus, pourtant Harry NILSSON donnera une interprétation remarquable de cette dernière, de bien meilleure facture que sa version originale, mais beaucoup savent qu’Harry était un alchimiste qui transformait en or ce qu’il chantait. Autre titre repris par un artiste pop majeur (5), « Try Some Buy Some » fut créée par Ronnie Spector, elle est ici interprétée dans la même tonalité, chose qui ne convenait pas forcément à George, mais elle possède en revanche une emphase bienvenue au milieu d’une poignée de chansons au tempo langoureux.

On notera également que la sortie de Living In The Material World fut quelque peu contrariée par des problèmes de calendrier, la plupart des titres furent écrits entre 1971 et 1972, Harrison en peaufinera les enregistrements jusqu’au au début de l'année 1973 puis choisira de le publier après le Red Rose Speedway des Wings et surtout après la sortie des compilations - rouge et bleue – retraçant fabuleusement la carrière des BEATLES. Histoire d'éviter une concurrence trop rude. Aujourd’hui, loin du tumulte des 70’s, on se rend compte que ce disque, en dépit des contradictions affichées par son créateur (6), a formidablement bien vieilli, à la manière d’un grand cru. Distinction qu’il mérite amplement.

1) Année de parution de Ram de McCartney et de Imagine de Lennon
2) Arrrrrgggghhhh
3) Cependant les sessions se sont aussi déroulées dans la propriété de George
4) OASIS en a fait le titre d’un de ses albums
5) David BOWIE en 2003
6) Il suffit de jeter un oeil sur la photo de pochette où George qui prône pourtant l'humilité, reproduit la cène, le culte de la personnalité n'a pas (totalement) disparu… donc

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   LONG JOHN SILVER

 
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- George Harrison (chant, guitares)
- Gary Wright (claviers)
- Nicky Hopkins (claviers)
- Klaus Voormann (basse, saxophone)
- Jim Keltner (batterie)
- Ringo Starr (batterie)
- Bobby Keys (saxophone tenor)
- Jim Horn (saxophone, flûtes)
- Zakir Hussein (tabla)
- John Barham (cordes)
- Jim Gordon (batterie sur 9)
- Leon Russel (claviers sur 9)
- Peter Ham (guitare acoustique sur 9)


1. Give Me Love (give Me Peace On Earth)
2. Sue Me, Sue You Blues
3. The Light That Has Lighted The World
4. Don’t Let Me Wait Too Long
5. Who Can See It
6. Living In The Material World
7. The Lord Loves The One (that Loves The Lord)
8. Be Here Now
9. Try Some Buy Some
10. The Day The World Gets Round
11. That Is All
12. Deep Blue (bonus)
13. Miss O’dell (bonus)



             



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