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ROCK PSY- JAZZ PSY  |  STUDIO

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- Membre : Randy California

SPIRIT - Clear (1969)
Par LE KINGBEE le 2 Mars 2019          Consultée 1326 fois

Nous sommes maintenant en 1969 et SPIRIT est sur des charbons ardents entre des tournées harassantes et leur participation à la bande originale du film « Model Shop » du réalisateur Jacques Demy. Ils doivent boucler un troisième disque pour Ode Records et Lou Adler.
Quelques menues répétitions leur permettent de rajouter deux ou trois titres à l’arrache. En fait, les membres du groupe ne croyaient pas avoir suffisamment de matière pour enregistrer un disque complet. Si Jay Ferguson était jusqu’alors le principal pourvoyeur en matière de texte et de composition, cette fois-ci tout le monde a mis les mains non pas dans le cambouis mais dans l’encre afin de concocter 12 titres, de quoi faire un album.

A contrario de ce que pourrait laisser suggérer son titre, ce troisième opus restera pour de nombreux auditeurs le plus complexe à maîtriser. « Clear » a le défaut de ses qualités : si tout le monde a mis la main à la pâte, ce qui en soi n’est pas si mal et devrait dévoiler ce qu’on appelle communément un travail de groupe, c’est le contraire qui ressort de ce disque. Trop de créativité tue la créativité ! Effectivement, si les différents membres se sont collés à l’écriture, les diverses influences de chacun ne contribuent pas à offrir une trame précise au disque. Après de nombreuses écoutes, certains auditeurs ne pourront s’empêcher de se dire qu’on passe ici sans cesse du coq à l’âne, procédé qui fait mal aux oreilles et finit par lasser, comme le cri du coq, et dont on ressort avec un petit mal de tête.

Pourtant, tout commence bien avec « Dark Eyed Woman » et son intro de guitare à la sonorité indienne, une ligne de basse pleine de rondeurs et puis ce virage au bout d’une minute vers une combinaison de Jazz Psyché, le morceau se réorientant au bout de deux minutes vers un Rock Psy pas dégueu. Du Rock Psy, en revoilà justement avec « Apple Orchard », titre où la fusion entre les différents instruments semble de mise avec un gros travail de la section rythmique. Le groupe poursuit avec un petit modèle de Folk Rock Psy « So Little Time To Fly » qui a le mérite de ne pas s’éterniser. Cette face A se termine sur trois compos du chanteur Jay Ferguson. Si les trois titres rentrent de plein fouet dans le domaine du Rock Psy sur des rythmes diversifiés, « Ground Hog » risque de remporter le pompon.
La face B s’ouvre avec « Ice », un instrumental long de presque 6 minutes où Free Jazz côtoie les curieuses tendances psy du moment. Intrinsèquement, il n’y a pas grand-chose à dire sur le morceau. Le piano apporte de délicates touches à l’ensemble, la rythmique officie entre groove et expérimentation, les baguettes d’Ed Cassidy témoignent de l'aisance du vétéran dans les domaines du Jazz et du Rock ; enfin la guitare de Randy California titille la sonorité d’une cithare qui par de brefs moments est sensée nous amener vers la transe. La suite se gâte un peu : « Give A Life, Take A Life », un mélange bizarroïde de Folk Psy et d’Acid Rock tombant dans le gouffre du San Francisco Sound, fait penser à It’s A Beautiful Day, autre formation de la Baie. « I’m Truckin’ » a le mérite de nous sortir de notre torpeur grâce au chant et au jeu de guitare. « Clear », instrumental donnant son nom à l’album, nous fait retomber dans une étrange apathie ; l’assemblage des cordes menée par la guitare de California pourrait aujourd’hui servir d’accompagnement pour une séance de sophrologie. « Caught », création instrumentale de John Locke, nous emmène dans les turbulences d’un Jazz Psy mid tempo loin d’accrocher l’oreille. Le disque se termine sur « New Dope In Town », titre débutant sous la forme d’un Rock Psy californien classique mais se poursuivant sur les méandres d’un Jazz Psy mollasson avec un clavier aussi barbant qu’encombrant, pour finir en apothéose, mais le feu d’artifice aura été extrêmement court.

« Clear » reste l’album de SPIRIT le plus difficile à absorber. Le mélange de tendances oscillant sans-cesse entre Rock Psy, Jazz Psy, transes instrumentales parfois délirantes issues du San Francisco Sound, passages mélancoliques et séquences plus colorées à l’image de l’humoristique « Policeman’s Ball » dont les premières touches de piano pourraient servir de bande son à un film muet, perdent l’auditeur en route. L’impression que le groupe était au moment de l’enregistrement en bout de course ou plutôt sans assez de matière vitale prédomine aujourd’hui encore. Seul un tiers des titres parvient à attirer l’attention. A moins d’être fan invétéré, « Clear » ne vaut pas plus de 2,5.

Le disque a été réédité par Epic en 1996 avec quatre titres bonus contenant deux pistes d’un single Ode Records (« 1984 » couplé à « Sweet Stella Baby »), un inédit « Fuller Brush Man » et enfin « Coral » issu de la bande son du film « Model Shop ».
Cette chronique provient du vinyle CBS 63729, pressage allemand.

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   LE KINGBEE

 
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- Jay Ferguson (chant, percussions)
- Randy California (guitare, choeurs)
- John Locke (claviers, piano)
- Mark Andes (basse, choeurs)
- Ed Cassidy (batterie, percussions 3)


1. Dark Eyed Woman
2. Apple Orchard
3. So Little Time To Fly
4. Ground Hog
5. Cold Wind
6. Policeman's Ball
7. Ice
8. Give A Life, Take A Life
9. I'm Truckin'
10. Clear
11. Caught
12. New Dope In Town



             



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