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ROCK PSYCHÉDÉLIQUE  |  STUDIO

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- Membre : Randy California

SPIRIT - Spirit (1968)
Par LE KINGBEE le 20 Mai 2018          Consultée 2636 fois

1968 … une belle année, celle de nombreux changements tant au niveau socio-geo politique que musical. 1968 marque aussi les débuts de SPIRIT, groupe de Rock Psyché californien tendance Prog. qui sort coup sur coup deux albums.

Derrière le nom de SPIRIT, se cache le nom d’un jeune virtuose Randy Craig Wolfe. A 15 ans, le gars quitte la Californie et rejoint New York. Durant l’été 66, il intègre le Jimmy James & the Blue Flames, le groupe de Jimi HENDRIX qui le rebaptise Randy California. Alors qu’Hendrix fait exploser les compteurs en fondant The Jimi Hendrix Experience en Angleterre, le jeune Randy reste à quai, ses parents ne l’ayant pas autorisé à quitter le pays l’estimant trop jeune. Randy remplacera même Richie Blackmore, malade, lors d’une tournée américaine de DEEP PURPLE. Bref un prodige virtuose.

En 67, Randy qui a gardé son sobriquet California monte SPIRITS REBELLIOUS, nom inspiré par un roman de Khalil Gibran, avec son beau-père, le batteur Ed « Cass » Cassidy. La formation repose sur les cendres des Red Roosters dans laquelle jouaient, outre le beau-père, le chanteur percussionniste Jay Ferguson et le guitariste Mark Andes. Les quatre musiciens sont rejoints par l’organiste John Locke, ancien équipier de Cassidy au sein de plusieurs combos de Jazz. Le groupe se fait les dents à l’Ash Groove, célèbre club de Folk et de Blues de Los Angeles qui aura permis l’éclosion de nombreux jeunes artistes, et se transforme alors en SPIRIT sur les conseils de leur manager Ann Applequist.
Lou Adler, célèbre producteur, se déplace à l’Ash Groove pour voir le groupe en concert mais ne se montre pas totalement convaincu. Ann Applequist et Brian Berry, le frangin de Jan, membre du duo Jan & Dean que produit justement Adler, ne lâchent pas le producteur qui décide de revoir Spirit. Notre bonhomme n’est pas pressé outre mesure, il a récemment vendu Dunhill Records à ABC et vient de monter un nouveau label Ode Records. Adler vient de connaitre un fulgurant succès en publiant « San Francisco » de Scott McKenzie. Si la chanson est montée à la 4ème place du Hot 100, elle a également atteint la première dans de nombreux pays européens et devient la chanson emblématique du Summer Of Love. Oui mais c’est là tout ce qu’Adler a sous la main, le gars est à la recherche d’un nouveau groupe. La seconde audition se passe au Whisky A Go Go sur West Hollywood, Adler se déplace incognito et suite à sa bonne prestation le groupe est aussitôt embauché.

SPIRIT n’est pas un groupe comme un autre, les influences diverses des membres issus aussi bien des scènes Folk que du Rock ou du Jazz débouchent sur une coloration différente par rapport aux nombreuses formations West Coast. La présence de « Cass » Cassidy, beau père de Randy California, n’est également pas étrangère à cette sonorité, n’oublions pas qu’il est rare à cette époque qu’un des membres puisse être le père de ses équipiers.

Une partie des onze titres sera répétée et crée à Santa Monica, le groupe se rassemblant pendant un mois dans une maison située dans Topango Canyon, une enclave prisée de nombreux musiciens. Les cinq musiciens peuvent composer, répéter et jouer 24 heures sur 24, ils sont venus avec leur famille respective, un procédé qui leur permet de laisser libre cours à leur créativité. La seconde moitié des titres vient des morceaux que le groupe joue en concert depuis près d’un an.

De par leurs parcours respectifs et leurs influences, les cinq musiciens nous livrent un premier disque ne ressemblant à aucun autre. A travers un canevas emboitant Rock Psyché tendance West Coast, Acid Folk, Jazz auxquels viennent se méler de petits zestes de Prog. Spirit délivre un disque personnel (les douze titres sont issus de leurs plumes) se démarquant de la production de l’époque.
En ouverture « Fresh-Garbage » s’annonce dans une veine Jazzy, la basse bien ronde maintient un tempo entêtant tandis que les percussions apportent une teinte latino pour un titre qu’on pourrait qualifier d’avant-gardiste ; il ne reste plus qu’au clavier et à la guitare de s’engouffrer dans la brèche portée par un chant crépusculaire. Les composantes Jazz demeurent bien palpables sur plusieurs morceaux: « Gramophone Man » débute comme une ballade anglaise à mi chemin entre les BEATLES et les Sorrows se transforme au bout d’une minute en vraie pièce de Jazz. Le disque se termine avec « Elijah », un long instrumental combinant Free Jazz et Jazz Psyché dépassant les dix minutes peut être un trop long.

Si le Jazz demeure l’un des éléments du groupe, SPIRIT s’appuie également sur des ballades évoquant aussi bien les DOORS (« Mechanical World »), que la mouvance anglaise et notamment les KINKS (« Straight Arrow », « Topanga Windows »). La ballade Folk sert de base à l’aquatique « Water Woman » qui renvoie vers It’s A Beautiful Day, groupe de San Francisco. Les ingrédients Psyché sont renforcés sur « The Great Canyon Fire In General » dans lequel le groupe nous fait part des ses craintes au sujet d’incessants feux se propageant entre les montagnes de Santa Monica et les plages de Malibu, phénomène déjà en vogue il y a un demi-siècle. Le groupe saupoudre « Girl In Your Eye » d’un parfum oriental avec l’incorporation d’un sitar, apportant au morceau une pigmentation à la Ravi Shankar.

Au rayon des titres plus musclés, on ne retrouve que « Uncle Jack » très évocateur des WHO et des KINKS. Le Rock n’étant pas la composante majeure de ce premier disque. Terminons cet éventail par le titre le plus connu, hélas pour cause d’une triste polémique. Si l’instrumental « Taurus » débute sur un nappage de cordes avec une brève incorporation de mellotron pour une intro aussi mystique que céleste, le clavecin et la guitare acoustique prennent le relais au bout d’une quarantaine et là, surprise, on entend les arpèges débutant « Stairway To Heaven » enregistré deux ans plus tard par Led Zep. Chacun de nous se fera sa propre idée, dans mon esprit le titre de Led Zep fait figure de plagiat quant à son essence. Signalons qu’aucun des membres de Spirit ne portera la chose en justice, le groupe était au dessus de ces considérations. On sait que lors de sa première tournée US, Led Zep servait d’ouvreur au groupe de Randy California.

Ce premier disque sous estimé sera aussi mis en valeur par le biais d’une pochette avant dans laquelle le photographe Guy Webster* incorpore une partie des visages des différents membres pour n’en faire qu’un, un beau prisme photographique. Une pochette dont on se rappelle probablement plus que le disque lui-même.

Réédité à maintes reprises, cet album a connu une publication mono que nous déconseillons. Epic a édité en 1996 une version CD avec 4 bonus. Cette chronique provient de l’écoute du vinyle Columbia pressage allemand.

*Guy Webster est l’auteur de plusieurs pochettes de disques édités par Dunhill Records. Plus tard, il sera le concepteur de visuels de disques dits marquants : « Turn Turn, Turn » (The Byrds), « Sounds Of Silence » (Simon & Garfunkel), « Aftermath » (Rolling Stones), sans oublier plusieurs pochettes des Doors, The Mama & The Papas, ou Captain Beefheart pour ne citer que les plus connus).

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   LE KINGBEE

 
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- Jay Ferguson (chant, percussions)
- Randy California (guitare)
- Mark Andes (basse, chant)
- Ed 'cass' Cassidy (batterie, percussions)
- John Locke (claviers, mellotron)


1. Fresh-garbage
2. Uncle Jack
3. Mechanical World
4. Taurus
5. Girl In Your Eye
6. Straight Arrow
7. Topanga Windows
8. Gramophone Man
9. Water Woman
10. The Great Canyon Fire In General
11. Elijah



             



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