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ROCK PROGRESSIF  |  STUDIO

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1974 1 Rock Bottom
 

- Membre : The Soft Machine , Quiet Sun, Brian Eno , 801
- Style + Membre : Matching Mole

Robert WYATT - Rock Bottom (1974)
Par ONCLE VIANDE le 5 Janvier 2007          Consultée 21339 fois

Que puis-je dire sur Rock Bottom qui n’ait déjà été repris, amplifié et transformé ? Je ne m’étendrai pas ici sur les circonstances qui présidèrent à l’enfantement de cet album clinique, plus noir que blanc, rappelons néanmoins qu’à la suite d’une soirée bien arrosée et d’un accident toujours aussi mal expliqué, Robert Wyatt passera le reste de ses jours dans une chaise roulante, et que le présent album sera l’écho de ce traumatisme.
Rock Bottom appartient à la race sacrée des disques cultes et figure en bonne place dans ces bibles qui prétendent choisir pour nous les passages obligés de la musique populaire. Un disque de pèlerinage dit-on. Le pèlerin rock, homme pressé et souvent égaré, davantage soucieux de posséder que d’écouter, devra mettre de côté sa soif de connaissance et ses manies d’évaluation pour prendre le temps de la rencontre, car rencontre il y a.
Rock Bottom est une confidence, une invitation à l’intimité d’un homme brisé, une initiation à la douleur, à la méditation aussi, à l’espoir surtout. On en accepte l’offrande ou on la décline, on s’ouvre à lui comme on s’ouvre à autrui, avec la patience que cela exige et l’acceptation de sa propre vulnérabilité.
Rock Bottom est le réveil comateux au retour d’un bloc opératoire, le retour à la vie entre les murs blancs d’une chambre d’hôpital, une convalescence. Musique pour enfant et pochette naïve, contraste saisissant, l’insouciance de la plage, ballons et pâtés de sable : la joie. Musique aquatique, amniotique, c’est le retour dans le ventre de la mère, un refuge, un cocon, un battement cardiaque et une respiration sourde, une musique immobile : l’immobilité, justement…

Aux frontières du jazz, du progressif et de l’ambient, les couleurs de la machine, devenue bien molle depuis, ont déteint au profit d’une alchimie nouvelle. Rock Bottom évoque ce sentiment diffus de déjà entendu ; une musique que l’on connaît depuis toujours, si simple, si évidente, comme venant des tréfonds de la mémoire, d’une vie antérieure ou du ventre… encore.
Rock Bottom est un chuchotement, des maux susurrés, un cri silencieux et assourdissant, une émotion douce et violente. Rock Bottom est une lettre d’automne, celle qu’on décachette fébrilement par une matinée grise, dont on connaît pertinemment le contenu mais qui parvient encore à susciter appréhension et solennité. C’est aussi une retrouvaille, une réécoute annuelle, juste pour voir si la magie opère toujours… juste pour voir. Rock bottom est religieux, en cela qu’il invite à la communion, au recueillement aussi. Un Wyatt soigneusement entouré, accompagné, et en même temps terriblement seul sur son chemin de croix. Plus qu’une convalescence donc, une résurrection.
Et la musique dans tout cela ? Une pièce de joaillerie : six titres comme autant de pierres serties. Symétries, jeux de miroir, correspondances, enchaînements. Une voix tremblante et fragile, androgyne et aérienne. On en oublierait presque l’accomplissement artistique du disque, sa plastique sonore, ses trouvailles techniques, ses boucles chuchotées, sa chanson palindrome et ses accords réversibles, sa bande qui rebrousse chemin ; les audaces d’une musique émancipée mises au service du cœur et uniquement du cœur, si bien que toute remarque d’ordre esthétique en devient obsolète, déplacée. Musique simple et douce, mais pourtant dense et pesante, enivrante et désarmante. Pour un album qui se voulait « au plus bas », Rock Bottom évolue en des dimensions presque célestes.

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   ONCLE VIANDE

 
   MARCO STIVELL

 
   (2 chroniques)



- Robert Wyatt (batterie, claviers, chant)
- Hugh Hopper (basse)
- Gary Windo (clarinette, saxophone ténor)
- Ivor Cutler (claviers, voix)
- Mongezi Feza (trompette)
- Mike Oldfield (guitare)
- Alfreda Benge (voix)
- Fred Frith (piano, violon)
- Laurie Allan (batterie)
- Richard Sinclair (basse)


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4. Alifib
5. Alifie
6. Little Red Robin Hood Hit The Road



             



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