1992... quelques années d'existence et nous voilà déjà réunis pour le dernier acte de la carrière studio des SUGARCUBES. Le succès international du groupe a forcément une incidence sur les personnalités de ses composantes. BJORK Gudmundsdottir étant en permanence sous le feu des projecteurs, une carrière solo de première bourre attend la mignonne pour sûr, c'est en tout cas ce que pensent les spécialistes. Alors, les CUBES trouvent toutefois l'énergie de remettre le couvert. Vous remarquerez que la simplicité du design fait écho à la complexité des compos... Verte, grise, maintenant rouge, les pochettes se suivent et se ressemblent !

Quatre singles sont extraits de l'album. Le premier, "Hit", un gros succès, porte bien son nom. La vidéo nous montre une BJORK déjà entourée de ce monde enfantin fait de poupées et de couleurs criardes. Un énorme succès puisqu'il atteint la première place d'un des billboards secondaires US, le modern rock. Les éléments sont pop, avec les constantes trademarks des Islandais, une orchestration foisonnante et une chanteuse au centre des débats, annonçant clairement la couleur sur son avenir proche.

Le suivant est "Walkabout". La coiffure de la chanteuse sur le clip est tellement à son image, toujours décalée... Toujours très pop, pas désagréable mais pas vraiment remarquable. Au tour de "Vitamin" qui a le bon goût de nous replonger dans des effluves plus alternatives où survivent les influences Punks. Enfin, "Leash Called Love" est le dernier single de leur courte carrière, une gratte spatiale. SONIC YOUTH n'est pas si loin et l'ensemble sonne très expérimental, Einar intervenant ici comme sur de nombreux morceaux.

Parmi les éléments new-wave saupoudrés un peu partout, on retient notamment la rythmique cold de "Gold", ainsi que son refrain original, mon préféré de l'album. La guitare y déploie une belle énergie... Forcément, me direz-vous, puisque c'est John McGeoch (MAGAZINE, SIOUXIE, VISAGE) qui la tient ! Puis c'est une ambiance à la cool sur "Lucky Night", basse grassouillette et trompette aérienne, avec BJORK et Einar qui se renvoient la balle de manière assez efficace jusqu'au bridge punky, dans un environnement qui n'a pas dû déplaire à David BOWIE. Et inexorablement, on repart sur des données très new-wave avec "Hetero Scum", ne serait-ce que la batterie de Syggy, sur un chant très doux de BJORK.

"Happy Nurse" nous plonge dans une transe alternative de haute volée, alors que nous passons en mode crépusculaire sur une "I'm Hungry" lancinante à souhait et porteuse d'une certaine noirceur. On en termine avec "Chihuahua", qui est plus une bonne blague potache de répét, même si les "ouhouh" de la chanteuse sont d'une redoutable efficacité. Malgré la fin du groupe qui s'annonce, on ressent le plaisir qu'à la brunette de susurer le mot « Chihuahua » avec candeur mais érotisme.

Finalement, à mon goût, les compositions choisies comme singles sont parmi les moins trépidantes, et handicapent plus qu'autre chose le statut de ce dernier album, qui oscille entre un gros 3 et un petit 3.5. Je choisis donc de rester sur un trois, mais j'encourage vivement l'écoute de cet opus, plus réussi que son prédécesseur. Nous perdons les CUBES, mais BJORK s'apprête à prendre son envol, et ça reste une putain de bonne nouvelle !