EMJI doit avoir hâte de sortir son deuxième album, au bout de trois ans d'intense activité, si l'on s'en tient à la sortie de Folies Douces ! Bien aidée par son public qui finance le projet en partie, la jeune Normande/Haut-Marnaise flamboyante, suivant l'ancienne tradition, propose un single en avant-première, mais digital seulement bien sûr, comme le veut l'époque. Le jour où, tout comme les 33 tours, on reverra des 45 tours sur le marché, voire des CD singles, ce sera différent.

La pochette aurait pu être celle d'un album metal symphonique, style qui irait d'ailleurs fort bien à EMJI, ou metal seulement, mais cela pose un gros problème d'éthique dans notre pays, depuis toujours. La bienséance et la religion d'abord, des rappeurs comme gendres idéaux, mais tout plutôt que ces satanistes chevelus ! Puis le rock aujourd'hui, vous savez... Au moins, la pochette de "Vegas" a quelque chose de bien décadent !

Ça tombe bien, les paroles aussi. La narratrice ne se laisse pas démonter face à l'homme qui la trompe, la traite comme un objet jetable. Elle va bien plus loin et, à l'image du NAC (Nouvel Animal de Compagnie, on dit vraiment comme ça) dont EMJI s'entoure sur la pochette, il y a un effet hautement vénéneux. Séduisant ? Beaucoup diraient oui, pour votre serviteur c'est à voir, mais il est clair que tout est fait pour cela, jusqu'au nu des danseuses Marion Gallet et Justine Catala qui l'accompagnent en live, sur les versions concert déjà disponibles sur YouTube.

Le résultat studio ne change pas beaucoup, on entend juste du saxophone en plus de la trompette, avec une couleur mariachi bien sympathique. Et pour le coup, en opposition avec Folies Douces, la pop latino de "Vegas", au rythme zouk/merengue/reggaeton exotique, s'ancre complètement dans l'actualité. Trop ? Sans doute, mais ce n'est pas tant la musique que le refrain : Haut les coeurs, bas les pattes, c'est pas "Vegas", hélas ! Si l'on s'en tient aux paroles et au rythme, Aya NAKAMURA aurait pu le chant... l'entonn... pardon, l'entautotuner.

Oui mais voilà, il y a ce petit quelque chose en plus, même pendant le refrain, c'est la voix d'EMJI. La voix forte, perçante et belle à la fois, qui se déploie en choeurs incisifs du meilleur effet sur le final. La voix, et puis la musicalité aussi, renforcée grâce à la présence des nouveaux musiciens Christopher Thierry et Virginie "Wavi" Gère. Les claviers amples, la progression mélodique, quoique bizarre sur le refrain, rejoignent le chant dans l'idée que tout n'est pas seulement conformiste.

Il y a une forme de densité musicale qui donne envie d'aller plus avant, d'espérer un album plus surprenant qu'on le pense. Attendons, donc !