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1977 Been Gone Too Long

COMPILATIONS

1994 I'M A Mojo Man
2020 Mojo Man
 

- Style + Membre : Lonesome Sundown & P. Walker

LONESOME SUNDOWN - Been Gone Too Long (1977)
Par LE KINGBEE le 18 Mai 2019          Consultée 1057 fois

En 1977, le guitariste Lonesome SUNDOWN n’avait enregistré qu’un seul disque. Incroyable ou plutôt écœurant, comment un guitariste aussi talentueux n’a-t-il pas plus enregistré ? La faute à J.D. Miller, patron du label Excello, un gros blanc plein de soupe, sympathisant à ses heures du K.K.K, mais qui n’hésita jamais à se faire du pognon sur le dos de tout un tas de bluesmen louisianais.

On ne reviendra pas sur le parcours de ce fantastique guitariste (voir la chronique de « I’m a Mojo Man ») Rappelons simplement qu’en 1977 Lonesome SUNDOWN affichait à son compteur neuf titres gravés avec Clifton CHENIER, un avec Leroy Washington, un autre avec Rosco CHENIER et enfin 15 singles sous son nom publiés par Excello. En 1969, la firme de Crowley publie un album sobrement intitulé « Lonesome Sundown » dont le guitariste ne tire pas le moindre dollar.
Déçu de sa relation avec son producteur qui oubliait régulièrement de lui verser ses royalties, Cornelius Green quitte le chemin des studios, jurant tel le corbeau de la fable qu’on ne l’y reprendrait plus.

Lonesome SUNDOWN accumule toute une série de petits boulots dans la construction : maçon, conducteur de camions, grutier et intègre The Lord of Jesus Christ Apostolic of the Faith, congrégation pour laquelle il joue de la guitare. Quand il ne bosse pas ou ne joue pas au sein de la troupe de Gospel, Cornelius s’occupe de ses sept enfants.
En 1973, une rumeur circule selon laquelle il pourrait participer avec son ami Phillip Walker à une session pour Prince DIXON à Hollywood, mais il ne fera jamais le voyage. C’est en 1977 que Walker parvient à le sortir de l’ombre et l’amène en Californie où Bruce Bromberg et Dennis Walker (celui qui va lancer Robert CRAY) l’attendent pour une session d’enregistrement.

Les deux producteurs laissent carte blanche au guitariste et lui concoctent une solide équipe dans laquelle figure son ami Phillip Walker, tandis que Dennis Walker, non content d’officier derrière les consoles et à la production, se charge de la basse. On retrouve au gré des plages des musiciens peu connus mais rompus à la scène californienne : le batteur Franchot Blake (ex Dave Brubeck), l’organiste Ernest Vantrease (futur Ray Charles et B.B. King).
Le guitariste ne vient pas les mains vides, apportant une compo et trois autres coécrites avec Bruce Bromberg sous le pseudo de Daniel Amy. Dennis Walker, décidément très concerné, contribue lui aussi à trois chansons.
On se rend compte dès le premier morceau que Lonesome SUNDOWN n’a rien perdu de sa superbe. Contrairement à la majorité de ses faces Excello qui s’inscrivaient dans un registre Swamp Blues assez marqué, il s’éloigne cette fois-ci de son domaine de prédilection et offre des pièces oscillant entre California Blues et Chicago, deux registres qu’il maîtrise à merveille. Il règle ses comptes avec Miller, celui-là même qui l’avait affublé du sobriquet de Lonesome SUNDOWN, un personnage de Western dont était fan le producteur louisianais, à la stupéfaction du principal intéressé. Rythme lent, notes de guitares qui touchent la cible en plein milieu à chaque note, vocal intense et superbe travail tout en sobriété de la section rythmique pour un morceau capable de faire dresser l’épine dorsale de n’importe quel auditeur. Plus lent et avec le plein de douceur, « One More Night » semble voguer sur les eaux, porté par la voix du guitariste et une symbiose rare entre les deux guitaristes. Alors que certains ont besoin d’une cascade de notes pour se donner l’impression d’être un vrai bluesman, d’autres n’ont besoin que du nécessaire, une poignée de notes qui giclent tel un geyser.
Comme son titre peut l’indiquer, retour vers le Swamp avec « Louisiana Lover Man », un titre énergique proche du Rock'n'Roll louisianais agrémenté par une troupe de choristes qui semblent ravies d’être en si bonne compagnie. On regrette juste que le morceau ne dure que 2 minutes 30. On aurait bien aimé une petite rallonge. « Dealin’ From The Bottom Of The Deck » reprend la marque de fabrique du guitariste avec son intro fétiche qu’on retrouve dans plusieurs chansons. Là, on ressort comme happé, on vient d’échapper à la morsure de l’alligator.
SUNDOWN devient presqu'un chanteur de Jazz ou de charme sur « Midnight Blues Again » avant que le morceau se transforme soudainement en une merveille de Gospel. Un titre communicatif et plein d’espoir. S’il est rare que le guitariste se livre à l’exercice de la reprise, il étonne encore en se réappropriant «  Just Got To Know », un blues intense de Jimmy McCracklin l’auteur de « The Walk ». Une petite pépite à laquelle rendront hommage John MAYALL et Eli « Paperboy » Reed. Le Hoodoo fait partie intégrante des traditions de la Louisiane ; on prête à l’os de chat noir certaines propriétés aphrodisiaques et ensorceleuses, un thème souvent repris dans les environs du Mississippi et des bayous. Le « Black Cat Bone » joué ici n’est rien d’autre qu’une variante du « My Woman Has A Black Cat Bone » d’Albert Collins.
Le tempo bien que lent et langoureux se modernise sur « I Betcha » avec l’apport du saxophoniste David Li et l’enrobage d’une basse pleine de rondeur. « You Don’t Miss Your Water », l’un des rares succès de William Bell, ne s’oriente pas malgré son titre vers le Gospel mais vers un climat nostalgique. Repris par tout un panel d’artistes (Otis REDDING, The BYRDS, Jerry LEE LEWIS), SUNDOWN en délivre une version calme et sans esbroufe. Le disque s’achève sur « If You Ain’t Been To Houston », un Swamp Blues mid-tempo avec quelques envolées de sax.

Ce disque édité par Joliet ne rencontre guère de succès faute de promotion mais également parce que le Swamp Blues semblait être passé de mode. Les droits sont revendus au label de Chicago Alligator Records et à Sonet qui permettront au disque de connaître une notoriété plus conforme. En 1991, le label Hightone Records de Bruce Bromberg publiera une version CD avec un onzième titre « This Is The Blues ».

Un disque méconnu par l’un des acteurs essentiels du Swamp Blues. Artiste parfois torturé entre sa vie familiale, sa foi et son art, Lonesome SUNDOWN délivre ici un album simple mais de toute beauté. L’un des meilleurs disques de Blues de la décennie 70.

Cette chronique provient des écoutes du vinyle Joliet et du CD Hightone Records.

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   LE KINGBEE

 
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- Lonesome Sundown (chant, guitare)
- Phillip Walker (guitare 1-2-3-4-5-6-7-8-9)
- Tony Matthews (guitare 5)
- Dennis Walker (basse)
- Franchot Blake (batterie)
- Aaron Tucker (percussions 3-4-8)
- Choctaw Slim (percussions 7)
- Nat Dove (claviers 1-3-6-7)
- Ernest Vantrease (claviers 2-3-4-8)
- Bill Murray (claviers 5-9-10)
- David Li (saxophone 4-8-10)
- The Melody Kings (chœurs 3-5-9)
- Ina Walker (chœurs 6)
- Joyce Martin (chœurs 6)
- Vince Monroe (percussions 1-2-5-6)
- The Gaynotes (choeurs 5-6)


1. They Call Me Sundown
2. One More Night
3. Louisiana Lover Man
4. Dealin' From The Bottom Of The Deck
5. Midnight Blues Again
6. Just Got To Know
7. Black Cat Bone
8. I Betcha
9. You Don't Miss Your Water
10. If You Ain't Been To Houston



             



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