Pétard, 28 ans. 28 longues années. C'est le temps qu'il aura fallu à Cat STEVENS pour accoucher, sous le nom musulman de Yusuf, au successeur de Back To Earth. Non pas que le bonhomme soit resté inactif pendant ce laps de temps, mais toutes ses réalisations étaient au service de sa foi musulmane, permettaient à l'homme de s'accomplir en tant que partisan d'une religion et non en tant qu'artiste folk. An Other Cup, paru en 2008, est ainsi l'album synonyme du grand retour de l'artiste, par le biais d'un album voué à une diffusion de masse, loin de tout prosélytisme religieux.

Et sans coup férir, Cat STEVENS reprend les choses là où il les avaient laissé 30 ans plus tôt. Dès que sa voix résonne sur le titre introductif, « Midday », l'auditeur se retrouve immédiatement plongé dans l'univers chaud et accueillant de l'artiste. Sa voix grave et apaisante n'a pas bougé d'un iota, et a même gagné en envergure. Ce premier morceau renoue avec l'amour de STEVENS pour le piano et les cuivres, qui l'habillent de fort belle manière. Léger et guilleret, ce premier titre constitue une parfaite mise en bouche. Et l'on se surprend à s'imaginer marcher côte à côte avec ce bon vieux Cat, dans les lieux décrits dans sa chanson. Délicieusement futile, « Midday » permet à l'artiste de revenir aux fondamentaux de fort belle manière.

Dans le même style, bien que plus riche en chœurs et orchestrations, « Heaven/Where true love goes » vient confirmer les espoirs. Harmonies et mélodies doucereuses font de ce morceau tout en progression une des quelques perles de cet album. Et s'il ne fait aucun doute que ce morceau est un extrait réarrangé de la « Foreigner suite » présente sur l'album Foreigner, comment en tenir rigueur à l'artiste qui livre ici une titre de toute beauté. « Maybe there's a world » appartient également à la catégorie des perles. Entre couplets calmes et refrain énergique, rappelant l'urgence ressentie sur un album comme Tea for the Tillerman, ce morceau qui fait la part belle à la guitare est une véritable machine à remonter dans le temps. Et que dire de « I think I see the light », emblême d'une pop folk inspirée et irrésistible, marque de fabrique de l'artiste ?

Malheureusement, et malgré tout le talent de compositeur de Cat STEVENS, plusieurs titres pêchent par une trop grande facilité et un aspect niais quelque peu irritant. C'est le cas de la très sucrée « One day at a time », dont les mélodies poussives rendent le morceau anecdotique, tout comme le titre final « Greenfields, Golden sands », sorte de mauvais titre de Noël à se passer devant le feu en fin de banquet... Difficile également d'adhérer pleinement à cette reprise symphonique du tube « Don't let me be misunderstood » (popularisé par The Animals), plus proche de la version originale telle qu'interprétée par Nina Simone. On ne parvient pas à rentrer dans l'ambiance sombre et désespérée du morceau, qui sied pourtant parfaitement à la voix chaude de Cat STEVENS.

Another Cup reste malgré tout un album de comeback plus que recommandable, même si l'on aurait pu attendre de la part de Cat STEVENS un album irréprochable. Roadsinger, l'album suivant, se révèlera bien plus convaincant. Un retour réjouissant néanmoins !