Apprendre la sortie d'un album solo de Caroline POLACHEK m'a tout simplement rempli de joie. En effet, cela faisait bien 3 ans que la désormais ex-chanteuse de Chairlift n'avait plus fait entendre sa voix, depuis le décevant Moth, pour être précis (featurings non inclus). Et puis, son album ambient, Drawing the Target around the Arrow (2017), est plutôt du genre très très oubliable. C'est pourquoi la sortie de Pang se devait d'être un événement, pour qui s'intéresse soit à POLACHEK, soit à la bonne pop, soit aux deux.

Il y avait donc une certaine hype qui a fini par se générer (du moins chez les habitués de Rate your Music, je suppose), et qui en a fait sauter plus d'un de joie quand Pang, le troisième album de Caroline POLACHEK, est sorti. Après tout, une vraie artiste comme elle aurait dû littéralement faire exprès pour merder son retour vocal, n'est-ce pas ?

Hélas, Pang est une déception.

Pourtant, il a de quoi se faire aimer. Globalement, l'album est une excellente retranscription du talent de POLACHEK, qui prouve clairement qu'elle sait faire de l'excellente pop moderne – bon, on le savait depuis Something (2012), mais là elle est toute seule. Dès l'intro "The Gate" (quel choix de nom judicieux !), on se trouve dans une pop souvent éthérée, classieuse sans pour autant taper dans le précieux et le bouffi, donc capable de parler à tou(te)s. Et puis, la voix de POLACHEK, quel plaisir. Non que ce soit la plus belle, loin s'en faut, mais non seulement elle est distinguable de la masse mais en plus, elle s'en sert avec brio – comme du temps de Chairlift. Alors oui, elle utilise fréquemment l'autotune ici, c'est impossible à rater. Le truc, c'est qu'elle s'en sert bien, et met l'instrument (oui oui, c'est un instrument de musique, faites pas chier) au service de sa musique et non l'inverse. Exemple concret : "Insomnia", un grand moment d'ambient pop, saisissant et insaisissable. Et puis, les singles... "So Hot you're hurting my Feelings" est trop calibré pour les ondes, on ne peut mentir à ce sujet, mais disons que la chanson est suffisamment entraînante pour ne pas bouder son plaisir – et puis soyons franc, vu la concurrence, on peut se permettre de la trouver bonne ; "Door" est pour sa part le sommet de Pang, l'aboutissement des capacités de songwriter de POLACHEK, même avec un refrain incroyablement répétitif.

Alors, pourquoi Pang est décevant ? J'aimerais dire que les raisons sont complexes, peu tangibles, ce genre de choses. Pas la peine de chercher midi à quatorze heures, cependant. Déjà, l'album est trop « long », ou plutôt, disons que 14 chansons d'un seul coup, c'est un peu difficile à avaler, quand bien même l'album ne dure que 46 minutes. Si ce n'était que ça... chaque chanson possède ses grandes qualités, Caroline POLACHEK effectue un quasi sans-faute, mais on se retrouve encore une fois face à la copie du bon élève régulier mais qui ne fait aucune étincelle. Si l'on retire les 4 premières pistes et les 3 dernières plus "Insomnia", on se retrouve avec des chansons-kleenex (sitôt écoutées, sitôt oubliées). Le constat est dur, parce qu'on entend clairement le talent d'écriture et l'interprétation redoutable. Mais il est implacable.

Relativisons : Pang est une sorte de nouveau départ pour Caroline POLACHEK. Et n'oublions jamais que tout comme les bons guitaristes, les excellents premiers albums sont incroyablement rares. Ainsi, même si une déception certaine reste en arrière-goût, il n'y a pas de quoi perdre espoir ou quoi. Simplement, il faudra être sur ses gardes au prochain disque de la chanteuse.