Brol, la suite. Quel nom incroyablement original, n'est-ce pas ? C'est pourtant ainsi qu'est nommé le dernier album d'ANGÈLE. Enfin, « album »... il s'agit plutôt d'une réédition deluxe de Brol (2018), qui figure encore à titre personnel parmi mes opus favoris des années 2010, avec donc une poignée de nouvelles chansons. Une pratique que Moondreamer a déjà expliqué dans sa chronique de « l'EP » Paradise par Lana del Rey(2013), et qui ne passe toujours pas, du moins chez moué. D'un autre côté, on parle quand même d'ANGÈLE, on pourrait donc fermer les yeux, non ? On va dire que oui ou non.

Avec ce vrai-faux nouvel opus, ANGÈLE lâche donc 6 nouvelles chansons plus une réinterprétation de "Ma reine", pour un total de 23 minutes. Un menu franchement très court, bourré de balles calibrées clairement pour les ondes, ce qui peut faire grincer un peu des dents. Mais comme c'est ANGÈLE, on pardonne, hein ?

C'est léger, mais ce n'est pas la peine, car Brol la suite est un excellent EP. Avec lui, ANGÈLE prouve qu'elle n'est pas une sensation du moment qu'on peut oublier en 2-2. Évidemment, c'est du ANGÈLE dans le texte, autrement dit : si vous êtes réfractaire aux sonorités modernes sur fond de blues de millenial, passez votre chemin. Mais en cas d'ouverture d'esprit plus large, ou bien en cas d'appartenance à cette jeunesse moderne et féminine/féministe, il y a moyen de trouver des tueries complètes. En fait, non, il faut être un minimum honnête : Brol la suite, c'est un chapelet de grandes chansons si l'on exclut la dispensable version orchestrale de "Ta reine" et peut-être "Que du love", qui marcherait mieux en interlude relançant un album plus long et pertinemment nocturne mais qu'on peut zapper ici. Bon, et personnellement, "Perdus" ne me parait pas sensationnel, admettons ; il n'empêche que la chanson reste une intro appréciable et rappelant à qui en avait besoin l'univers d'ANGÈLE, ce qui est toujours utile.

Comme dit plus haut, Brol la suite, c'est un album de jeunes des années 2010 – vous savez, les fameux millenials. Et c'est à eux que s'adresse notamment "Oui ou non", incroyable chanson d'amours contrariées au rythme classique mais si efficace. Il serait cependant ridicule d'évacuer Brol la suite pour de si futiles raisons, surtout quand ANGÈLE sort un "Insomnies" plus universel dans un sens, et surtout si pertinent dans sa thématique. "Tu me regardes", pour sa part, part musicalement dans le passé, dans le sens où cette chanson donne l'impression de sortir de la première moitié des années 2000. Mais elle marche quand même, et la voix toujours si originale et douce de la Belge apporte un léger vent de fraîcheur.

Alors, nouveau classique, cette suite ? Non, ta gueule, on a déjà dit qu'il faut attendre au moins 10 ans pour coller une telle affirmation. Ceci étant, ANGÈLE montre, à travers cette nouvelle sortie déguisée en édition deluxe, qu'elle sait confirmer l'essai, du moins à l'échelle d'un EP. Mais elle a « récemment » commencé sa carrière, elle a donc encore de la marge – et nous des raisons d'espérer que du bon, et du love.

Note réelle : 3,5/5