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TÊTES RAIDES - Qu'est-ce Qu'on S'fait Chier ! (2003)
Par RAMON PEREZ le 7 Décembre 2019          Consultée 1869 fois

Variante de la bouteille à moitié vide et à moitié pleine, ce disque invente la tête à moitié raide et à moitié molle. Côté raide, on trouve en tout premier chef un début d’album exceptionnel, un mur d’introduction en titane. L’électricité vibre avant d’exploser pour libérer "Civili", l’un des tous meilleurs titres de cette discographie. Après des années débranchées et dans la continuité du choc ampérique avec NOIR DESIR lors de l’album précédent, TETES RAIDES rebranche les guitares pour notre plus grand bonheur puis envoie quelques rocks bien sentis, toujours avec sa diversité instrumentale qui fait sa singularité.

Cela dit, cet album reste principalement un disque de chanson et aligne dans la foulée quelques modèles du genre. Le charme des "Radis" succède au tranchant de "Civili" pour un contraste saisissant. Le seyant cuivré "Black is beautiful" répond aux cordes de "Go away", chanson la plus aboutie du disque, où la troupe affiche avec classe tout son savoir-faire, sur le fond et la forme. Sans oublier au milieu de cette magnifique série de titres un pur OVNI, tel que TETES RAIDES n’en n’avait pas sorti depuis un moment. Je veux parler du morceau-titre, exercice chamanique complètement décalé mais prenant.

A ce propos, ce titre d’album est bien-sûr une autre chose à ranger du côté raide de la tête. Une petite provoc comme je les aime, dont on reste bien-sûr libre de l’interprétation. L’histoire du groupe à cette période ouvre quelques pistes, mais pas forcément convaincantes. Gratte Poil a vraiment bien marché et a débouché sur une tournée très importante où le groupe s’est affirmé jusque devant les plus larges affluences, comme la grande scène des Vieilles Charrues. Une période de reconnaissance populaire largement méritée après des années de reconnaissance d’estime. Reconnaissance qui s’arrête toujours aux frontières des médias, si ce n’est pour l’"Avis de KO social", collectif culturel et politique largement impulsé par TETES RAIDES et Yann TIERSEN dans la foulée du 21 avril, qui fit un peu de bruit en son temps. Ce fut un exemple fort de la philosophie artistique du groupe, impliqué dans la vie de la cité au premier sens du terme. A Paris où ils vivent et ailleurs en France, où ils se font un devoir de jouer dans un maximum de lieux culturels autonomes. Bref, rien de cela n’indique que le groupe se faisait chier à cette époque.

Le problème de ce titre d’album, c’est qu’il n’est pas tout à fait mensonger. Car sorti de ce début tonitruant, plus rien. Ou presque. Déjà, "Patipata", glissé au milieu du mur d’intro, mettait la puce à l’oreille. Mais on l’oubliait vite avec les morceaux suivants. Malheureusement le reste de l’album nous met petit à petit en face de la réalité : un enchaînement de chansons mineures, dont la plupart se veulent amusantes, mais qui sont surtout inconsistantes. Je veux dire que chacune de ces pistes, placées séparément au milieu des autres disques, n’aurait pas été hors-sujet car on retrouve la plupart des qualités formelles du groupe. Elles auraient été des petits moments de respiration appréciés. Mais mises toutes ensembles ici, cela ne va pas loin. Ok il y a de l’expérimental, des choses pas entendues ailleurs dans leur œuvre. Mais ça reste de la petite bière.

Et puis ce n’est pas toujours très inspiré. Prenons les hommages faits par le groupe à des poètes, ce qui est une tradition sur chacun de leur album. Celui à Soupault est raté, malgré une idée originale. On ne comprend pas grand-chose et, pour le coup, on se fait vraiment chier. Bien que le groupe ait rectifié le tir depuis (sur Corps de Mots), cette version ne laissera un souvenir que pour son ennui. Sans compter qu’Arthur H avait déjà fait quelque chose de semblable (et de mieux) quelques années auparavant. De même en ce qui concerne Antonin Artaud, dont on entend ici le même enregistrement autour duquel THIEFAINE avait construit "Quand la banlieue descendra sur la ville" moins de deux ans avant.

Bien-sûr tout n’est pas à jeter car quelques morceaux retrouvent une part de souffle bienvenue. Par exemple j’aime bien la décadence de "Vaille que vaille". Et puis l’album reprend quelques couleurs sur la fin, avec le barjot "Les dents" et le joli "En silence" qui boucle la boucle en renvoyant au premier morceau de Gratte Poil ("Je chante"). Mais soyons franc : cela reste insuffisant. S’il y a sur Qu’est-ce qu’on s’fait chier ! de quoi faire un EP cinq voire même six étoiles, la vérité s’impose d’elle-même : on est bien en présence du plus faible des albums de TETES RAIDES auquel on préfèrera le live sorti l’année suivante, dans lequel les quelques bons morceaux de cet effort sont nettement mieux entourés.

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   RAMON PEREZ

 
  N/A



- Christian (chant, accordéon)
- Iso (saxos)
- Cali (basses)
- Jean-luc (percussions)
- Serge (guitares)
- Edith (claviers)
- Anne-gaëlle (cordes)


1. Civili
2. Les Radis
3. Qu'est-ce Qu'on S'fait Chier !
4. Patipata
5. Go Away
6. Black Is Beautiful
7. La Fin
8. Pitance
9. Vaille Que Vaille
10. Soupault En Hommage à Philippe Soupault
11. Les Souris
12. Aïe
13. Les Dents
14. En Silence
15. Coda



             



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