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- Style : Benabar, Bernard Lavilliers , Johnny Cash , Les Croquants

SANSEVERINO - Montreuil-memphis (2017)
Par RAMON PEREZ le 19 Juillet 2020          Consultée 1001 fois

Cet album se termine par une petite sucrerie, la reprise du générique de Chéri-Bibi ; avis aux connaisseurs. Mais c’est une coda davantage qu’une conclusion. Celle-ci est à mon avis le titre précédent, « Alone and blue », étonnante réflexion sur les différences entre l’écriture française, plus formaliste, et l’américaine, plus directe. Pour dire « Ma femme fait souvent la gueule et elle s'appelle Gaëlle » ils disent simplement « She’s a good girl » […] c’est pas nous qu’on a une langue aussi facile à manier ». Ne va pas croire que le chanteur s’en plaint. Au contraire, s’il se permet ce constat, c’est bien parce qu’il a sorti le grand jeu pendant les quarante minutes précédentes.

Pour son retour à la chanson originale (après un disque de reprises puis une adaptation), SANSEVERINO attaque par la face nord. Une vraie paroi de mots aux prises multiples. Des fulgurances très drôles dès la première chanson (vise le titre), des concepts barrés un peu partout (notamment sur la chanson titre qui narre ce qui ressemble à une course cycliste de Montreuil à Memphis). Le tout s’appuie sur une métrique impeccable, un sens du rythme et même du swing exceptionnel. Si pur que le chanteur assume cette fois de renoncer pratiquement à toute idée de mélodie.

Un peu à l’instar de ce que pouvaient faire GAINSBOURG ou TRUST (objet de la reprise de l’album), mais dans le style SANSEVERINO. Plus léger, plus décontracté et en même temps plus fourni, plus rythmé. On ne verse pas non plus dans le rap, il n’y a pas d’effet de diction en ce sens. Par contre, dans le slam un petit peu, et avec quelle classe ! « J’ai vu que ma bonne a disparu » fout par exemple une branlée à la plupart des déclameurs grâce son texte à la construction aussi précise que solide, avec beaucoup d’originalité en prime. Ailleurs, on retrouve du SANSEVERINO dans ses grandes œuvres, léger et amusant de prime abord, plus sombre et réfléchi en grattant un peu le vernis (la mort, l'enfermement, le pouvoir ou le narcissisme apparaissent alors).

Cette tendance au peu de mélodie était déjà présente lors des parutions précédentes qu’elle avait tendance à uniformiser. Ce n’est plus le cas ici ; cet album assure méchamment sur le plan musical ! Tout est dans son titre. Montreuil, c’est là où vit le chanteur. Donc où l’album a été pensé, écrit mais aussi enregistré avec des gens du cru. Memphis, c’est bien sûr le berceau du rock’n roll, le coin mythique où les musiques noires et blanches se sont transcendées. Si géographiquement, à l’échelle des USA, ce n’est pas très éloigné de la région où se joue le bluegrass que SANSEVERINO pratiquait précédemment (600 bornes environ), culturellement il y a en revanche une vraie différence. On est maintenant dans le Sud, celui où l’on joue le blues, ou tout le monde a un harmonica dans sa poche (instrument d'ailleurs largement mis en valeur ici).

Les Faux Talbins avaient été une première incursion de ce côté, mais cette fois il y a une approche plus saignante, comme en témoigne l’ouverture. La guitare (où l’on retrouve le vieux complice Hervé Legeay) est bien plus tranchante, plutôt du style ZZ TOP que Johnny CASH. C’est clairement l’album le plus électrique du chanteur, avec un vrai jeu sur ces sonorités. La basse a elle aussi un son incroyablement riche (là aussi retour aux premières heures avec le bassiste du Tango des gens, au groove du tonnerre). Derrière, les couleurs sont faites à l’harmonica ainsi qu’à l’orgue et aux cuivres, pour une palette sacrément vivante. D’autant qu’il y a une belle alternance avec des moments plus calmes, tendus ou minimalistes.

Vraiment, cet album fait un bien terrible par où il passe, malgré un petit coup de mou au milieu. Il nous fait pleinement profiter de la vitalité de SANSEVERINO, à qui l’on peut rendre un petit hommage. Près de quinze ans de carrière l’ont vu naviguer avec ses chansons sur plusieurs mers musicales, de l’Europe de l’Est à l’Amérique, tout en restant profondément parigot (tendance populaire). Sans jamais rendre de copie ratée, ses travaux ont toujours maintenu un certain niveau (celui-ci en particulier). Si l’on se rappelle qui était sur la ligne de départ, on peut au moins relever le fait qu’il ne se soit ni enfermé dans une niche ni livré à une variété racoleuse, ainsi qu’ont eu tendance à le faire nombre de ses collègues. Montreuil-Memphis confirme qu’il est sans aucun doute l’un des artistes les plus intéressants de sa génération.

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   RAMON PEREZ

 
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- Thierry Fanfant (basse)
- Stéphane Huchard (batterie)
- Hervé Legeay (guitare)
- Nico Duportal (guitare)
- Marko Balland (harmonica)
- Christophe Cravero (orgue, violon)
- Benjamin Constant (claviers, cuivres)
- Sanseverino (chant, guitare)


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