Hum, j’avais volé la cassette chez un bouquiniste d’Aix-en-Provence. Pas trop fan du groupe, avouons-le, même si le premier avait quelques fulgurances. Enregistré aux Wessex Sound Studios à Islington en octobre 1978, période qui voit l’ère du post punk s’annoncer. Tous les groupes de la vague de 77 sont alors au pied du mur. Continuer le punk avec les trois accords de rigueur selon le dogme "ramonesque" ou s’ouvrir à d’autres horizons décibeliques. Or le premier disque montrait un groupe punk largement inspiré par le délire mods "sixties", surtout les WHO. Cet opus a été façonné dans un délire plutôt glam rock, déjà un peu en germe sur le premier lp.

On le sait, le glam, entre théatralité, retour à un rock'n'roll originel et expérimentations tout azimuth, en prolongeant les racines mods des années 60, a gravement influencé les punks. Sid vicious (inepte bassiste des PISTOLS) arborait ainsi une coiffure à la "Ziggy stardust" en 73. Evidemment, beaucoup de punks historiques singeaient le look des NEW YORK DOLLS (regardez les coiffures des membres des CLASH à leurs tout débuts) tout en s’inspirant de leur riche répertoire musical. SIOUXSIE s’enflammait pour l’œuvre singulière d’un ROXY MUSIC. Les DAMNED adulaient Marc Bolan.

Un groupe faisait aussi partie du panthéon des acteurs de la vague "soixante-dix septarde", MOTT THE HOOPLE. Ce dernier avait sorti un hit faramineux, intitulé "All the young dudes", composé avec l’aide précieuse (quasi omnisciente) du beau DAVID BOWIE. En dehors de cet hymne, peu de choses en fait, un timbre dylanien et une musique qui a passablement vieilli. Mais qui aura toutefois bien marqué nos keupons "seventies" comme justement Tony James, alors bassiste de GENERATION X. Le fougueux jeune punk prie Ian Hunter, le leader de MOTT, de produire leur disque. Ian est un peu réticent au départ. De plus, il qualifie IGGY POP, parrain de toute cette scène turbulente d’"épinglés à nourrice", de dégoûtant chanteur. Mais bizarrement, il accepte de produire le gang de Billy IDOL, lui aussi fan de la première heure.

La pochette montre les membres du combo comme des "punks glammers" annonçant le "sleaze" des années 80 (HANOI ROCKS, LORDS OF THE NEW CHURCH, premiere période de GUNS AND ROSES et… le BILLY IDOL des frimeuses "eighties"). Le titre ? D'après un drame cinématographique lui-même adapté d’un roman des années 60, qui aurait dû être pastiché par le maître des big tits, Mr Russ Meyer. Le contenu ? On sent une volonté du groupe de dépasser le stade primaire du punk rock originel typé 77 pour parvenir à un son plus mainstream, avec l'incorporation d'influences musicales incluant du Glam Rock, mais aussi un peu de Rock progressif (sacrilège pour l’époque !), voire le travail d’un Bruce SPRINGSTEEN qui commence à cartonner aux States. L’idée était ainsi d'entrer sur le marché des États-Unis et de passer des clubs pourris de Londres maculés de glaviots de l'année de la haine aux stades américains. En gros, d’être plus commercial que la moyenne des agitateurs du binaire se retrouvant plus dans un SHAM 69 commençant alors à perturber gravement le mouvement punk.

Et puis Ian Hunter doute des capacités des musiciens. Durant certaines sessions d’enregistrement, il prend Clive Bunker du JETHRO TULL (aie ,aie ,aie), pénible groupe prog "seventies", pour remplacer le batteur Mark Laff, dont il trouve le jeu particulièrement mauvais. Dès le premier titre, on entend les fameux plans glitter en question, un peu comme si T-REX rencontrait les DICTATORS. "Night cadillac" montre le guitariste tentant de surpasser Mick Ronson des SPIDERS OF MARS. "Paradise West est une sorte de ballade "Velvetienne" se transformant progressivement en complainte "Bowienne" période "Ziggy Stardust". "Friday's Angels", à la "rythmique "clashienne" sonne comme du SWEET punk. "King Rocker" préfigure les travaux du pirate ADAM AND THE ANTS avec un son tribal de batterie tout droit sorti du GARY GLITTER de 72. "Valley Of The Dolls" est un lointain écho au "Rebel rebel" de BOWIE.

A noter que sur le cd datant de 2002, les reprises de "Gimme Some Truth" de John LENNON, (face b du single "King Rocker") et de "Shakin' All Over" (Johnny KIDD) démontrent les hommages de ces punks, nullement iconoclastes, à leurs aieux. Avec toutes ces références, la chose donnerait envie. Mais le tout traîne souvent en longueur. En effet, sur le papier, à priori, ce mélange de glam et de punk devrait fortement nous interpeller mais on est loin de la décadence fraîche et électrique des DOLLS. A la même époque, les DAMNED les concurrencent sérieusement en se réappropiant à leur façon loufoque le glitter et en y injectant une folie toute punk qui fait défaut ici.

Quand l’album sort en janvier 79, les ventes sont d’ailleurs décevantes, contribuant à la disparition de GENERATION X en tant que groupe à la fin de l'année. Tony James, parolier de la plupart des chansons, attribue l'échec de l'album commercialement et artistiquement à une position qu’il qualifie de trop romantique. GENERATION X, groupe précurseur de la vague néo-romantique des années 80 ? Pourquoi pas.