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The DUBLINERS - The Dubliners (live 1964) (1964)
Par MARCO STIVELL le 19 Janvier 2020          Consultée 1192 fois

La première moitié des années 60 est la période durant laquelle survient le grand retour du folk traditionnel en Irlande grâce à l'adoption par un public massif et avec l'appui des médias. Grâce aux CLANCY BROTHERS très célèbres en Amérique, ainsi qu'à CEOLTÓIRI CUALANN et aux CHIEFTAINS, premiers à ne pas adapter la musique américaine dès leurs débuts, les années 1962 à 64 amènent leur lot de formations plus ou moins importantes. On rencontre les CORRIES, les WOLFE TONES et, bien entendu, les DUBLINERS.

Ses membres sont au nombre de quatre, lors des débuts. Ronnie Drew d'abord, qui préfère son second prénom au premier (Joseph). Il est l'aîné de 1934 avec sa voix de basse, et pas exactement Dublinois pour l'anecdote : son lieu de naissance, Dún Laoghaire, port situé en banlieue sud et qui gère le ferry avec le Pays de Galles (voisin d'en face), ne reçoit point une haute considération de la capitale. Il apprend la guitare flamenco durant quelques années en Espagne, et le groupe naissant en 1962 porte son nom avant de changer pour les DUBLINERS, emprunt à l'écrivain James Joyce.
Juste après, natif de 1935, c'est Ciarán Bourke, qui vient de quitter les études agricoles scientifiques universitaires. Il est non seulement le fermier, mais aussi la part la plus gaélique du groupe, grâce à la langue irlandaise que sa grand-mère lui a enseigné et au fait qu'il sait jouer du tin whistle.
Un peu plus jeune (1939), Bernard alias Barney McKenna, aurait dû être mandoliniste depuis son plus jeune âge s'il avait eu les sous nécessaires. À la place, il se spécialise dans le banjo, avec un accordage Sol-ré-la-mi devenu standard pour l'instrument en Irlande depuis.
Le benjamin s'appelle Luke Kelly, un garçon roux de 1940, beatnik qui a vagabondé en Angleterre et écumé les bars avant de revenir au pays. Il est, avec Ronnie Drew, le chanteur principal dans un registre plus aigu, celui de caractère et qui influence nombre de pairs, punks compris.

S'il y a un groupe de "pub" (bar/brasserie) par excellence, c'est bien cette réunion de copains qui met l'ambiance sur la scène d'O'Donoghue (juste à droite quand on rentre), ancienne épicerie ouverte en 1789 en plein centre de Dublin, sur la rive sud de la Liffey River. Chose amusante, l'établissement se change en pub l'année où Ronnie Drew vient au monde, signe du destin qui aidera peut-être les DUBLINERS à devenir piliers de l'endroit, tout comme Andy Irvine et Christy Moore (moitié de PLANXTY), le sonneur Seamus Ennis ou encore Phil Lynott (futur THIN LIZZY).

Le premier disque est un live, produit par Nathan Joseph, un natif de Birmingham qui est aussi le patron du label des DUBLINERS. D'abord spécialisé en import de musique américaine, Transatlantic Records connait une vague de succès-controverse liée à des disques d'éducation sexuelle, avant de s'orienter vers les artistes du renouveau folk britannique, et ils seront nombreux pendant plus de dix ans : outre les Irlandais, Bert JANSCH et John RENBOURN (forces guitaristiques conjointes de PENTANGLE), Ralph McTELL, Billy CONNOLLY... Le concert des DUBLINERS n'est pas enregistré à O'Donoghue (loin de là, à Londres !), mais c'est tout comme.

Presque. Un public chaleureux, moins bruyant dans un studio que dans un pub, applaudit avec force ce qui reste une prestation de taille. Prenez le vinyle et regardez le morceau qui ouvre chaque face : "The Wild Rover" et "The Rocky Road to Dublin", deux traditionnels mais lesquels ! Le premier est la chanson irlandaise la plus reprise au monde, un tube de comptoir d'autant plus populaire que Luke Kelly, chantant avec conviction, semble en est l'émanation parfaite.

"I've been a wild rover for manys a year, and I spent all my money on whiskey and beer", "And it's no! Nay! Never! No, nay, never, no more!..." L'ancien traîne-savates ("wild rover") et alcoolique prétend que non, jamais au grand jamais on ne l'y reprendra, à cette vie mauvaise et de débauche. Tu parles ! Kelly, engagé au côté des ouvriers, à la descente aussi vive que ses cheveux flamboient, s'éteint vingt ans plus tard... Entretemps, en bon héritier de Pete SEEGER, il chante divinement, même dans le ton approximatif lié au folkeux et à l'ivrogne, d'une diction parfaite, bien aidé par les choeurs des autres puisque ce sont des chansons à boire. Sa verve et sa performance proche du fiddle/violon originel sur "The Rocky Road to Dublin" rendent le morceau mythique, intense.

On pourrait s'arrêter à Luke Kelly et ses nombreuses chansons qui nous "scotchent" (mais le whisky remonte ici moins que la Guinness) comme "Tramps and Hawkers" où il s'accompagne seul avec son banjo 5 cordes – dont il use ailleurs comme rythmique en soutien au soliste Barney McKenna -, le lumineux "Banks of the Roses" (magnifique refrain "Johnny, Johnny, won't you leave me?"), les exemples de country irlandaise pure que sont "The Holy Ground" et "Home Boys Home". D'ailleurs, à sa mort, le Live 1964 ressort avec la mention "The DUBLINERS with Luke Kelly", pour souligner son importance...

Toutefois, ce ne serait pas rendre justice à Barney McKenna, dont le banjo supplantant le violon rythme les instrumentaux/medleys de danses trad "Swallow's Tail" et "The High Reel", pour ne mentionner qu'eux, et avec une couleur plus "rock", moins précieuse que les CHIEFTAINS, différente de toute façon. Sans parler de l'effectif, ces derniers sont un groupe instrumental qui ajoute quelques chansons, les DUBLINERS font l'inverse. L'un des meilleurs points communs reste les arrangements de tin whistle par Ciarán Bourke, délicats. Et, concernant le chant, celui-ci est plus discret - mais tout aussi charmeur que le roux - quand il fait swinger la langue gaélique irlandaise sur le slip or hop jig de "Preab San Ol".

On ne risque pas non plus d'oublier Ronnie Drew, l'aîné à la voix grave qui mène "I'll Tell My Ma", sautillant et frais, le genre où il est question de fille mais vue par un galopin. Que le propos soit urbain ou rural, les DUBLINERS visent justes avec des chansons populaires. Plus calmes et romantiques sont "Love is Pleasing" et "The Ragman's Ball" ; les arpèges de guitare acoustique (avec banjo ou non) et l'esprit troubadour ne sont pas sans rappeler que Ronnie Drew a passé du temps en Espagne, tout Irlandais qu'il reste. Un mélange superbe, et quelle voix là aussi !

C'est un groupe de forces bien réparties. Un premier album certes, mais un essentiel, foi d'un "sans-alcool".

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   MARCO STIVELL

 
  N/A



- Ronnie Drew (chant, guitare acoustique)
- Luke Kelly (chant, banjo 5 cordes)
- Ciarán Bourke (chant, tin whistle)
- Barney Mckenna (banjo ténor)


1. The Wild Rover
2. The Ragman's Ball
3. Preab San Ol
4. The High Reel
5. The Holy Ground
6. Tramps And Hawkers
7. Home Boys Home
8. The Rocky Road To Dublin
9. Banks Of The Roses
10. I'll Tell My Ma
11. Swallow's Tail
12. Love Is Pleasing
13. Jar Of Porter
14. The Nightingale



             



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