Si vous aimez la musique de MAHAVISHNU ORCHESTRA ou même celle de SHAKTI, vous allez être surpris par le contenu de ce nouvel album de John MCLAUGHIN, Shankar Mahadevan et Zakir Hussain. Certes les trois musiciens se connaissent, s’apprécient et jouent ensemble depuis longtemps, mais comme le souligne John
"Même si j’ai étudié la théorie et la pratique de la musique indienne pendant des années, je reste un musicien "occidental" et un aspect de la musique occidentale est la magie de l’harmonie. Dès le début, au début des années 1970, j'ai constamment recherché les possibilités d'intégrer l'harmonie dans les traditions de l'Inde du Nord et du Sud tout en étant aussi proche que possible des règles mélodiques du système Raga. Cependant, l'idée était d'abandonner complètement les règles du système Raga et d'appliquer ma propre liberté harmonique occidentale à la voix étonnante de Shankar Mahadevan."

Aussi, on ne retrouve pas le son des guitares de John, mais il connecte son instrument à un ordinateur en utilisant des ondes sinusoïdales, des oscillateurs et des filtres pour obtenir un son qui reflète un aspect particulier de sa musique intérieure. D'ailleurs, on peut penser qu’un orgue ou un piano sont présents alors que le seul instrument électrique est cette guitare «trafiquée ».

Clairement l’album est déroutant, la voix de Shankar Mahadevan étant vraiment utilisée comme un instrument avec ce chant ample, puissant, très oriental bien entendu qui se mêle aux percussions de Zakir Hussain remarquablement enregistré. Puis les nappes produites par John s’intègrent, se superposent, s’évaporent, reviennent dans des mélodies qui ne ressemblent à rien de connu. Nous sommes en territoire musical inexploré, et une plongée dans cet univers exige un abandon de tous ses repères musicaux connus.

Pas facile dans ce contexte de donner un avis sur ce concept. Autant l’approche musicale et intellectuelle est brillante, autant l’écoute est assez difficile pour des oreilles habituées (comme les miennes) aux sonorités des guitares électriques et des musiques américaines. Et certains passages dans "Tara" ou "The Search" sont particulièrement surprenants.

C’est le genre d’album que l’on écoutera peu, à moins de pouvoir ressentir et de s’investir complètement dans cet univers qui n’est pas vraiment facile à approcher.