Né le 28 octobre 1972 à Glen Dale (Virginie-Occidentale), Brad PAISLEY a commencé à jouer de la country grâce à son grand-père qui lui offre sa première guitare à l’âge de 8 ans et lui apprend les rudiments du style. Après un temps à l’université où il rencontre Frank Rogers, un camarade de classe devenu aujourd'hui son producteur, ainsi que de Kelley Lovelace, devenu un de ses coauteurs, il signe un contrat avec la maison de disques EMI et devient auteur-compositeur pour différents artistes. Mais c’est avec Who Needs Pictures qu’il fait ses grands débuts de chanteur.

Lorsque ce premier album sort en 1999 avec "Long Sermon" en ouverture, il s’agit d’une véritable bouffée de fraîcheur dans le monde de la country, Brad PAISLEY se distinguant par son humour qui introduit des instantanés de comédie comme de gravité. Doté d’une production permettant à chacun des protagonistes de briller, ce disque permet à Brad PAISLEY d’écrire toutes les chansons (le plus souvent en collaboration avec Chris DuBois) à l'exception de "In The Garden", valse lente traditionnelle avec des violons d’inspiration celtique, qui clôt ce premier essai. Il lui permet aussi de mettre en avant sa dextérité avec les cordes, l’intéressé jouant autant des guitares acoustiques, électriques ou de la basse, notamment sur les deux titres de type country-rock proposés en entrée, à savoir "Long sermon" et "Me Neither".

C’est sur ce titre, particulièrement, qu’on entend pour la première fois les solis endiablés de ce jeune homme de 27 ans, solis qui ne raviront pas que les amoureux de la guitare. Ceux qui accrochent à la langue de Shakespeare apprécieront l’humour de la chanson où l’intéressé explique avoir du mal à rester digne en reculant sur tout afin d’être systématiquement raccord avec sa dulcinée, ajoutant qu’il est sympa de rencontrer une fille qui ne bouge pas trop vite, même s’il est clair qu’elle ne veut pas bouger du tout. Troisième single de l’album, "Me Neither" n’a atteint que la 18ème place des charts aux US, ce qui en fait le single de Brad ayant le moins marché, en raison de "difficultés" à le passer en radio.

Autre chanson utilisant l’humour comme arme de séduction massive, "It Never Woulda Worked Out Anyway" est un jazz très enlevé où le protagoniste fait de son mieux pour ruiner les perspectives romantiques de l'objet de son affection. La partie solo est courte mais particulièrement jouissive avec un dialogue piano/guitare fantastique pour la conclure. "Sleepin' On The Foldout" est un country classique, 120 à la noire, sympa, qui réveille l’auditeur après trois titres lents et qui s'adonne aussi à l’humour via une certaine autodérision avec sa litanie des petits délits conjugaux et leurs conséquences.
Parfois, la gravité prend le dessus : "We Danced", dernier single de l’album, raconte une rencontre fortuite qui se transforme en véritable amour. Cependant, ce morceau n’est pas transcendant musicalement. Un peu mou du genou, comme malheureusement on en trouve pas mal en country. "Cloud Of Dust", pour sa part, raconte la vie d’un agriculteur et sa famille durant une sécheresse.

"Elle regarde, les yeux humides, par la fenêtre, le regarde perdre son temps dans les champs… Et le tracteur continue de rouler, la poussière monte haut, créant le seul nuage dans le ciel. Il tient bon, mais ça devient difficile. Il garde sa foi dans le Seigneur, priant pour la pluie à travers ce nuage de poussière". Belle chanson dans le même style que "We Danced" mais plus réussie. De même que "Holdin' On To You" ou "I've Been Better", dont la mélodie méditative est superbe, rehaussée par un accordéon en symbiose avec la guitare acoustique. Le solo de guitare acoustique suivi de la pedal steel guitar est très bien amené. Très jolie chanson. Enfin, le morceau éponyme, "Who Needs Pictures", raconte une remontée nostalgique déclenchée par la découverte d'un appareil photo argentique contenant un film de vacances non développé sur lequel apparaît un amour perdu. Morceau lent avec une steel qui domine. Belle chanson, superbe son.

Si la moitié des titres manque de pêche (c’est de la country avec, parfois, ses travers : une mélodie larmoyante n’est intéressante qu’à partir du moment où cette dernière devient imparable) les autres morceaux particulièrement enlevés donnent une envie de retour. Mais pour que cette envie soit forte, il faut UN morceau qui détonne de l’ensemble. C'est le cas de "The Nervous Breakdown", un instrumental hyper rapide, moment de guitare surf fantastique où Brad PAISLEY montre qu’il vaut très largement tous les shredders de cette planète. 3’30 de folie, une véritable claque technique où guitare surf, violon et pedal steel se disputent les notes. Musicos de très haut niveau et rien que pour celui-ci et "Me Neither", l’achat de l’album est hautement conseillé.

Ce premier album a apporté à Brad PAISLEY un succès immédiat et bien mérité, rapidement certifié platine. Brad a été nommé en 1999 nouveau chanteur masculin de l'année par l'ACM, a remporté le prix CMA Horizion l'année suivante. Et ce n’est qu’un début. Le meilleur est à suivre.