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2004 Borderline
2008 Obsessions
2010 Fragments

NO TEARS - Obsessions (2008)
Par RICHARD le 29 Mars 2020          Consultée 1555 fois

Le monde underground est définitivement intraitable. C'est son essence même pourriez vous légitimement me rétorquer. C'est vrai, mais c'est parfois cruel et injuste. Prenez par exemple l'excellent projet que fut NO TEARS. Trois albums qui tiennent plus que la route. Des prestations scéniques rares mais toujours convaincantes dans son genre et du jour au lendemain le silence. Ceux qui comme moi ont toujours suivi fidèlement les Parisiens depuis leurs débuts n'en sauront jamais plus. Heureusement, il demeure la beauté vénéneuse de leur monde. Comme une morsure qui ne disparaîtra jamais à vrai dire.NO TEARS aurait pu voir le jour au début des années 80 en France ou en Angleterre tant leur musique est typée et référencée. Le groupe est un modèle pour celles et ceux qui désireraient découvrir ce qu'est un album de musique froide qui tient éminemment bien la route.Suivre quasiment à la lettre ce qui fait la spécificité d'un style n'est pas un problème en soi lorsque le petit supplément d'âme et la sincérité existent. C'est bien ce qui caractérisait le quatuor. Avec Obsessions, NO TEARS creuse un peu plus un sillon tourmenté entamé avec Borderline, leur premier effort réussi sorti en 2004.

Le début de la galette avec "Afraid Of" est trompeuse. Elle se pare d'une discrète lumière alors que l'ensemble à l'évidence est sombre et sans espoir. Il s'agit en effet du seul morceau que je qualifierai d'un peu léger. Pas dans son texte, évidemment, on est dans le domaine des âmes mortes, mais dans son approche mélodique. Les claviers aux sonorités nostalgiques à la ASYLUM PARTY et la guitare aérienne rappelleront le meilleur de la Touching Pop. Cette sensation se retrouve sur le premières notes du très post-punk "A Wonderful Day" qui sent bon quant à lui la Manchester pluvieuse et maussade avec cette rythmique façon Stephen MORRIS prenante. C'est tendu et ultra efficace à l'image également de la petite bombe abrasive qu'est "Paradoxe" où Kristian Dernoncourt habité par l'urgence nous jette au visage sans complaisance ses petites vérités brûlantes ("Je jouis de la douleur"). Ces trente cinq petites minutes baignent dans une amertume et une désillusion certes coutumières au genre mais elles s'immiscent ici insidieusement en vous et vous délivrent leur petite dose paradoxale de plaisir.

Les Parisiens sur Obsessions ont particulièrement soigné leurs ambiances qui se révèlent avec le temps plus diversifiées qu'elles en ont l'air. Des atmosphères pesantes et bien développées sur l'excellent "In[can]décence" à l'érotisme froid distillé sur "Possession" que de grinçantes guitares tentent partiellement de réchauffer, NO TEARS pose sur ses toiles sonores de nouvelles couleurs. C'est louable et plutôt fluide. Il faut en effet à peine 120 secondes au groupe comme dans l'intrigant "Sabbat" (clin d’œil à ASYLUM PARTY?) pour placer l'auditeur dans un inconfort certain. Il n'y a pas de posture, ni d'artifice avec cet album. NO TEARS gratte là où ça fait mal comme sur l'efficace «Joie Minimale » où Dernoncourt à l'image de la batterie martèle inlassablement ses mots inquiets. Ces activistes de l'underground réussissent même la prouesse de payer leur dette à leurs ténébreux aînés tout en insufflant à leurs morceaux une identité propre. Ce pessimisme noir réussit à briller aussi à travers ces mots chantés en français. C'est l'occasion de souligner même si parfois ils penchent un peu vers l'emphatique la qualité des textes qui s'allient naturellement avec ces notes tranchantes. Ainsi le lancinant "Réincarnation" exprime parfaitement tous les tourments intérieurs et ces envies d'espoir forcément déçues. NO TEARS, c'est le feu sous la glace. Le désir sous la résignation.

Au verso du livret accompagnant l'album est inscrite une phrase extraite des Dernières Voluptés de Louise Weiss qui précise que « les obsessions sont des fontaines de jouvence. Elles épouvantent la mort ». Au delà de la qualité de ces neuf titres, c'est peut-être l'une des raisons de l'intérêt et de l'affection portés à NO TEARS dans les sphères émotionnelles.

Note réelle : 4,5/5

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   RICHARD

 
  N/A



- Kristian Dernoncourt (chant,basse,guitare)
- Paul Fiction (claviers,guitare,programmations)
- Vincent K (basse)
- D-lex (guitare,chœurs)


1. Afraid Of
2. Joie Minimale
3. Possession
4. A Wonderful Day
5. Paradoxe
6. Réincarnation
7. Sabbat
8. 12 Drummers Drumming
9. In[can]décence



             



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