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Johnny BURNETTE - Dreamin' (1960)
Par LE KINGBEE le 7 Avril 2020          Consultée 1123 fois

L’industrie du disque regorge de firmes disposant de pouvoirs réellement magiques. C’est ainsi que Liberty qui avait dans son catalogue un super diamant brut en la personne de Johnny BURNETTE, un chanteur de Rock' n' Roll sauvage et brut de décoffrage, allait travestir en un coup de baguette le chat sauvage en une vulgaire petite souris. En deux coups de cuillères à pot, Liberty Records transformait l’un des meilleurs représentants de la vague Rockab en un mélange visqueux et flasque entre Pat BOONE et de Conway TWITTY.
Au rayon de la bêtise et du contresens artistique, Liberty Records peut se targuer d’avoir décroché le cocotier à maintes reprises, pas mal pour un label dont le logo représente le haut de la Statue de la Liberté. Sans doute ce qu’on appelle la retraite au flambeau.

Ne jetons pas au label californien la pierre plus que nécessaire. Après une brouille passagère avec son frère ainé Dorsey, Johnny écrivit énormément ; les deux frangins composèrent de nombreux hits pour Ricky NELSON avant que Johnny ne signe chez Freedom, une filiale de Liberty. Peut-être estimait-il avoir fait le tour du Rockabilly ?

Aujourd’hui encore on ignore avec exactitude quels sont les musiciens qui secondent le chanteur. On sait juste que ces douze titres proviennent de quatre sessions : la première le 9 juillet 1959 avec « Settin’ The Woods On Fire », une seconde le 7 janvier 1960 groupant « Dreamin’ » et « Kaw Liga », une troisième le 28 avril avec « Lovesick Blues », « Finders Keepers » et « Cincinnati Fireball », les six autres titres étant gravés au printemps 60 à Hollywood sur Sunset Boulevard aux Studios d’United Recording Corporation.

Avec cette pochette genre joli-cœur, Liberty dresse en quelque sorte un répertoire destiné aux midinettes et aux femmes au foyer, deux branches particulièrement porteuses en termes d’achat. Pour une meilleure compréhension, nous allons compartimenter cette galette en deux wagons bien distincts, celui de la vieille micheline à charbon bien souffreteuse dans les montées et d’autre part celui d’une loco aussi neuve que rutilante.

C’est une guimauve qui ouvre donc les hostilités avec « Dreamin’ », à mi-chemin de la ballade et de la soupe à la Elvis PRESLEY. Le titre qui grimpe à la 11ème marche du Hot 100 permet à son compositeur Barry De Vozon de créer le label Valiant, preuve qu’un rêve peut parfois rapporter gros. On conseille aux lecteurs de s’intéresser à la version du soulman Joe SIMON enregistrée chez Sound Stage 7. Pour l’anecdote, Rocky BURNETTE, le rejeton de Johnny, reprend le morceau à son compte, secondé par les Enfoncers de Darrel HIGHAM (l’ex-mari d’Imelda MAY). Au chapitre des titres mollassons, bonne reprise de « Please Help Me, I’m Falling » popularisé quelques mois auparavant par Hank LOCKLIN pour la RCA. On ne compte plus les innombrables sucres d’orge qu’en concocta la planète Country. Dernièrement, Crystal GAYLE reprenait la sucette, preuve que les vieux pots sont toujours capables d’accueillir de bonnes confitures. Michelle TORR a adapté la chanson avec « Au secours », et il faut avouer qu’elle s’en tirait largement aussi bien que les ricains. « Love Me », une compo du prolifique tandem Leiber & Stoler, était à l’origine une parodie de ballade western chantée par le duo WILLY & RUTH. Il faudra attendre octobre 56 pour que cette guimauve vienne coller aux dents des Américains via la reprise d’ELVIS. Attention, n’oubliez pas votre coton-tige pour enlever tout le sucre qui risque de couler de vos oreilles. Par précaution et sagesse, nous vous conseillons la version de Bill HURLEY. Si « Kaw-Liga » peut aujourd’hui faire sourire avec ses percussions à l’indienne, le titre d’Hank WILLIAMS se révèle plus ambigu avec cette histoire d’amour contrarié entre un indien trop fier et une femme de ménage bossant dans un magasin et qui sera achetée par le premier péquenot venu. Il est amusant de constater qu’après le massacre de la population amérindienne celle-ci fut l’objet d’une thématique musicale très présente dans les années 50 et 60. Si vous avez dans votre jardin un totem ou n’importe quel morceau de bois, vous pourrez danser autour en mimant un chant d’indien sauvage. En matière de soupe « My Special Angel », une compo de Jimmy DUNCAN popularisée par Bobby HELMS, figure à la carte des plus grands chefs. Par rapport à de nombreuses interprétations ultra-sirupeuses, la qualité de chant de Johnny BURNETTE parvient à maintenir l’écoute possible. En France, certains chanteurs qui auraient probablement gagné à naître muets le chanteront sous l’intitulé « J’avais rêvé d’un ange ». Une ballade sentimentale clôt le disque avec « I Really Don't Want To Know » ; initialement gravée par Eddy ARNOLD puis bizarrement tombée dans la besace de groupes Doo Wop (DOMINOES, FLAMINGOS), cette guimauve prend des allures de parodie dans le style italo-américano crooner. Le titre est repris par moult artistes Country et Soul, mais une soupe reste une soupe. Saluons néanmoins JASON & The SCORCHERS qui transforment ce bouillon sans saveur en un Rock bien cradingue.

Rangeons dans le tiroir des demi-réussites, « I Want To Be With You Always », un vieil Honky Tonk de Lefty FRIZZELL, heureusement légèrement plus dynamique et moins larmoyant que l’original. Une version bien supérieure à celles de Tab HUNTER ou Willie NELSON dont les versions rendent les sourds bienheureux. Seule composition, « Finders Keepers » se dévoile comme un honnête Teen Rock, mais avouons qu’il n’y a pas de quoi sauter au plafond.
Attaquons maintenant la plus belle partie du paysage. Avec son frère Dorsey, Johnny a toujours été un grand fan d’Hillbilly. Bien que l’orchestration lorgne trop sur le Nashville Sound cher aux labels Decca ou Capitol, il nous offre une bonne interprétation de « Lovesick Blues » popularisé par Hank WILLIAMS et repris par toute une flopée de chanteurs de Yodel. Plus récemment, Jamie CULLUM reprenait le titre dans une version Jazz ridiculement pompeuse Au rayon des bonnes surprises, il booste juste ce qu’il faut « Why Don’t You Haul Off And Love Me » de Wayne Raney, l’un des rois de l’harmonica Country. Autre emprunt au grand Hank WILLIAMS avec « Settin' The Woods On Fire » dans une version où le violon de Jerry Rivers disparaît au profit d’une orchestration boostée rappelant le répertoire de Johnny HORTON. Bonne pioche avec « Cincinnati Fireball », à mi-chemin du Rockab et du Teen Rock avec un excellent Bobby GIBBONS à la guitare.

Au moment de faire les comptes, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Johnny BURNETTE nous balance une moitié de titres issus d’une soupière dont les saveurs flirtent entre douceurs fadasses et parfums étrangement sucrés. Deux titres parviennent encore à faire illusion tandis que quatre autres maintiennent la tension, les plus énergiques. A l’orée des sixties, il demeure certain que de nombreuses productions américaines n’arrivent pas à la cheville de ce disque, mais le choc est grand quand on connaît la force, le groove et l’énergie du premier disque de Johnny et de son ROCKIN’ TRIO. C’est un peu comme si vous passiez d’un plat gastronomique dégusté chez un chef étoilé à un plat sous vide Fleury Michon. Le Rock étant minoritaire ici, ce disque sera classé en variété internationale. Un premier disque solo relativement décevant.

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- Johnny Burnette (chant)
- Howard Roberts (guitare 1-6)
- Vincent Terri (guitare 1-6)
- Eddie Cochran (guitare )
- Joseph 'bobby' Gibbons (guitare 2-9-11)
- Rene Joseph Hall (guitare 2-9-11)
- George 'red' Callender (basse 2-9-11)
- Earl Palmer (batterie 2-9-11)
- Jerry Allison (batterie 1-6)
- Stanley Harris (violoncelle 2-9-11)
- Bernard Senescu (violoncelle 2-9-11)
- Israel Baker (violon 2-9-11)
- Herman Clebanoff (violon 2-9-11)
- Erno Newfeld (violon 2-9-11)
- Ben Gill (violon 2-9-11)
- Joseph Stepanski (violon 2-9-11)


1. Dreamin'
2. Lovesick Blues
3. Please Help I'm Falling
4. Why Don't You Haul Off And Love Me
5. Love Me
6. Kaw-liga
7. Settin' The Woods On Fire
8. I Want To Be With You Always
9. Cincinnati Fireball
10. My Special Angel
11. Finders Keepers
12. I Really Don't Want To Know



             



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