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Johnny BURNETTE - Johnny Burnette (1961)
Par LE KINGBEE le 5 Mai 2020          Consultée 761 fois

Généralement, les maisons de disques ont recours aux disques éponymes lors de la première publication d’un chanteur ou d’un groupe. Johnny BURNETTE avait jusqu'alors échappé à cette tradition. A croire que Liberty est loin de déborder d’imagination avec la publication de ce second opus en solo. Ces onze titres proviennent de cinq séances remontant respectivement au 20 septembre, aux 28-29-30 novembre et d’une dernière session captée le 1er décembre 1960. Alors que la coutume veut qu’on édite à cette époque douze titres (six pistes par face) on peut se demander si Liberty n’a pas fait dans l’urgence en ne publiant que onze titres. L’erreur sera réparée en fin d’année avec la sortie d’un pressage stéréo agrémenté d’un douzième titre avec « Dreamin’ », le titre de son premier disque solo.

La pochette annonce plus ou moins la couleur, Johnny BURNETTE est passé du statut de chanteur dévastateur de Rock'n'Roll à celui de chanteur de variété voir chanteur de charme pour midinettes en soquettes. Ah, si on était mauvaise langue, on pourrait même se demander si Liberty n’a pas copier sur la pochette du premier Pat BOONE édité cinq ans avant par Dot Records. Non, Johnny BURNETTE avec cet ensemble noir et rouge genre complet dépareillé a à notre humble avis un peu plus de classe que le brave Pat, gendre de Red FOLEY. Liberty n’a pas pour habitude de balancer de l’argent par les fenêtres, c’est ainsi que le label confit la production de ce disque à un débutant, presque un gamin, Snuff Garret. Ancien disc-jockey sur une radio de Lubbock, Garret témoigne d’un don certain pour repérer de futures vedettes, il est également capable de composer à foison. Le jeune producteur a déjà collaboré avec Bobby VEE, a refourgué quelques titres à Dave DUDLEY, Glen CAMPBELL, Stonewall JACKSON et son grand copain Buddy HOLLY et vient de produire les deux premiers instrumentaux du guitariste Tommy TEDESCO (futur membre du Wrecking Crew). Si Johnny n’a composé qu’un unique titre, Garret lui a concocté une liste de titres cousus main sur lesquels le chanteur n’a plus qu’à poser sa voix, ou presque.

En ouverture Johnny s’offre un hit avec "You’re Sixteen", une compo des frères Sherman qui atteindra la 8ème place des charts. Le titre s’intègrera plus tard parmi les standards du Rock Teen, alors que les frères Sherman se feront connaitre grâce à de nombreuses chansons pour le clan Disney (Mary Poppins, Winnie l’Ourson ou l’Espion aux pattes de velours c’est eux). Rentré dans l’inconscient collectif, les paroles de la chanson vaudraient peut être aujourd’hui une condamnation à leur interprète. Enfin c’est toujours mieux que les adaptations de Danny FISCHETR ou Johnny HALLYDAY, mince consolation me direz vous ! Si vous aimez les ballades bubble-gums, "Crying In The Chapel" devrait vous permettre de faire de grosses bulles qui vous éclatent au bord du nez. Composée par Artie Glenn qui remerciait Dieu et ses sbires pour avoir sauvé son rejeton d’une opération des vertèbres, la chanson sera préalablement refusée par moult maisons de disques avant que Darrell GLENN (le rejeton) ne parvienne à l’enregistrer pour Valley Records, on ne sait trop comment. Le titre sera repris par les ORIOLES et Sister Rosetta THARPE avant que notre Johnny se fasse pour de bon péter la bulle en pleine face. Si ELVIS reprendra cette guimauve bienpensante avec succès, on conseillera les versions des STAPLE SINGERS, de Carol FRAN ou de Tammy WYNETTE et surtout de laisser tomber toutes les autres. Troisième titre du disque, "Dream Lover" se situe pile poil comme le juste milieu des deux premiers titres. Johnny reprend ici le carton de Bobby DARIN sans parvenir à faire oublier le marshmallow original. Si vous êtes amateurs d’abominations, on vous conseillera les adaptations de Richard ANTHONY ou de DALIDA sous le titre "J’ai rêvé". Nous, en guise de gourmandises, on se tournera vers les versions des PLASMATICS ou des MISFITS.

Grand succès de Don GIBSON, on n’était en droit d’attendre plus de "Oh Lonesome Me". Si Johnny fait ce qu’il peut, les cordes et l’arrangement noient le chanteur sous un déluge artificiel dont il est quasiment impossible de réchapper. Seule compo de Johnny, "I Beg Your Pardon"* se résume rien qu’à son titre, comme une mièvrerie pour pré pubères attardés. "I Love My Baby", une excellente création de Barry De Vorzon, auteur de la bande son du fil "The Warriors"◊ de Walter Hill, s’annonce comme un bon Teen Rock dans lequel Johnny fait preuve d’un humour insoupçonné par le biais de ses vocalises. Unique Numéro Un de Conway TWITTY, "It's Only Make Believe" est le parfait prototype de la ballade sentimentale fin fifties alliant Doo Wop et Teen Idol. Une bonne petite purge qui étrangement tient le haut du pavé malgré une orchestration ampoulée et des arrangements d’un autre siècle. Si Dick RIVERS l’a adapté avec "Je ne suis plus rien sans toi", le titre connaîtra une seconde jeunesse par l’entremise de COCK ROBIN. Autre titre issu du Doo Wop, les FALCONS n’avaient pas pu faire grimper "You're So Fine" sur les plus hautes marches du Billboard ; BURNETTE en délivre ici une interprétation convaincante, bien dans l’esprit des Teens Rock du début sixties.

Avec ses déluges de chœurs et de violonades "(I Go) Down To The River" n’a qu’un intérêt limité, d’autant plus que les intonations vocales essaient de marcher sur les traces d’ELVIS.A l’écoute de "Singing The Blues", on peut se demander comment Guy MITCHELL et Tommy STEELE sont parvenus à faire grimper le titre respectivement sur la première marche des hit-parades US et anglais, alors que la version de Johnny est restée à quai. Sans doute faut-il y voir une opération du Saint Esprit. Nous nous permettons de conseiller les versions de Don GIBSON et de Dave EDMUNDS, bien qu’assez différentes. N’oublions en ouverture de face B pour les disques en stéréo l’ajout de "Dreamin’", seconde ballade de Barry De Vorzon qui se classera à la 11ème place du Hot 100. Le morceau figurait dans l’album précédent, il ne nous paraissait pas indispensable de nous refourguer une telle guimauve Le disque se clôt sur "Let’s Talk About You Living" popularisé par Bob LUMAN dans une veine proche de Johnny HORTON, si ce n’est que des violons viennent encore surcharger inutilement la chanson.

Second disque solo de Johnny BURNETTE, cet éponyme nous laisse incroyablement sur notre faim. Plombé par une surenchère de cordes en tout genre et des bordées de chœurs féminins devenant vite lassantes, ce disque méritait mieux. La conclusion nous parait aujourd'hui irrémédiable, Liberty Records avait transformé l’un des plus grands vocalistes de Rock'n'Roll en un chanteur de variété, registre dont le chanteur s’est humblement revendiqué. Si une bonne moitié de ces douze faces fait toujours grandement illusion presque soixante après sa sortie, l’autre moitié se range sur l’étagère des pommes d’amour, de belles pommes qui collent bien aux dents avec leur surabondance de sucre et de colorants artificiels. Note réelle 2,5.

Cette chronique provient de l’écoute du pressage US en stéréo.

⃰ Il s’agit d’un titre homonyme à celui chanté en duo par Crystal GAYLE et Tom WAITS au générique du film "One From The Heart" de Francis Ford Coppola.
◊ Espérons qu’un jour prochain Aigle Blanc, Waltersmoke, Le Baron ou Marco Stivell aient l’idée de se pencher sur la bande originale du film de Walter Hill.

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- Johnny Burnette (chant)
- Joseph Gibbons (guitare 1-2-3-4-6-8-9-10-11-12)
- Vincent Terri (guitare 5-7)
- Milton Norman (guitare 11)
- Red Callendar (basse 1-3-4-5-7-8-9-10-11-12)
- Jerry Allison (batterie, percussions 3)
- Stanley Harris (violoncelle 1-3-4-5-6-7-8-9-10-11-12)
- Paul Robyn (violoncelle 3-4-6-7-8-9-10-11-12)
- Alvin Dinkin (violoncelle 1-5)
- Herman Clebanoff (violon 1-3-4-5-7-8-9-11-12)
- Benny Gill (violon 1-3-4-5-7-8-9-11-12)
- Israel Baker (violon 4-6-7-8-9 10-11-12)
- James Getzoff (violon 4-6-7-8-9 10-11-12)
- Elliott Fisher (violon 3-6-10-11)
- Ralph Schaefer (violon 3-4-6-7-8-9-10-11-12)
- Americo Marino (violon 3-4-8-9-10-11-12)
- Sidney Sharp (violon 3-4-8-9-10-11-12)
- Leonard Molarsky (violon 4-8-9-12)
- Imra Newman (violon 1-5)
- Joe Stepansky (violon 1-5)
- Gerald Vinci (violon 1-5)
- Darrel Terwilliger (violon 1-5)
- Dave Berman (violon )
- Harold Dicterow (violon 1-5)
- Henry Hill (violon )
- Myron Sandler (violon 6-11)
- Nick Pisarra (violon 6-11)


1. You're Sixteen
2. Crying In The Chapel
3. Dream Lover
4. Oh Lonesome Me
5. I Beg Your Pardon
6. I Love My Baby
7. Dreamin'
8. It's Only Make Believe
9. Singing The Blues
10. You're So Fine
11. I Go Down To The River
12. Let's Think About Living



             



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