En théorie, la musique de SHAKIRA n'est pas celle à laquelle on pense directement pour une formule MTV Unplugged, c'est justement tout ce qui fait le sel de la chose ! Enregistrée le 12 août 1999 au Grand Ballroom de New York, USA, la performance fait moins parler d'elle sur la longueur que celle d'Alanis MORISSETTE, toujours pour rester dans la même catégorie.

Toutefois, non seulement elle est reconnue comme l'une des meilleures de la carrière de l'artiste, mais elle remporte un Grammy du meilleur album latin pop en l'an 2000 et témoigne d'une adoption de plus en plus grande par la critique et le public du pays de l'oncle Sam. SHAKIRA la Colombienne est prête à en découdre avec le XXIème siècle !

Il faut en profiter car cet MTV Unplugged marque également la fin de sa période pop-rock et surtout folk. Le charme de l'adolescence dérive peu à peu vers le caractère adulte et l'accession à un rang international. On le sent sur certains titres comme "Estoy Aqui" dans les parties de chant, et mis à part le refrain (encore faut-il attendre le milieu du morceau), cette version n'a que peu à voir avec l'originale. On note d'ailleurs qu'il s'agit du seul titre publié avant 1998 présent sur ce live, quand le dernier album en date est lui totalement représenté, à un morceau près.

C'est aussi ça qui fait l'intérêt du concert. Il est vrai que pour "Si Te Vas", "Dónde Están Los Ladrones?", "Moscas en la casa", "Sombra De Ti" et "Inevitable", SHAKIRA et ses musiciens se tiennent à une formule Unplugged - donc acoustique - plutôt scolaire, mais il ne faut guère sous-estimer leur talent à porter ces mélodies simples, à s'adapter. La belle sort un peu l'harmonica, mais c'est bien sûr d'abord son chant qui fait des étincelles, auprès des guitaristes multiples (dont Luis Fernando Ochoa), du violoniste Pedro Alfonso, de l'organiste Albert Menendez qui proposent chacun leur tour de bons solos.

Dans cette ambiance sympa comme tout, aux côtés de quelques arrangements ficelés avec goût (l'intro planante de "Octavo Día" avec ses petites percussions et son piano Wurlitzer) et outre "Estoy Aqui", on trouve deux ou trois autres chansons transfigurées. Sans les apports du studio, "Ojos Así", se révèle franchement meilleure, pas seulement pour la jam violon/piano. "No Creo" multiplie les effets reggae non sans convaincre (plus qu'avant, là aussi), avant que ne débarque la fiesta de percussions. Ce côté SANTANA, effectif batterie + double voire triple percus donne un arôme piquant à la musique de la Colombienne, et on s'en délecte une partie du temps.

Le meilleur reste cette "Ciego, Sordomuda" où l'esprit latin se trouve d'autant plus accentué grâce à la participation de l'ensemble mariachi LOS MORA ARRIAGA. Choeurs et trompettes massives, soutiennent SHAKIRA pour une couleur folklore latine renforcée et notre plus grand plaisir, le batteur Brendan Buckley (déjà présent pour l'album Dónde Están Los Ladrones?) se lâche dans ses roulements, l'accordéon est de sortie ; en un mot, excellent !

Une belle occasion d'entendre SHAKIRA concentrée sur la musique quitte à être moins loquace dans les moments où elle pourrait l'être (peu d'interaction avec le public), sans danse à l'appui et venue défendre des chansons de qualité, au plus près de ses musiciens. Parmi ceux-ci, la choriste Rita Quintero (également présente pour Gloria ESTEFAN), le batteur Brendan Buckley, le claviériste Albert Menendez et le violoniste Pedro Alfonso continuent de l'accompagner par la suite.