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CRASS - Penis Envy (1981)
Par NOSFERATU le 9 Avril 2020          Consultée 1043 fois

1981. Le troisième album de CRASS apparaît dans une Angleterre post-punk dominée par les différents courants de ce style fourre-tout. D’un côté, la facette néo-romantique, à la fois dandy et pop, marquée par VISAGE. Celle batcave, autour de la célèbre boîte londonnienne du même nom (SPECIMEN et compagnie) faisant suite à la cold wave ténébreuse. Enfin, celle du "punk not dead", plus prolétarien, avec les emblématiques EXPLOITED.
CRASS pourrait se rattacher, a priori, aux deux dernières vagues mais le groupe phare de l’anarcho punk se détache des étiquettes, ayant une identité farouchement singulière. Certes, il emprunte à la new-wave glaciale le côté expérimental et au punk rock (qu’il a paradoxalement bien critiqué d’un point de vue idéologique) celui plus "testostéroné" immanent au style.

Feeding to the 5000 et Stations of the crass se rattachent donc au punk rock avec des éléments krautrock expérimentaux, distinguant ce collectif libertaire des autres punks prolongeant les préceptes des mods des sixties. Penis Envy va légèrement ailleurs. Mais le titre reste dans la tradition provocatrice de ce courant majeur choquant, le tabloid "News of the world" le jugeant "trop obscène pour être imprimé". La provocation punk vient surtout qu'un titre, parodie vive d'une chanson d'amour douce, est distribué en disque flexible dans un magazine pour adolescentes pré-pubères, après qu'il eut été offert à ce même journal par une organisation appelée Services de Sons et Enregistrements Créatifs (dont les initiales sont C.R.A.S.S. en anglais).

Les lyrics, plutôt poétiques et influencés par la doxa de la punkitude originelle, sont plus orientés vers la répression sexuelle et plus généralement les thèmes liés au féminisme révolutionnaire. Un discours que reprendront les "Riot grrrls" quelques années plus tard aux Etats-Unis en proie alors à l'énergie assourdissante du hardcore. On est ainsi loin des paroles quasi masculinistes avant l’heure des contemporains iroquois de G.B.H et autres ANTI NOWHERE LEAGUE.

Quelques titres sont toutefois dans la continuité du punk vindicatif inhérent à nos "crasseux" favoris. La virilité du punk fait ici place aux vocaux féminins, avec pas mal de chœurs féminisés bien mis en avant, des furieuses anarcho punkettes Eve Libertine et Joy de vivre. Sur le premier titre , nos "crasseuses" marchent sur les plates-bandes du punk braillard d’un VICE SQUAD ou d’un X RAY SPEX en nettement plus énervé. Par moments, le tout sonne cependant un peu trop répétitif avec ces voix systématiquement scandées (comme peut le montrer l'ennuyeux "Systematic Death"). Par contre, "Poison In a Pretty Hill" possède un redoutable crescendo, dévoilant une facette noisy efficace et faisant de la concurrence aux SLITS, l’aspect reggae en moins. "Smother love" a une indéniable portée mélodique. Oui, CRASS ne dédaigne pas les ritournelles. La musique se veut donc désormais plus alambiquée.

Le côté "arty", illustré par des arrangements plus recherchés dans la plupard des compositions, ressort sur un morceau comme "What’s The Fuck", sorte de Spoken Word (en gros du "Cup up" à la BURROUGHS pour rester dans le registre littéraire) écolo-radical avec en toile de fond des voix radiophoniques et une rythmique bien lourde à la fin. Le genre de morceau qui inspirera certainement les travaux ultérieurs de collage d’un JOHN ZORN. Dans le même registre, "Berketex Bribe" interpelle avec son groove tribal, ses vocaux n'apparaissant qu’au bout de deux minutes, et son final typé pré noise rock, préfigurant les délires de GOD IS MY COPILOT. "Health surface" au tempo plus lent que la moyenne confine à un certain malaise. On dirait une ballade "no wave" à la LYDIA LUNCH, qui s’accélère durant les dernières secondes.

Bizarrement, Steve Ignorant, leader de cette bande à Baader sonique, qui a bel et bien participé à la plupart des compositions du groupe, est "absent de cet enregistrement"... Girl power ?

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- Eve Libertine (vocaux)
- Joy De Vivre (vocaux)
- Phil Free (guitare)
- B.a.nana (guitare)
- Pete Wright (basse)
- Penny Rimbaud (batterie)
- G (harmonium)


1. Bata Motel
2. Systematic Death
3. Poison In A Pretty Pill
4. What The Fuck?
5. Where Next Columbus?
6. Berkertex Bribe
7. Smother Love
8. Health Surface
9. Dry Weather
10. Our Wedding



             



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