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KITARO - From The Full Moon Story (daichi) (1979)
Par AIGLE BLANC le 14 Avril 2020          Consultée 1321 fois

From the Full Moon Story, enregistré en décembre 1978 dans le propre studio de KITARO près du mont Fuji et mixé à Tokyo dès janvier 1979, succède de peu à Ten Kai (Astral Voyage), son premier effort studio paru en février 1978. Le synthétiste japonais qui traverse une période d'intense créativité livre ainsi pas moins de deux albums en cette année 1979, ce que confirmera la sortie de son troisième opus Oasis, au cours du mois d'octobre, seulement 9 mois après le présent album chroniqué dans ces lignes.
Le compositeur y poursuit ses recherches sonores entamées dès Astral Voyage, en officiant comme seul maître d'oeuvre, à l'égal de VANGELIS auquel il est tentant de le rapprocher. Voici deux artistes farouchement indépendants qui oeuvrent dans la musique électronique à dominante instrumentale, à laquelle ils confèrent une amplitude orchestrale aux arrangements d'une grande richesse, dans le culte du beau son. Ce sont aussi tous deux des multi-instrumentistes, KITARO officiant aux percussions tribales, flûte et guitare électrique tout en signant lui-même des arrangements électroniques somptueux qui n'ont rien à envier à ceux de son homologue grec : des hommes-orchestre en somme. De plus, leur utilisation des synthétiseurs KORG, YAMAHA et ROLAND confère à leurs musiques respectives une aura et une finesse similaires, les deux artistes partageant un sens inné de la mélodie enjôleuse.
Il serait pour autant abusif de réduire le talent de KITARO à celui d'un épigone de VANGELIS, leurs sensibilités, fort heureusement, n'étant pas totalement interchangeables. Quand l'ex-clavier des APHRODITE'S CHILD vise à l'émotion pure (Opéra Sauvage, 1979), le synthétiste japonais déploie quant à lui sa science de l'incantation en accord avec sa sensibilité bouddhiste, ce qui confère à sa musique un caractère plus ésotérique qui lui vaut d'être associée naturellement au mouvement new-age. Quand VANGELIS excelle dans les fresques visuelles dépassant allègrement les dix minutes, telles "Rêve", "Flamands Roses" ou "Himalaya", KITARO s'épanouit plutôt dans des compositions plus modestes avoisinant en moyenne les 6 minutes. Si le premier cisèle la moindre inflexion tonale de ses mélodies, accordant son attention jusqu'à la vibration des notes, donc au silence, le second préfère ébaucher des mélodies dont les développements réduits au maximum sont compensés par des arrangements somptueux.

C'est à ce titre que From The Full Moon Story surpasse aisément son prédécesseur encore un peu vert il est vrai. KITARO se lâche totalement pour se révéler ici un orfèvre des arrangements. Les mélodies y côtoient fréquemment le sublime sans paraître forcées pour autant, c'est dire le talent du musicien qui conçoit les 9 titres de l'album comme une fête constante des sens.
Comme Astral Voyage, l'album s'ouvre et se clôt sur deux amples compositions d'une grande sérénité, "KRPA" et "New Lights", où l'on trouve les lentes entrées en matière qui caractérisent sa musique : le ruissellement de l'eau naissant du silence, auquel s'ajoute un autre son naturel, le chant d'un coucou dans le cas de "KRPA", le ressac marin s'effaçant au profit d'une séquence schulzienne dans "New Light", avant que n'intervienne dans la plus parfaite des douceurs la ligne mélodique sinueuse d'un synthétiseur sur fond de scintillements électroniques cristallins. Quand il s'agit de l'ouverture de l'album, ce premier titre plus ambient que mélodique se fond généralement dans le second, une des signatures caractéristiques du compositeur dont le maître-mot dans l'agencement des titres semble être 'la fluidité'. Quand il s'agit en revanche de la dernière piste, celle-ci s'évanouit dans un lent fondu au noir, débuté dans le silence l'opus revenant au silence. Ce qui peut paraître simple à l'écrit, voire évident, constitue une aubaine pour les gourous de la musique new-age qui ne tarderont pas à s'en emparer comme d'un modèle. Précisons que KITARO, bien que ne se réclamant pas du mouvement new-age, n'a jamais publiquement démenti un tel rapprochement.
S'il réserve ses arrangements les plus minimalistes aux premier et dernier titres, c'est pour mieux se défouler entre les deux. Il se montre ainsi très convaincant quand il lâche la bride à une certaine emphase, comme le confirme l'époustouflant "Hikari no Mai", sans doute l'une de ses compositions les plus puissantes, festival de percussions tribales desquelles jaillissent des trouées de synthétiseurs, comme des fusées d'artifice virevoltantes s'élançant dans les airs que soulignent les nappes chuintantes caractéristiques du musicien. Il se dégage aussi une belle puissance cosmique de "Full Moon", malgré l'absence des percussions, Kitaro ne jouant que des claviers en superposant les nappes jusqu'à créer une incantation immémoriale. Il est dommage que l'album privilégie les titres calmes et doux au détriment de ceux s'appuyant sur une vraie dynamique percussive. Kitaro agit comme s'il n'avait pas confiance en son versant le plus emphatique, alors que les rares fois où il s'aventure sur ce terrain, il atteint une totale réussite. Ainsi, "Heavenly Illusion" surprend agréablement dès que les percussions, toujours fort bien gérées, entrent en scène après une introduction planante trop proche de l'ouverture célèbre de "Wish You Were Here" de PINK FLOYD.
Heureusement, le compositeur maîtrise remarquablement les mouvements de la transe, ce qui lui permet de réussir avec une belle constance les plages les plus sereines, en leur injectant par ses séquences schulziennes ("New Lights"), ses arpèges de guitare -plutôt acoustique dans cet opus- ("Aurora" ou "Full Moon") ou ses scintillements électroniques divers et variés ("Resurrection") le supplément de charme auquel finissent par succomber nos oreilles captives comme enivrées par le nectar d'hydromel d'une fête païenne. Le seul autre artiste, souvent associé à la musique new-age, qui soit parvenu à ce degré d'envoûtement et de charme n'est autre que Mike OLDFIELD. Les adeptes de son double-album Incantation savent de quoi je parle.

Note réelle : 4.5/5

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   AIGLE BLANC

 
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- Kitaro (synthés, guitare, percussions)


1. Krpa
2. Aurora
3. Hikari No Mai
4. Fuji
5. Full Moon
6. Resurrection
7. From Astral
8. Heavenly Illusion
9. New Lights



             



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