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TIFFANY - Live In Japan (1989)
Par MARCO STIVELL le 25 Janvier 2025          Consultée 426 fois

Cet objet précieux paraît en août 1989, dans les derniers moments où TIFFANY peut se sentir encore grande star. Il s'agit d'un Laser-Disc ou galette vinyle acceptée sur lecteur vidéo, pour un compromis entre l'usage de la VHS et celui du futur DVD. Et les Japonais, seuls, ont pu en bénéficier, au contraire des Américains, alors qu'il s'agit d'une collaboration entre la Warner (même si MCA, label de la chanteuse, ne dépend pas d'eux) et Pioneer, grande marque de lecteurs audio et vidéo, basée à Tokyo. L'objet (qui n'a pas de nom officiel à part celui de la chanteuse, mais on lui en trouve un naturel), forcément rare et vendu à prix d'or, a néanmoins été numérisé par quelques âmes généreuses et est visible en toute légalité, sur YouTube.

Le concert d'une cinquantaine de minutes a été enregistré le 19 octobre 1988 à l'arène Ryōgoku Kokugikan de la capitale nippone, un grand palais des sports qui accueille d'habitude plutôt des lutteurs sumo et des catcheurs. Rien à voir donc avec notre petite rousse toute fine, bien qu'elle soit entourée d'un groupe exclusivement masculin ! Et ce n'est ni plus ni moins que le meilleur moment de son début de carrière qui nous est présenté là. TIFFANY est une star mondiale et le public japonais, déjà plus qu'enthousiaste concernant les artistes occidentaux populaires, l'ovationne elle chaque fois qu'elle fait un salut de la main pendant qu'elle chante, quelle chaleur !

Il convient de profiter de ce grand moment de pop néanmoins court en durée, tout en sachant que la version officielle de Vevo, qu'on ne remerciera pas en revanche, l'ampute de deux morceaux ("Should've Been Me" et la reprise des BEATLES, "I Saw Him Standing There"), ne laisse point apparaître les credits les plus importants, et par contre, vu que c'est une transmission télé, n'a pas coupé les publicités, rigolotes certes, où TIFFANY employée pour l'occasion vante pour le Japon diverses barres chocolatées de marque. D'autres versions sans pubs et complètes, elles, font un peu mieux le job pour donner la sensation de vidéo live digne de ce nom.

De plus, contrairement à ce qu'on croit sur la version tronquée, le concert ne commence pas avec cette citation courte du riff de "Black Is Black", classique 60's du groupe espagnol LOS BRAVOS ici hard-rockisé, mais avec une grosse impro jam de groupe juste avant où le sax ténor furieux de Richard Elliot mène la danse, tant que la chanteuse n'est pas entrée sur scène. N'attendez pas toutefois que TIFFANY ait complètement troqué son image sur scène (et rappelons que quelques semaines plus tôt, elle faisait une tournée de galeries commerciales, chantant sur bandes enregistrées !), surtout entre deux albums puisque son second, Hold an Old Friend's Hand, arrive un mois seulement après la date de ce concert, le 21 novembre.

Du coup, ce qui est particulièrement chouette, c'est que le groupe jouait des titres en avant-première et le live compte donc pour toute la période des débuts avec un bon rapport de six titres pour le premier album, quatre pour le deuxième. Chose rigolote, après ce début instrumental fiévreux donc, quand TIFFANY arrive sur scène, tout se calme au moment de l'enchaînement avec "No Rules", un titre hors album, placé en face B du single "I Saw Him Standing There". Une face B pour commencer un concert ; pourtant d'habitude, seul Bruce SPRINGSTEEN fait cela ! On apprécie fort d'ailleurs ce pop-rock qui lui ressemble, qui aurait mérité une bonne face A (version studio géniale), synthé en proue, Elliot jouant du lyricon (sax électronique des années 70), et déjà un Paul Kingery qui s'impose à la guitare héroïque (il fait tous les solos concernés sauf celui de "All This Time").

C'est l'un des rares musiciens ici avec Elliot dont la carrière a été marquée de temps forts avant cette tournée, ayant accompagné Bob SEGER, Rick SPRINGFIELD puis intégré le groupe réputé THREE DOG NIGHT au début des années 80, groupe dans lequel on rencontre aussi le présent bassiste Scott Manzo. Les frères Yamek, Chuck à la guitare (qui avait joué sur le premier album de TIFFANY, se distinguant sur "All This Time" ici donc) et Craig à la batterie (que Richard Elliot, à l'abondante discographie solo portée sur le saxo lead, réemploiera), complètent cette formation avec le claviériste John Duarte, à l'époque le musicien le plus présent auprès de la demoiselle en studio. Et le seul claviériste, fait rare en ces années 80, de quoi nécessiter quelques bandes discrètes en prime et laisser une part plus belle au sax et à la guitare, pour des solos dignes d'un bon concert de rock.

Quant à TIFFANY elle-même, du haut de ses 17 ans obtenus depuis quelques jours (le 2 octobre), accompagnée par des musiciens peu connus mais solides, elle chante comme une vraie pro, comme si elle avait toujours fait cela. Entre les moments clairs ("Could've Been", un vrai régal) et ceux où elle 'croone' un peu dans les graves avant de balancer la sauce nerveuse et nasale à la Stevie NICKS qui font sa spécificité ou dans les aiguës simplement (rah, ces sauts d'humeur en plein crescendo comme sur le très beau et aérien "All This Time"), ce concert la représente aussi bien en termes de starisation qu'artistiquement parlant. Une vraie chanteuse de rock, et autant les disques studio sont trop figés, ici c'est le contraire, même si certains titres ne sont pas miraculeux.

Ça vit grandement, et cela fait regretter que la starisation n'ait point continué, qu'il n'y ait pas eu plus de tournées/concerts similaires avec ce groupe, porté par ce petit talent aux cheveux roux... Et modeste, malgré tout ! TIFFANY, dans son jeu de scène, n'apparaît ni farouche ni franchement timide, mais elle n'est pas non plus expansive, donnant tout dans son chant et se contentant de sourire de bon coeur, d'arpenter la scène tranquillement, tandis que les musiciens derrière se lâchent parfois un peu plus, sans compter les choeurs du trio Duarte-Manzo-Kingery vraiment chouettes. Et bien que vantée comme une lolita, elle opte pour des tenues plutôt sobres, toute en noir au début, ensuite avec un chemisier bleu foncé et à la fin, cette grosse veste à carreaux fins pour "Radio Romance" (un des quatre titres du deuxième album en avant-première).

Ce dernier, bien que sympathique et entêtant dans sa verve disco-pop, constitue d'ailleurs peut-être le seul regret en tant que conclusion dans un concert déjà pas si long, avec une rupture reggae pour interagir avec le public et une relance courte, sans sax, à la fin. Alors que tout le reste est un bonheur pur, même la légèreté pop chaloupée de "Spanish Eyes", qui gagne une basse slapée goulue et un duo sax-guitare hispano-électrique. Idem d'ailleurs pour "I Saw Him Standing There", rock endiablé jusqu'à son final éclatant et ce saxophone qui vient lécher rugueusement le chant de TIFFANY, preuve qu'il en est vraiment le parfait complément !

Pareil pour "Should've Been Me" où la belle braille autant que la bête (superbe solo progressif), "Walk While You Can" (autre titre nouveau) et son shuffle torride, plein d'énergie communicative, et le méga-tube "I Think We're Alone Now" gagne en forme tribale sans perdre son groove, avec un solo de synth-brass/cuivres et un glockenspiel électronique rajoutés. De quoi évoquer d'ailleurs, su un autre versant, le riff carillonnant que l'on peut entendre à la fin de "Hold an Old Friend's Hand", autre reprise d'un morceau superbe qui va déterminer le nouvel album (et qui, ayant été écrit par Donna Weiss, aurait bien mérité un succès similaire à 'son' "Bette Davis Eyes", chanté par Kim CARNES). Ces nappes, cette ambiance, cette voix !

Pour "Could've Been", le teen-slow prend des airs épiques superbes comme jamais et merci pour ce petit rythme jazzy, cette batterie plus triggée à la fin ! À l'inverse en termes de style, un des clous du concert reste ce medley de tubes des années 50-60, soul autant que rock'n'roll : "Stand By Me" de Ben E. KING, "(What a) Wonderful Love" de Sam COOKE, "Don't Be Cruel" d'Elvis PRESLEY, "That'll Be the Day" de Buddy HOLLY, "Eddie My Love" des TEEN QUEENS, "Yakety Yak" des COASTERS, "Black is Black" de LOS BRAVOS (eh oui, souvenez-vous l'intro du concert !), "La Bamba" de LOS LOBOS, sorti en 1987 lui mais totalement dans l'esprit, vu qu'en plus il est enchaîné avec "Twist and Shout" des BEATLES qui a un peu les mêmes accords et ferme le tout !

Même si on aurait apprécié qu'il y ait un couplet-refrain supplémentaire par chanson citée, quelle réussite inspirée et transpirante, avec ses grands moments comme le Sam COOKE moins soul que pop-country, la hargne de TIFFANY sur le shuffle "That'll Be the Day", sa verve saccadée sur "Eddie My Love" très slow de fin d'été, la basse walk et le sax éructant du "Yakety Yak" presque ska, ce "Black is Black" déjanté (comme chez notre Johnny HALLYDAY et son "Noir C'est Noir"). Enfin, entendre la demoiselle chanter "La Bamba" avec tant d'aisance dans les graves, faisant ses petites variations, n'est pas un mince plaisir. Et c'est ce qui est jouissif avec ce petit concert, autant que rageant : TIFFANY avait alors tout d'une grande, mais sa carrière n'aura plus le même profil.

4,5 parce qu'aurait mérité réalisation plus classe et complète, ainsi qu'un meilleur final.

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   MARCO STIVELL

 
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- Tiffany Darwish (chant)
- John Duarte (claviers, choeurs)
- Craig Yamek (batterie)
- Chuck Yamek (guitare rythmique)
- Paul Kingery (guitare lead, choeurs)
- Scott Manzo (basse, choeurs)
- Richard Elliot (saxophone ténor, lyricon, percussions, choeur)


1. No Rules
2. Spanish Eyes
3. Johnny's Got The Inside Movies
4. Hold An Old Friend's Hand
5. Could've Been
6. Medley
7. All This Time
8. I Saw Him Standing There
9. Walk Away While You Can
10. Should've Been Me
11. I Think We're Alone Now
12. Radio Romance



             



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