Le deuxième opus de Peter CINCOTTI est toujours produit chez Concord par le grand Phil Ramone. Nous en étions resté l'année précédente à un premier essai fort prometteur mais plus axé sur les influences que sur la créativité. Cette fois, Peter signe un tiers des titres présents, soit quatre sur douze, cela reste un peu léger, et on retrouve quelques titres de pop music perdus au milieu des classiques de jazz, preuve de l'esprit ouvert et frondeur de l'artiste.

En guise d'introduction, le méga classique "St Louis Blues" est de la partie. Sa noble ascendance comporte entre autres les versions de Bing CROSBY ou de Louis ARMSTRONG. Peter paraît un brin dilettante sur ce titre qui mérite une attention particulière, l'orchestration ne semblant pas non plus la plus judicieuse. Cole PORTER est aussi présent avec "I Love Paris", mais le jeune auteur compositeur se laisse porter par ses humeurs et en propose une version follement éloignée de l'originale. Au moins, il prend des risques et joue avec les sentiments de son auditoire, c'est bien. Le petit côté sud américain n'est en revanche que peu symbolique de la ville lumière.

"Cherokee" a été interprété par tout le gotha du jazz, une avalanche de noms, de ELLINGTON à ATKINS en passant par Billlie HOLIDAY et Sarah VAUGHAN, les deux Art : TATUM et BLAKEY. Un poil trop hard pour moi, même si le solo de piano est très correct. On ne retiendra pas sa version. Il se débrouille sur l'immense classique "You Don't Know Me" dont on garde en tête la version de Ray CHARLES ou, pour les plus jeunes, celle de Michael BUBLE. "Bali Ha'i" nous ramène à la guerre du Pacifique et donc à des ambiances iliennes de première bourre. Mais à nouveau, la magie est loin d'opérer. Enfin, Andrew Lippa a écrit pour lui "Raise The Roof" dans une ambiance jazz rétro typée 40, avec beaucoup de cuivres et une vocation à sonner comme SINATRA, mais le résultat n'a rien de mémorable.

Pour la portion hors-jazz, deux compositions du couple Carole KING/Gerry Goffin sont de la partie, la très classique pop "Some Kind Of Wonderful" semble un peu molle pour la puissance généralement développée par l'artiste, c'est un peu trop tranquilou pop à mon gré. Plus loin, "Up On The Roof" semble le parfait exemple d'une pop aseptisée sans réel ressort, avec peu d'émotion et une mélodie presque indigente. Je suppose que j'en attendais trop !

Nous disons donc quatre compositions personnelles. L'éponyme "On The Moon" le voit plonger tête la première dans le monde de la variété Internationale, à des années lumière du jazz. Le titre n'est pas désagréable, mais CINCOTTI devra faire beaucoup mieux pour attirer l'attention des mélomanes et devenir une superstar. Le bridge central, cependant intéressant, propose plus de dynamique et de vibration. Alors que "I'd Rather Be With You" évolue dans un terrain très smooth, "He's Watching" porte en revanche les prémices des capacités de Peter à composer de manière dramatique bien que restant dans une veine pop assez sirupeuse. Seule "The Girl For Me Tonight", plus sophistiquée relance quelque peu l'intérêt.

Je ne trouve pas cette deuxième tentative convaincante. Je ressors déçu de la découvert de cet album qui me paraissait porteur de réels espoirs. Les compositions de Peter CINCOTTI sont ici plutôt plates, avec même quelques aspects racoleurs proches de la variété. Nul doute qu'il va lui falloir tirer les cartes avec une rigueur mathématique et une précision diabolique pour inverser le cours des choses. Le disque se vend pourtant fort bien en France et en Italie.