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- Style : Sergueï Prokofiev

Igor STRAVINSKY - Noces (hayrabedian) (1923)
Par ONCLE VIANDE le 17 Juillet 2007          Consultée 6159 fois

S’il ne fallait retenir qu'une œuvre de la période russe d’Igor STRAVINSKY, le choix se porterait probablement sur les Noces. Trop confidentielle pour prétendre à une canonisation digne du Sacre du printemps, cette pièce est pourtant la quintessence de son premier cycle : folklorique, lyrique, exaltant la culture paysanne slave ; en un mot, pittoresque.

Contraint à un séjour helvétique prolongé – grande guerre oblige – le compositeur ressentira pour la première fois la nostalgie de son pays et lui vouera un intérêt d’autant plus passionné que les circonstances l’en tiendront éloigné. Les Noces sont plus qu’une célébration, c’est une consolation en forme de quête, des retrouvailles anticipées aussi.

Œuvre à l’histoire insolite, sa genèse fut le fruit d’un long travail de révision. Lorsque STRAVINSKY en esquisse les premières lignes en 1914, il est loin d’imaginer qu’il n’y mettra la touche finale qu’en 1923. Dix années de piétinements et d’hésitations durant lesquelles l’effectif ne cessera de se réduire ; passée du grand au petit orchestre, la pièce se stabilise en 1921 autour d’une combinaison inédite : quatre pianos, percussions et chœurs mixtes. STRAVINSKY y trouve la forme optimale de l’œuvre, celle qui lui donnera sa pleine efficacité et en conservera le tempérament russe. Compromis miraculeux, qui apparaît aujourd’hui naturel, évident.

Cette pièce est une nouvelle commande des ballets russes et s’inspire d’un mariage dans le milieu paysan. Le déroulement suit chacun des mariés, de son domicile au repas de noces, et retranscrit merveilleusement l’ambivalence de l’événement, à la fois festif et solennel. De « La tresse » au « Repas », l’approche de la cérémonie pèse sur l’œuvre et trouve son aboutissement sur ses accords finaux, graves et émouvants.

Frappes sèches, touches subtiles ou chocs violents, les quatre pianos se répartissent les forces rythmiques. Utilisés autant comme percussions/résonances que comme bases harmoniques, ils sortent du rôle qui leur est d’ordinaire imparti. Les chœurs s’inscrivent eux aussi dans cette construction rythmique totale. Syllabes franches, mots scandés, ils ne couvrent plus les instruments mais viennent s’y plaquer, accentuant les angles et les découpes. Jamais un rôle aussi prépondérant n’avait été confié aux percussions : un instrument à part entière, à la partition fouillée et aux sonorités riches. Il faudra attendre Ionisation d’Edgar VARESE en 1931 pour voir les possibilités de ce magnifique instrument encore élargies. Tout concourt à créer un mouvement puissant et unifié. Une alchimie prodigieuse, qui repose sur la complémentarité des timbres et qui trouvera des adeptes du coté de Kobaïa.

Les Noces prolongent et surpassent les audaces rythmiques du Sacre du printemps. L’économie des moyens permet à STRAVINSKY de se soustraire aux lourdeurs orchestrales. Ce petit effectif se montre souple, agile et percutant, apte à endurer les métriques irrégulières et les ruptures incessantes de tempos. L'ampleur symphonique souvent opaque laisse place à une musique limpide, où tout est net, visible, précis, et où chaque note a un poids.
L’œuvre adopte une structure libre, dictée par le déroulement du mariage et ses préparatifs. Chaque thème apparaît par touches successives pour disparaître de la même façon. Un enchevêtrement subtil qui rend la distinction des quatre parties impossible et donne plutôt l’impression d’un continuum.

Les Noces ont quelque chose d’irrésistible, le rythme y est une « force coordinatrice » pour reprendre les termes du compositeur, à la fois martial et sensuel, parfois violent, toujours fluide. Elles dégagent une énergie vitale et festive, un mélange de joie, d’excitation et de sérieux, sur laquelle ne plane aucune ombre, aucun sacrifice, juste la solennité de l’événement.

M.D.K et Wurdah Ïtah de MAGMA lui doivent beaucoup, que ce soit au niveau des rythmes, des harmonies ou de l’emploi du piano et du chant. Son influence sur les Carmina Burana de Carl ORFF est également évidente, plus grandiloquentes, moins sèches.

Il est recommandé d’écouter l’œuvre dans la langue russe, plus chantante, plus colorée et surtout plus cohérente au regard du thème. Les versions françaises se montrent également intéressantes pour le sens et conservent une touche slave grâce aux « r » roulés. Les Noces mettent un terme à la période russe du compositeur. STRAVINSKY s’est depuis longtemps engagé dans une autre voie quand l’œuvre est finalement présentée au public en 1923. L’accueil en fut même amusé tant elle semblait décalée, anachronique, comme un écho du passé.

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   ONCLE VIANDE

 
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- Les Percussions De Strasbourg
- Chœur Contemporain
- Roland Hayrabedian (direction)


1. Noces
- tableau 1 - La Tresse
- tableau 2 - Chez Le Marié
- tableau 3 - Le Départ De La Mariée
- tableau 4 - Le Repas De Noces



             



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