Recherche avancée       Liste groupes



      
FOLK ROCK PSYCHé  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 


KALEIDOSCOPE - Side Trips (1967)
Par LE KINGBEE le 4 Janvier 2021          Consultée 775 fois

Il s’agit ici du groupe californien et non pas de son homonyme londonien. Celui-ci changea de nom en 1970, à la fin de son contrat avec Fontana, pour se transformer en Fairfield Parlour. Avec un tel nom, c’est à croire qu’on ne pouvait échapper à quelques petites embûches comme il en existe tant dans l’Industrie du disque.

En 1966, David Lindley, un multi-instrumentiste prodigue, adolescent, a déjà raflé à cinq reprises
le prix du Topanga Banjo et celui du Fiddle Contest au Paramount Ranch de Santa Monica. Rien d’étonnant pour un gars qui s’est lancé dans l’apprentissage du violon dès trois ans, instrument qu’il délaisse plus ou moins pour se consacrer à l’ukulélé, la guitare ainsi qu’à une douzaine d’autres instruments à cordes.
Après avoir joué au sein de The New Christy Minstrels et des Greenwood Singers, Lindley décide de monter un nouveau groupe. Il est rejoint durant l’été 66 par Solomon Feldthouse, les deux musiciens jouant alors brièvement sous le nom du Baghdad Blues Band. Le duo s’adjoint les services du bassiste mandoliniste Chris Darrow♠, ancien partenaire de Lindley au sein de Dry City Scat Band. Le trio se transforme en quintet avec les arrivées de Chester Crill (alias Fenrus Epp) et du batteur John Vidican. Mais les cinq musiciens cultivent une particularité : ils sont tous capables de jouer de plusieurs instruments avec une incroyable virtuosité.
Repéré par Barry Friedman, un jeune producteur qui se fait parfois appelé Frazier Mohawk et vient de produire Paul BUTTERFIELD, KALEIDOSCOPE enregistre un premier single au mois de décembre, microsillon qui permet au groupe de décrocher un contrat chez Epic. Tour à tour homme à tout faire dans un cirque, photographe, le bonhomme présentait l’émission Chucko The Clown à la télé, des dispositions qui lui permettent d’avoir ses entrées et venues dans plusieurs maisons de disques.

Enregistré à Hollywood dans les studios de la Columbia Side Trips apparaît dans les bacs des disquaires en juin 67. La pochette en noir et blanc provient d’un graphiste d’EPS Records, un label de Jazz avant-gardiste. Guère porteur, le visuel annonce de par les instruments un éclectisme et une orientation des plus bigarrées, mais il diffère largement des productions de la Columbia et des pochettes des BYRDS, Donovan, Moby Grappe, autres groupes de Rock Psy du label.
Gravé rapidement, sept titres mis en boîte en une petite journée, le disque nous offre sept compos' pour trois reprises. Si le titre de l’album nous invite à des excursions insolites, "Egyptian Garden" nous expédie entre les rives du Bosphore et le Moyen Orient. Le saz (dérivé du luth) et le bouzouki permettent d’instaurer une surprenante ambiance orientale. Avec son intro de basse "If The Night", une compo de Chris Darrow, inspirera plus tard Louie And The Lovers, autre groupe local. Un titre qui allie Rock et Pop Psyché.
"Please", titre figurant dans le premier single, s’inscrit comme un Folk Rock tendance BYRDS. Leger détour vers le Moyen-Orient avec "Keep Your Mind Open", une ballade Folk aux fragrances Acid. Changement de registre avec "Pulsating Dream", un Rock Pop inconsistant et sans grand intérêt ayant cependant le mérite de ne pas s’éterniser. Les influences diverses des différents membres sont retranscrites pleinement sur "Come On In", titre à la limite du Rag et du Jug Band Jazzy. "Why Try" offre un bon départ avec ses accords de baglama (sorte de saz) avant de s’orienter vers un Rock médium parfumé de substances acidulées.

On ignore avec exactitude qui est l’auteur du Trad. "Hesitation Blues", le titre ayant fait l’objet de plusieurs variantes avec d’incessants changements de texte. Certaines encyclopédies en attribuent la paternité à Art Gillham, d’autres à W.C. Handy. peu importe : le titre est tombé dans l’escarcelle du Domaine Public. Al Bernard, un chanteur de vaudeville blanc se grimant en noir (blackface), a enregistré le morceau en 1919. Il est ici accrédité à Charlie Poole, banjoïste des North Carolina Ramblers, groupe populaire et sous contrat avec la Columbia durant le milieu des années vingt. Toujours est-il que le groupe délivre une interprétation entre Jug Band, Hokum Blues et Gospel des Appalaches, preuve encore une fois de son éclectisme. Le titre connaît plus tard diverses covers (HOT TUNA, The Nitty Gritty Dirt Band ou Murray HEAD). On conseille la version du Révérend Gary Davis ou celle plus dévergondée de Charlie Poole sous le nom de "If The River Was Whisky".
Seconde reprise, "Oh Death" est curieusement accréditée à John Reedy, chanteur du Stone Mountain Hillbillys. Le titre enregistré en 1927 par le Pace Jubilee Singers, un ensemble de Gospel de Chicago, tombe durant les sixties dans la besace de nombreuses formations Bluegrass (Dock Boggs, The Stanley Brothers). Le violon, le dulcimer et les différents instruments à cordes impriment une atmosphère tendue, accentuée par quelques cloches et une voix d’outre-tombe. Un titre dans la lignée du Country Gospel.
Troisième et dernière reprise avec "Minnie The Moocher", titre qui allait populariser Cab Calloway et dans lequel le chanteur pouvait faire admirer un jeu de scène charismatique. Là encore, le banjo, les guitares et le washboard nous invitent à une joyeuse farandole, alors que le violon contribue à diffuser un décor plus mélancolique que dans l’impayable reprise des BLUES BROTHERS figurant au générique du film de John Landis. Aujourd’hui encore, tout le monde ou presque se rappelle l’imparable refrain : Hi-dee hi-dee hi-dee hi (hi-dee hi-dee hi-dee hi) - Whoa-a-a-a-ah (whoa-a-a-a-ah) -Hee-dee-hee-dee-hee-dee-hee (hee-dee-hee-dee-hee-dee-hee)… .

Ce premier disque propose un patchwork bien chamarré dans lequel les influences variées des cinq membres prennent greffe. Au gré des pistes, on découvre diverses influences, le Jazz via le jeune Chester Crill ⃰, le Bluesgrass et la Country, domaines de prédilection de David Lindley et de Chris Darrow, le Rock via John Vidican, le Blues et une musique folklorique passant du Moyen Orient aux Balkans, par l’entremise de l’excellent Solomon Feldthouse ⃰ ⃰.
En 2007, la réédition du vinyle via Sundazed Music amène certains journalistes avides de bons mots et de slogans tapageurs, hélas bien souvent outranciers, à se demander si Side Trips ne serait pas le premier disque de World Music, un jugement que je ne partage pas, malgré la présence de nombreux instruments ethniques. Ce disque est plutôt à ranger dans la catégorie du Folk Rock Psyché. Jimmy PAGE et John Sebastian (The Lovin’ Spoonful) ont affirmé lors de multiples interviews que KALEIDOSCOPE avait été une influence majeure. Si le disque ne connut guère de succès lors de sa sortie -Chester Crill pense que le premier pressage n’a pas excédé les 6000 exemplaires-, les différentes rééditions l'ont presque transformé en un disque culte.

⃰ Chester Crill apparaît ici sous le pseudo de Fenrus Epp, un stratagème employé pour que ses parents, grands amateurs de Jazz, ne découvrent pas sa participation à l’album. Chester, en bon adepte des sobriquets, se produira également sous les noms de Max Buda, Templeton Parcely et Templeton Parsley. Il a depuis enregistré plusieurs albums en compagnie de Chris Darrow.
⃰ ⃰ Solomon Feldthouse, d’origine turque, s’est aussi produit sous plusieurs pseudos : Saul Feldthouse, Suleyman Feldthouse A l’orée des années 70, il a monté le groupe Sirocco, formation cumulant musique du Moyen Orient et Flamenco tout en dirigeant une bijouterie ethnique.
♠ Chris Darrow rejoint ensuite The Nitty Gritty Dirt Band, avec lequel il enregistre deux albums. Chris nous a quittés en début d’année, victime d’un AVC foudroyant.

A lire aussi en FOLK par LE KINGBEE :


KALEIDOSCOPE
Incredible! Kaleidoscope (1969)
Folk psy sur un marché persan




Bobbie GENTRY
The Delta Sweete (1968)
Folk curieusement méconnu et avant-gardiste


Marquez et partagez





 
   LE KINGBEE

 
  N/A



- David Perry Lindley (chant, guitare, banjo, fiddle, mandoline)
- David Solomon Feldthouse (guitare, saz, bouzouki, fiddle, vina, darbouka,lut)
- Chris Darrow (basse, banjo, mandoline, fiddle, cithare, harmonic)
- Fenrus Epp (violon, viole, basse, piano, orgue, harmonica)
- John Vidican (batterie,percussions,washboard)


1. Egyptian Gardens
2. If The Night
3. Hesitation Blues
4. Please
5. Keep Your Mind Open
6. Pulsating Dream
7. Oh Death
8. Come On In
9. Why Try
10. Minnie The Moocher



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod